La CNUCED alerte sur l’impact des perturbations du trafic maritime : Chute de 42% du commerce transitant par le canal de Suez

26/02/2024 mis à jour: 09:29
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Photo : D. R.

La perturbation du trafic maritime en mer Rouge a eu pour effet de réduire le volume commercial transitant par le canal de Suez de 42%. C’est ce que révèle un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce (Cnuced) en soulignant une explosion des tarifs du fret maritime.

L’agence onusienne dit «redouter désormais des répercussions pour l’ensemble du commerce mondial et sur le changement climatique, les armateurs étant contraints de contourner l’Afrique».

Le trafic maritime n’est pas seulement perturbé en mer Rouge, mais également en mer Noire et au niveau du canal de Panama. «Les perturbations sur les grandes routes maritimes – canal de Suez, canal de Panama et mer Noire – représentent des défis sans précédent pour le commerce mondial, affectant des millions de personnes dans toutes les régions», alerte le rapport de la Cnuced.

Au niveau du canal de Suez, la baisse des transits s’est traduite par une chute de 67% du transit hebdomadaire de navires porte-conteneurs et une diminution significative du transit des navires-citernes et transporteurs de gaz. Le contournement du canal de Suez a un coût. Le trafic maritime dans la région a changé de parcours et s’est tourné vers le passage du cap de Bonne-Espérance.

«Depuis novembre 2023, la hausse des taux de fret spot moyens pour les conteneurs a connu la plus forte augmentation hebdomadaire jamais enregistrée, soit 500 millions de dollars au cours de la dernière semaine de décembre», indique la même source. Les taux spot moyens de transport de conteneurs au départ de Shanghai ont plus que doublé depuis le début du mois de décembre (+122%).

«Ils ont été multiplié par trois vers l’Europe (+256%) et sont même supérieurs à la moyenne (+162%) vers la côte ouest des Etats-Unis, bien qu’ils ne passent pas par Suez», recense la Cnuced. L’agence onusienne précise par ailleurs que le commerce extérieur de plusieurs pays d’Afrique de l’Est dépend fortement du canal de Suez.

Impact du fret ressenti

«Environ 31% du volume du commerce extérieur de Djibouti passent par le canal de Suez. Pour le Kenya, cette part est de 15% et pour la Tanzanie de 10%. Parmi les pays d’Afrique de l’Est, le commerce extérieur du Soudan est celui qui dépend le plus du canal, avec environ 34% de son volume commercial traversant le canal.»

«Le transport maritime, qui constitue l’épine dorsale du commerce international et représente 80% des mouvements de marchandises à l’échelle globale, est un élément essentiel de l’économie mondiale. Les attaques contre le canal de Suez s’ajoutent aux tensions géopolitiques qui affectent les routes maritimes en mer Noire, et à la grave sécheresse due au changement climatique qui perturbe le transport maritime sur le canal de Panama», indique le même rapport.

Au niveau du canal de Panama, principal passage reliant les océans Atlantique et Pacifique, le transit a chuté de 49%. Cette baisse n’est pas due à des conflits géopolitiques, mais à la baisse du niveau d’eau de ce canal qui «a suscité des inquiétudes quant à la résilience à long terme des chaînes d’approvisionnement mondiales».

Le commerce extérieur du Chili et du Pérou dépend de ce canal à hauteur de 22%, alors que celui de l’Equateur à 26%. L’allongement des itinéraires maritimes a provoqué une surconsommation de carburant, ce qui pourrait entraîner une hausse de 70% des émissions de gaz à effet de serre.

La Cnuced redoute par ailleurs la menace de l’allongement des distances sur les chaînes d’approvisionnement et son effet sur une hausse des coûts et de l’inflation. «L’impact de la hausse des taux de fret sera pleinement ressenti par les consommateurs d’ici un an», avertit l’agence, en notant par ailleurs que l’inflation pourrait aussi être aggravée par la crise ukrainienne et ses conséquences sur les prix de l’énergie. 
 

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