La loi asile et immigration de 2024, déjà l’une des plus sévères jamais votées, s’est vue renforcée par la circulaire Retailleau. Désormais, l’accès à la régularisation est conditionné à l’exercice d’un métier en tension.
En ce 8 mars, alors que le monde célèbre la Journée internationale des droits des femmes, une catégorie de femmes reste en marge des politiques publiques en France : les femmes migrantes. Ces femmes, qui ne demandent rien de plus que de vivre dignement, travailler légalement et subvenir aux besoins de leurs enfants, se voient confrontées à un système de régularisation qui, sous couvert d’intégration, ne fait qu’accentuer leur précarité.
Selon un document publié à l’occasion, hier sur son site, La Cimade, association de défense des droits des migrants, souligne que «la situation est d’autant plus alarmante que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, rejette ces revendications comme étant inacceptables». En effet, la loi asile et immigration de 2024, déjà l’une des plus sévères jamais votées, s’est vue renforcée par la circulaire Retailleau. Désormais, l’accès à la régularisation est conditionné à l’exercice d’un métier en tension.
Ainsi, une femme travaillant comme assistante maternelle, femme de ménage ou aide à domicile, professions souvent sous-payées et non déclarées, se voit refuser toute chance d’obtenir des papiers. Même celles qui parviennent à décrocher un titre de séjour se retrouvent prisonnières d’une précarité administrative, munies d’une carte temporaire d’un an, valable jusqu’en décembre 2026 et susceptible d’être retirée à tout moment.
Ce dispositif équivaut, estime La Cimade, «à un chantage à la main-d’œuvre exploitant ces femmes sans leur reconnaître pleinement leurs droits de citoyenneté». Par ailleurs, la durée d’attente pour une régularisation a été repoussée de trois à cinq ans à sept ans.
«Vivre sans protection sociale»
«Durant ces sept années, ces femmes devront vivre sans protection sociale ni accès effectif à leurs droits, tout en subissant la menace constante d’une expulsion. Contraintes d’accepter des emplois non déclarés, elles vivent dans la peur permanente des contrôles, de l’arrestation ou de la reconduite à la frontière», explique La Cimade. A cela s’ajoute une exigence linguistique draconienne : pour obtenir des papiers, il ne suffit plus de parler français, il faut désormais le lire et l’écrire, en prouvant un niveau certifié.
Cette condition, d’autant plus absurde que les femmes migrantes sont souvent victimes de violences conjugales, d’isolement et de précarité, les prive de l’accès à des formations linguistiques indispensables. Derrière les discours officiels sur «les mesures d’intégration» se cache une politique qui, en réalité, opère une exclusion systématique et déshumanisante.
Plutôt que de faciliter l’insertion de ces femmes dans la société, l’Etat leur impose un parcours de combattant qui les enferme dans une situation d’exploitation et de vulnérabilité. Alors que ce 8 mars, les ministres poseront fièrement avec des rubans violets et multiplieront les discours sur l’égalité, il est légitime de s’interroger : combien de femmes migrantes continueront de subir ce système impitoyable ?
Combien seront réduites au silence, à l’exploitation, à la peur ? Le choix est désormais clair : une politique qui, par ses exigences et ses délais, laisse les plus vulnérables à l’abandon et condamne des vies à l’invisibilité et à la dépendance.