Dans son dernier bilan, le conseil spécialisé des Grandes cultures-marchés céréaliers de FranceAgriMer a enregistré un net recul des importations algériennes de blé tendre. L’Algérie a depuis quelques années diversifié ses achats de blé en se tournant vers de nouveaux expéditeurs, notamment la Russie, dont le bas prix de la céréale représente un attrait certain pour de nombreux pays en ces temps de baisse de l’offre sur les marchés.
A la fin octobre 2023, l’Algérie avait importé une quantité de 157 000 tonnes de blé tendre français, alors qu’à la même période de 2022 la quantité importée par l’OAIC était de 1,05 million de tonnes. En 2021 et pour la même période de référence, les importations algériennes atteignaient 650 298 tonnes. La tendance baissière des exportations françaises est générale que ce soit sur le marché européen ou africain, et son niveau de stock risque de s’alourdir pour atteindre 3,06 Mt, au plus haut depuis la campagne 2017/18.
En cette fin d’année, l’Algérie a multiplié les appels d’offres d’achat de blé sur les marchés internationaux afin de constituer un stock stratégique. Après la commande d’il y a une semaine de plus de 500 000 tonnes, l’OAIC a lancé un nouvel appel d’offres international pour l’achat de blé tendre de mouture pour une valeur nominale de 50 000 tonnes. Selon les négociants, la date limite de soumission des offres de prix est prévue aujourd’hui, mardi 21 novembre.
Concernant la période d’expédition de la marchandise, la même source évoque les dates entre le 13 et 31 décembre, et du 1er au 15 janvier, et du 16 au 31 janvier 2024 pour les expéditions à partir de l’Europe. Pour celles provenant d’Amérique du Sud ou d’Australie, les expéditions auront lieu un mois plus tôt. Outre la concurrence russe, les agriculteurs français craignent également la montée en puissance de la Turquie, qui réalise d’importantes percées en matière de production et d’exportation de blé dur.
Baisse de la production mondiale de blé dur
«Avec une forte progression des surfaces et une grande partie de la production fournie par la Russie et réexpédiée à l’étranger sous forme de farine, la Turquie pourrait redevenir un acteur mondial significatif sur le blé dur», prédit l’analyse française. De manière générale, la production mondiale de blé dur connaît un déficit estimé à 3 millions de tonnes.
La production européenne a baissé de 1,2 million de tonnes par rapport à la campagne 2020-21. Et malgré la montée de la production turque, le recul marqué par le retrait de la production canadienne (4,1 Mt de blé dur, soit -1,7 Mt), n’est pas compensé. La demande de consommation mondiale de blé dur est de pas moins de 34 millions de tonnes alors que la production est de seulement 31 millions de tonnes. En France, la surface cultivée a diminué de 50% en dix ans.
Cette tendance baissière de la production de blé dur a participé à hisser les prix de vente de la céréale pour être supérieur de 150 euros par rapport au prix du blé tendre. Le prix du blé dur a atteint 370 euros la tonne au marché de Rouen. En août dernier, son prix plafonnait déjà à 430 euros la tonne. Le prix du blé tendre est par contre marqué par une tendance baissière.
La diminution des exportations américaines face aux fortes expéditions de blé russe bon marché ont eu pour effet de faire chuter les prix à terme du blé de Chicago vendredi dernier, leur plus forte baisse hebdomadaire depuis septembre.