La CAPC élabore un livre blanc sur l’entreprise : Le BTPH et la promotion immobilière en crise

06/03/2022 mis à jour: 02:14
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Les entreprises du secteur du BTPH se retrouvent en situation de grave crise du fait des retards de paiement par tous les maîtres d’ouvrage

La Confédération algérienne du patronat et du citoyen (CAPC) a organisé hier une rencontre à Alger pour présenter le «Livre blanc sur l’entreprise et le développement» qu’elle a conçu pour, dit-elle, œuvrer dans le sens d’«une nouvelle politique de l’entreprise et de l’investissement». Le président de la CAPC, Mohamed Sami Agli, a souligné que ce livre blanc, rendu public à cette occasion, «est destiné à faire partager nos idées, nos réflexions, nos préoccupations et notre vision de l’avenir de notre économie».

 Faisant la rétrospective de la situation économique du pays durant ces dernières années, il fait le constat communément admis que le pays est en proie à des difficultés financières à chaque retournement du marché pétrolier. Il reprend ainsi les chiffres officiels sur la conjoncture économique pour mieux décrire «la fragilité structurelle des finances publiques», l’«évolution de l’inflation», en somme les vulnérabilités de l’économie algérienne. L’impact de la pandémie de Covid-19 est largement commenté et son effet souligné sans toutefois cerner comme attendu le poids de ses répercussions sur les performances des entreprises ou sur les secteurs les plus durement touchés. 

Outre le sujet de l’inflation, dont tout le monde reconnaît les méfaits recensés tant sur l’économie que sur le pouvoir d’achat des ménages, notamment durant l’année 2021, où le niveau avait atteint 9,2% en octobre dernier, la question qui fâche reste bien entendu la descente aux enfers de la notre monnaie nationale. Sur ce point, la CAPC a bien pris le soin de noter que «sur l’ensemble de la période 2014-2020, le dinar a perdu 36,42% de sa valeur contre le dollar et 26,02% contre l’euro». «Le premier effet d’une dépréciation d’une monnaie nationale est inflationniste à la mesure du contenu en importation de l’offre globale.

Plus une économie est dépendante des importations, plus l’inflation liée à la dépréciation sera importante. En Algérie, le taux d’importation pour toutes les filières est très élevé», écrivent les rédacteurs de ce livre blanc. 

La CAPC met le curseur ensuite sur les conditions préalables à une politique de redressement de l’économie nationale. «Les entreprises privées familiales sont souvent sous capitalisées et ont atteint leurs limites par l’effet de levier. Il est plus que nécessaire d’encourager les PPP (partenariats publics-privés) pour renforcer la résilience et la croissance dans certaines filières où la complémentarité entre les deux secteurs est très forte.

 Cependant, des incitations fiscales et/ ou financières seraient indiquées pour amorcer la démarche», peut-on lire dans la partie réservée aux questions relatives à la recherche de sources de financement alternatives au crédit bancaire. 

Car la CAPC note un «désengagement» des banques. Mohamed Agli, qui considère que 2022 doit être «une année de renouveau économique», affirme que «ce livre est un document de débats sereins et sans polémique». Y sont consignées également des propositions dédiées à la recherche de solutions, tant au niveau de la promotion de l’investissement qu’à celui lié aux mesures d’urgence pour la sauvegarde des entreprises en difficulté. 

Comme état des lieux, le livre en question souligne : «La forte dégradation des indicateurs macro-économiques, notamment la réduction drastique des recettes fiscales et la fonte des réserves de change, a impacté directement le niveau d’activité des entreprises publiques et privées et de leur trésorerie, en réduisant leurs possibilités de recouvrer leur créances auprès des administrations publiques.» Et de préciser que ces entreprises, des PME, «n’ont pas toujours les capacités financières nécessaires pour financer de nouveaux cycles d’exploitation avec leurs propres moyens» tandis qu’elles souffrent de «difficultés d’accès aux crédits bancaires». 

Les cas des secteurs du BTPH et la promotion immobilière sont mis en relief pour souligner le marasme dans lequel ils se trouvent. «Les entreprises du secteur du BTPH se retrouvent en situation de grave crise du fait des retards de paiement par tous les maîtres d’ouvrage (direction des travaux publics, Algérienne des autoroutes et autres) et également par tous les organismes payeurs (Trésor public, Fonds national d’investissement...» y est-il noté.» 

S’agissant de la promotion immobilière, l’on affirme que l’indisponibilité des assiettes de terrain est à l’origine des «prix prohibitifs» d’acquisition auprès des particuliers. Résultat : un «nombre très important de logements promotionnels invendus», note-t-on. 

La CAPC, qui est une association d’entreprises, aurait-elle pu faire un état des lieux circonstancié des entreprises qui sont en difficultés, ou du moins celles qui en sont membres ? Sans doute que le débat serait plus percutant en situation d’une connaissance détaillée des entreprises et des secteurs plus durement touchés par la crise financière et la pandémie de Covid-19. 

Mais pour cela, il faudrait aussi que le gouvernement soit un peu plus transparent sur sa volonté d’instaurer un dialogue économique sur les différents aspects de la chose économique. Mais surtout avec quels acteurs. Car la scène économique compte nombre d’organisations patronales dont on ne sait plus qui fait quoi ou qui représente quoi. 

Une tripartite serait-elle l’occasion ou non de faire le point sur toutes ces questions et de choisir ses interlocuteurs ? Wait and see. 

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