La COP 28 s’ouvrira demain à Dubaï : L’Afrique en première ligne faceà l’urgence climatique

29/11/2023 mis à jour: 00:09
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Photo : D. R.

La 28e Conférence des parties de l’ONU (COP28) s’ouvrira à Dubaï, ce jeudi 30 novembre, mettant en lumière l’urgence croissante du dérèglement climatique, en particulier en Afrique. Les pays africains, premières victimes des conséquences dévastatrices du réchauffement climatique, devront y participer avec un objectif clair : mettre en place des mesures concrètes pour une transition climatique équitable et durable.

Bien que l’Afrique ne contribue qu’à 2 à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle subit de manière disproportionnée les affres du changement climatique. Sécheresses, inondations, canicules et incendies ont atteint des proportions alarmantes, menaçant les moyens de subsistance et la stabilité économique de la région. Le récent sommet africain sur le climat à Nairobi, tenu début septembre 2023,  a permis – pour la première fois – la signature de la «Déclaration de Nairobi», un document qui devra servir de boussole lors de la COP28.

Le texte insiste ainsi sur le besoin impératif de la part des nations industrialisées de respecter leurs engagements passés. Plus précisément, il préconise l’instauration d’une taxe carbone à l’échelle mondiale, ainsi que l’octroi de droits de tirage spéciaux au Fonds monétaire international dédié au climat, sur le modèle déjà appliqué lors de la crise de la Covid-19.

Un point majeur de cette proposition est d’accroître la capacité installée dans les énergies renouvelables en Afrique, passant de 56 à 300 gigawatts d’ici 2030, une mesure essentielle dans un contexte où 600 millions d’Africains demeurent privés d’accès à l’électricité. Le fait est que l’Afrique ne représente actuellement que 3% des investissements mondiaux dans le secteur de l’énergie, d’après le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

Aussi, cette «Déclaration de Nairobi» insiste sur les mécanismes de financement de la transition climatique  du continent. Les promesses de financement, notamment de l’Union européenne et des Emirats arabes unis, indiquent peut-être une volonté internationale de soutien, mais la route vers une transition climatique n’est cependant pas garantie.

Il est à s’interroger si l’on doit attendre  des décisions courageuses et un engagement mondial pour faire face à l’urgence climatique qui touche l’Afrique et le monde entier. Selon le commissaire européen chargé du Climat, Wopke Hoekstra, cité par l’agence AFP, parvenir à un accord final sera  «une tâche ardue».

Au cours de ses voyages pré-COP28 en Chine, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Afrique, Hoekstra a tenté de concilier les positions officielles et informelles des divers pays, cherchant à créer des compromis. L’une des principales discordes réside dans la création d’un «fonds pour les pertes et dommages», où les pays les plus riches contribueraient pour venir en aide aux nations vulnérables.

Hoekstra souligne que la Chine, en tant que deuxième économie mondiale, devrait contribuer plutôt que bénéficier de ce fonds, relevant que la richesse et la puissance économique engendrent des responsabilités.

Le commissaire européen est catégorique sur la limitation de l’accès à ce fonds à un nombre restreint de pays, précisant qu’il ne vise pas à compenser les pertes, mais à assurer que les pays touchés par des catastrophes climatiques puissent maintenir leur capacité à fonctionner. Les critères d’éligibilité devront être clairement définis pour garantir la crédibilité de ce nouveau fonds, une revendication cruciale des pays en développement.

Pendant ce temps, une étude de l’université du Delaware révèle que le changement climatique a entraîné une perte de 6,3% du PIB mondial en 2022, équivalent à environ 1500 milliards de dollars. Les pays les moins avancés, tels que ceux d’Asie du Sud-Est et d’Afrique australe, subissent une perte moyenne de PIB pondérée de 8,3%. Les conséquences inégales du changement climatique, mettant à mal les économies des pays à faible revenu, soulignent l’urgence d’agir.

Aussi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a-t-il appelé les dirigeants du monde à briser le «cycle meurtrier» du réchauffement climatique.

Guterres exhorte à un engagement mondial pour tripler les énergies renouvelables, doubler l’efficacité énergétique et sortir de l’ère des énergies fossiles. L’ONU estime que les pays en développement auront besoin de plus de 300 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour lutter contre les effets du changement climatique.

L’impact du réchauffement climatique se fait fortement ressentir en Algérie, comme le démontre l’été caniculaire de 2023. Les températures record et les incendies qui ont marqué le mois de juillet soulignent la gravité de la menace environnementale. Les experts prévoient que de telles crises vont devenir plus fréquentes et plus intenses, faisant du changement climatique une préoccupation urgente. 

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