Kamel Rezig désavoué

16/02/2022 mis à jour: 06:03
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Photo : D. R.

«Les décisions improvisées du ministère du Commerce sont dues à la faiblesse du système de contrôle périodique des services de ce département», résume M. Kouadira, président de la commission d’enquête parlementaire.

La commission d’enquête parlementaire sur la pénurie de produits de large consommation a rendu public hier son rapport composé de six pages et comportant 12 points ainsi que des propositions pour mettre fin aux crises récurrentes liées au marché. Lors d’une conférence de presse animée au siège de l’Assemblée populaire nationale (APN), Smaïn Kouadria, président de cette mission d’information parlementaire, s’est contenté de résumer le contenu du document.

Pour ce député, «la responsabilité est partagée», mais il charge plus particulièrement le ministère du Commerce qui, de son avis, «a failli». A l’origine de la pénurie, il cite plusieurs anomalies, notamment le phénomène de la contrebande, la bureaucratie, le problème de distribution, le refus de facturation et surtout l’absence totale de contrôle.

Selon le rapport qui sera remis aux autorités compétentes, des producteurs, des commerçants et les directions du commerce des wilayas (DCP) sont tous «responsables» de cette crise qui a touché particulièrement l’huile de table à travers le territoire national. Seulement, selon le parlementaire, le département ministériel de Kamel Rezig détient une grande part de responsabilité dans la crise de l’huile, aux côtés de certains producteurs de cette matière.

Si l’on se fie aux déclarations de M. Kouadria, certains producteurs ont refusé d’augmenter les quantités de production de l’huile de table, sous prétexte de la faiblesse de la marge bénéficiaire.

Certains de ces producteurs ont même fait savoir à la commission d’enquête, souligne le conférencier, qu’ils n’avaient pas perçu leur compensation, de la part du ministère du Commerce, consacrée dans le processus de la vente au prix subventionné. Le conférencier a révélé des «dépassements» enfonçant le département de Rezig. «Un producteur d’huile de table installé à Aïn M’lila, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, n’a pas reçu sa part de compensation depuis janvier 2021 à ce jour. J’insiste sur ce point», souligne le président de la commission.

«Des chiffres imaginaires»

Le rapport de la commission accuse ouvertement le ministre du Commerce d’avoir livré des chiffres «imaginaires» sur la disponibilité de l’huile de table. «Lors de notre tournée d’investigation, nous nous sommes rendu compte que les chiffres du ministre du Commerce ne sont pas réels, ils sont tout simplement imaginaires», explique le chef de mission, qui reproche à Kamel Rezig le recours à l’«improvisation», allusion faite à la décision interdisant la vente de l’huile aux personnes de moins de 18 ans, ce qui a amplifié la crise de l’huile de table. «Les décisions improvisées du ministre Rezig sont dues à la faiblesse du système de contrôle périodique des services du ministère du Commerce», résume M. Kouadira.

Ce dernier a rappelé que le rapport parlementaire intervient au bout d’un périple d’Est à l’Ouest en passant par le Grand Sud ponctué de visites dans des usines de production et de distribution d’huile de table.

La délégation est allée également à la rencontre de grossistes, de distributeurs, de détaillants dans plusieurs wilayas, comme Adrar, Bordj Badji Mokhtar, Mila, Oum El Bouaghi, Oran, Mascara, Sétif et Béjaïa. Les sept membres de la commission ont aussi examiné de près les conditions de production, les quantités de stockage, le mode de distribution et de la communication. Ils ont également écouté les acteurs du marché et enregistré leurs doléances.

M. Kouadria affirme que la communication et la sensibilisation font également défaut dans ce secteur d’activité, pour ne pas dire qu’elles sont inexistantes. Par ailleurs, et selon le rapport de la commission, l’huile de table passe de l’autre côté des frontières du sud du pays.

D’où l’urgence de trouver une solution au phénomène de la contrebande qui gangrène ce secteur. Outre ce constat, l’enquête parlementaire a aussi révélé que des producteurs de l’huile de table préfèrent produire à partir de matière première importée, alors que cette même matière est produite localement. Selon le conférencier, cette préférence aux produits importés est due à l’avantage des indemnités offertes par les pouvoirs publics, dans le cadre du soutien aux matières premières importées pour l’industrie locale.

Cette situation a fait que les producteurs de l’huile n’achètent plus leurs matières de base à partir des usines situées dans l’ouest du pays. Ce qui a poussé ces producteurs de matières premières à exporter leurs produits, par manque d’acheteurs au niveau national.

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