Juillet, le mois le plus chaud jamais enregistré sur terre : L’agriculture à l’épreuve de la canicule

31/07/2023 mis à jour: 08:22
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Plus fréquentes, intenses et étendues chaque année, les canicules sont les événements climatiques extrêmes les plus meurtriers dans le monde. 

Outre la pression sur le système de santé, elles ont de lourdes conséquences sur l’agriculture. La chaleur réduit la productivité des travailleurs. À 33-34 °C, un travailleur moyen «perd 50 % de ses capacités de travail», selon l’Organisation, internationale du travail (OIT). La perte de productivité touche en particulier les travailleurs en extérieur, agriculteurs ou ouvriers dans la construction. La sécheresse a un effet direct sur les cultures. Et si une courte période de forte chaleur n’engendre pas toujours de dégâts majeurs, elle peut renforcer la sécheresse des sols.

Une situation qui ne laisse parfois pas d’autre choix aux pays que d’importer de la nourriture, ce qui pose la question de la souveraineté alimentaire. Les consommateurs sont eux aussi impactés par la hausse des prix qui découle de ces répercussions, qui menacent dans certains cas la sécurité alimentaire.  Ces épisodes de chaleur extrême mettent en péril la santé et la vie des agriculteurs, mais aussi la productivité des cultures et la survie de l’écosystème agricole.  

En Algérie, le marché connaît en cette période estivale une relative hausse des prix et la diminution de certains denrées en termes d’offre. 
 

«La production est faible, d’abord par manque de planification et puis le climat cette année n’a pas été clément. On peut citer aussi un manque de régulation et aucune maîtrise du marché», explique Hacène Menouar, président de l’association El Aman. Il regrette l’absence de données sur les quantités produites de fruits et légumes dont a besoin le marché. 

En d’autres termes, tant que nous ne savons pas quels sont nos besoins dans chaque produit, tant que nous n’avons pas une idée s’il y a un surplus ou un manque, le marché restera déréglé. Pour stabiliser les prix, il y a lieu d’organiser le marché. Une question cruciale pour notre économie, notre sécurité alimentaire et notre bien-être collectif. En parallèle, nous devons investir dans les infrastructures et la logistique pour améliorer la chaîne d’approvisionnement.

 Des systèmes efficaces de stockage, de transport et de distribution sont nécessaires.     
Les courgettes, souvent utilisées dans les plats traditionnels, atteignent les 200 DA. Les carottes ou encore les concombres se situent dans une fourchette moyenne, oscillant autour de 120 DA. Le piment est vendu à partir de 140 DA, tandis que le citron, ingrédient essentiel dans de nombreux plats et boissons, est disponible à partir de 130 DA. Les figues varient entre 450 DA et 600 DA et le raisin est cédé entre 180 à 200 DA. Les pêches sont disponibles à partir de 150 DA.  
 

Offre réduite et augmentation des prix sur le marché

Mais cette année, force est de reconnaître que les fortes chaleurs ont eu une incidence sur l’agriculture. Les températures élevées ont stressé les plantes, réduit leur croissance et entraîné une diminution de la production agricole. Certaines cultures peuvent être particulièrement sensibles à la chaleur et voir leurs rendements drastiquement réduits. Les fortes chaleurs s’accompagnent souvent d’une évaporation accrue de l’eau dans le sol, ce qui peut conduire à des conditions de sécheresse. 

Le manque d’eau disponible pour les cultures peut entraîner des pertes importantes, voire la destruction totale des récoltes. Les sécheresses dues aux fortes chaleurs peuvent réduire les ressources en eau disponibles pour l’irrigation des cultures. Cela peut entraîner des conflits d’utilisation de l’eau entre l’agriculture, les besoins domestiques et industriels. Les changements climatiques, y compris les fortes chaleurs, peuvent perturber les schémas saisonniers traditionnels, entraînant des périodes de croissance inhabituelles ou des changements dans la période de floraison et de récolte.  

«Le Nord de l’Algérie fait face, depuis début juillet, à des vagues de chaleur successives sans précédent par leur durée et précocité. À la faveur du réchauffement climatique, les températures atteignent 48°C sous abri. Ces températures ne sont pas sans conséquence sur les activités agricoles qui doivent se réinventer», explique Djamel Belaïd, ingénieur agronome, spécialisé en vulgarisation des techniques innovantes. Il dira aussi que «dans les zones céréalières de l’intérieur du pays, les effets du dérèglement climatique sont catastrophiques. Durant les mois de mars et avril, il n’a quasiment pas plu et l’Algérie devrait enregistrer une de ses plus faibles récoltes de ces dernières années». 

En l’absence de modernisation des techniques de «dry-farming» ou arido-culture, de nombreux agriculteurs n’ont rien récolté et la campagne de moissons a été réduite à sa plus simple expression. La canicule a produit des dégâts sur la production de raisin de table sous pergola à Boumerdès. La canicule, comme évènement extrême, a un impact direct sur la chute des rendements des céréales (jusqu’à 21% de chute en région méditerranéenne), des productions arboricoles et une chute également de la production de lait. 

La production phoenicicole est fortement affectée par les températures caniculaires qui s’étalent jusqu’au mois d’octobre. Les canicules peuvent altérer la qualité des fruits et légumes, affectant leur apparence, leur goût et leur valeur marchande.  L’Etat doit absolument anticiper ces changements. 

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