Alors que les six prisonniers de guerre israéliens ont été remis par la résistance palestinienne en échange de la libération de 602 prisonniers palestiniens, qui a été retardée par l’occupation. Celle-ci a lié le sort des détenus palestiniens à l’achèvement de la tenue inopinée d’une «réunion de sécurité», sous la direction de Netanyahu.
La septième opération d’échange de 6 prisonniers de guerre israéliens contre la libération de 602 détenus palestiniens se trouvant dans les prisons israéliennes, a eu lieu hier matin dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, à Rafah, au sud de l’enclave, et à Nuseirat, au centre.
Comme à chaque fois, le mouvement de la résistance Hamas et ses Brigades d’Al Qassam ont fait passer de nombreux messages, après que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a tenté la veille de faire à avorter l’accord en utilisant le prétexte de la non-concordance du test d’ADN de l’otage Bibas décédée avec celle des membres de sa famille. Le porte-parole de l’armée israélienne a accusé la résistance d’avoir tué les deux enfants en bas âge et leur mère et d’avoir violé l’accord en envoyant le corps d’une Palestinienne à sa place.
Ce que le Hamas a vite démenti en déclarant que les victimes ont été tuées par des raids israéliens ciblés et que les corps s’étaient entremêlés avec d’autres personnes. Tard dans la soirée, le Hamas a retrouvé le corps de l’otage et avant de le remettre, dans un cercueil, à la Croix-Rouge, il a exigé que le corps de la Palestinienne soit restitué. En un laps de temps, les autorités israéliennes confirment qu’il s’agit bien de l’otage. Mais la menace de tout faire capoter était sur les lèvres de nombreux responsables israéliens.
Et pendant que le Hamas rendait publique la liste des six prisonniers de guerre israéliens devant être relâchés hier, Israël s’est muré dans un silence de marbre à propos des 602 prisonniers palestiniens qui devaient être libérés aussi hier. Cependant, la résistance a poursuivi la préparation de cette 7e opération d’échange et ce n’est qu’à la mi-journée que les noms des prisonniers palestiniens libérables ont été remis aux médiateurs.
Tôt dans la matinée, une foule très nombreuse s’est regroupée au centre de Rafah, où une plateforme avec des photos des dirigeants de la résistance, comme celle de Mohamed Dheif, tué par les forces israéliennes et dont la mort n’a été confirmée qu’après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Des armes prises sur des militaires israéliens sont exposées devant l’estrade.
Plus tôt, les Brigades Qassam ont remis les soldats captifs Avera Mengistu et Tal Shoham à la Croix-Rouge, lors d’une cérémonie organisée à l’est de Rafah, où trois otages, dont Hisham Esayed, qui a été capturé en 2014, alors qu’il entrait à Ghaza de la colonie Zikim.
Depuis, Esayed, un arabe du Neguev qui a servi dans les rangs de l’armée israélienne, a été abandonné à son sort. «Par respect» à sa communauté, la résistance n’a pas fait de cérémonie de sa libération. Elle a décidé de le remettre à la Croix-Rouge, au centre de Ghaza, après l’achèvement de la remise des autres otages à Nuseirat.
Les brigades de l’ombre en action
Aussi bien à Rafah qu’au camp de Nuseirat au centre de Ghaza, les cérémonies étaient empreintes de messages forts à Israël qui promet de détruire le Hamas et aussi aux Américains qui veulent expulser les Palestiniens et aux pays arabes tentés par une participation à la gestion de Ghaza.
Aux deux cérémonies, la présence de la population dans une place dévastée par les destructions était imposante, où les membres des «Brigades de l’ombre», des unités d’élite des Brigades d’Al Qassam, en uniforme militaire, armés et visage cagoulé étaient partout en force.
Sur les deux plateformes de remise des prisonniers de guerre israéliens, les Brigades Al Qassam ont exposé les armes que ses combattants avaient saisies lors de l’opération Jhar Al Deek menée par les Brigades Qassam. Appelée «L’embuscade de la mort», cette opération a eu lieu à l’est du camp de Maghazi, et s’ est soldée par la mort de 22 soldats israéliens.
De nombreux portraits des dirigeants de la résistance tués durant ces derniers mois dans des combats avec l’armée d’occupation ont orné également la scène. A Rafah, la cérémonie de remise des otages a eu lieu sur la place Al Mashrou, à des centaines de mètres seulement d’un poste de l’armée d’occupation israélienne. Une estrade a été installée tôt dans la matinée où une banderole géante attire l’attention. «Nous sommes le déluge... nous sommes la grande puissance» ou encore «La terre connaît son peuple... des étrangers à double nationalité» sont visibles.
A Nuseirat, la cérémonie de remise des otages a eu lieu à place de la rue Salah Eddine et les otages arrivés en premier en Israël sont les deux anciens prisonniers, Mengistu et Shoham, des soldats, en uniforme, visiblement en bonne santé. Ils échangeaient des signes de salut avec la foule et l’un d’eux a même embrassé le front d’un des membres d’Al Qassam, qui l’accompagnait.
Des scènes inédites qui ont suscité de long débats sur les médias hébreux. C’est vers midi que trois otages ont été remis à la Croix-Rouge, au camp de Nuseirat. Vers midi, les bataillons de la résistance ont remis trois soldats israéliens prisonniers à la Croix-Rouge, soit plus de deux heures après avoir restitué lesdeux autres de Rafah.
En tout, six otages ont été relâchés en échange de la libération de 602 prisonniers palestiniens, dont 50 condamnés à la réclusion à perpétuité, 60 à de longues peines, en plus de 47 prisonniers libérés dans le cadre de l’accord Wafa Al Ahrar, qui ont été réarrêtés par l’occupation. La liste publiée comprend, aussi, 445 prisonniers de Ghaza qui ont été arrêtés après le 7 octobre 2023.
Jusqu’en milieu de l’après-midi, la libération des prisonniers palestiniens n’était toujours pas sûre. L’occupation a empêché les familles des prisonniers devant être expulsés vers l’Egypte de se déplacer pour les accueillir sur place. Le Bureau des médias des prisonniers a déclaré qu’Israël «empêche l’épouse du doyen des prisonniers, Nael Barghouti, et la famille du prisonnier Khalil Abu al Rub, de se rendre en Egypte pour recevoir leurs proches libérés».
Fin d’après-midi, l’autorité de radiodiffusion israélienne a informé que la libération des prisonniers palestiniens «a été retardée jusqu’à la fin de la réunion de sécurité» qui se tenait sous la direction de Netanyahu. «Une décision sera prise sur les prochaines étapes et l’achèvement de la récupération des corps des otages à ce stade», est-il souligné. Le doute plane sur la poursuite de l’accord de cessez-le-feu, surtout que la veille, Netanyahu exigeait «la libération de tous les otages morts et vivants».
Le mouvement de résistance Hamas a, pour sa part, envoyé un message au gouvernement israélien : «Il est devenu clair pour l’opinion publique sioniste qu’elle a deux options : ils accueillent leurs prisonniers dans des cercueils, comme cela s’est produit jeudi, en raison de l’arrogance de Netanyahu, soit ils accueillent leurs prisonniers vivants, en respectant les conditions de la résistance.»
Guterres : «Rendons réalisable» la solution à deux Etats
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé la communauté internationale à œuvrer de façon résolue «en vue de rendre réalisable la solution à deux Etats dans la région du Moyen-Orient», soulignant l’urgence de consolider le cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Ghaza.
Dans un discours télévisé à la 19e session générale de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, dont les travaux ont débuté jeudi soir à Rome, en Italie, Guterres a souligné «le besoin urgent de paix et de stabilité au Moyen-Orient», faisant remarquer que «la région est en train de se remodeler, mais que l’avenir n’est pas clair».
Il a relevé, à ce sujet, que «la responsabilité incombe désormais à la communauté internationale qui doit contribuer à faire en sorte que les populations du Moyen-Orient sortent de ces défis avec la paix, la dignité et un sentiment renouvelé d’espoir fondé sur des actions concrètes». Guterres a souligné, enfin, les «profondes transformations en cours dans la région, qui sont marquées par l’incertitude mais aussi par des opportunités de changement».
Le porte-parole de la Présidence palestinienne, Nabil Abu Rudeineh, a réaffirmé mardi que le peuple palestinien n’acceptera aucun plan de déplacement ou une autre alternative allant à l’encontre de ses droits légitimes, prévenant que les agressions sionistes contre les Palestiniens ne feront qu’entraîner la région dans l’instabilité.
«Le peuple palestinien n’acceptera aucun plan de déplacement ou une autre solution alternative allant à l’encontre de ses droits légitimes. Les menaces de l’occupation sioniste à l’encontre du peuple palestinien ne profiteront à personne et ne conduiront qu’à une instabilité dans la région», a indiqué Abu Rudeineh, dans un communiqué, repris par l’agence de presse Wafa.