Journée mondiale de la liberté de la presse : Les médias au bord de l’asphyxie

04/05/2022 mis à jour: 03:55
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Le minisrtre de la Communication Mohamed Bouslimani, lors de sa visite hier à la rédaction d’El watan

Il y a un peu plus de deux semaines, un journal lancé il y a 30 ans, au lendemain de l’ouverture politique qu’a connue le pays à la suite des événements d’Octobre 1988, a cessé de paraître. 

La disparition de Liberté est révélatrice la «précarité» de la situation dans laquelle se trouve la presse algérienne aujourd’hui, d’autant d’autres titres, moins en vue, ont disparu des étals ces toutes dernières années. 

Une presse qui «célèbre» ainsi ce 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, dans un contexte particulier, marqué par des difficultés économiques, mais aussi politiques qui ne font que rendre plus incertaines des perspectives déjà sombres. 

Au-delà des aléas objectifs ayant contribué à la fragilisation de la presse, avec l’apparition des chaînes de télévision privées qui captent une bonne part de la publicité privée, laquelle se raréfie conséquemment pour la presse écrite par exemple, ainsi que des réseaux sociaux, devenus par la force des choses une «source» d’information pour beaucoup de citoyens, les «irrégularités» liées à la distribution de la publicité étatique, octroyée dans certains cas à des titres non distribués et n’employant presque aucun journaliste, alors que d’autres, présents sur le marché en sont privés, y sont aussi pour quelque chose. 

Les déclarations faites par l’ancien DG de l’ANEP, Larbi Ounoughi, en août 2020, qui avait avancé des chiffres concernant les montants dont ont bénéficié certains médias, sont révélatrices de cette situation. 

D’ailleurs, l’affaire relative à un journal peu – ou pas du tout – connu qui aurait bénéficié de la somme de 30 milliards de centimes, dont le copropriétaire était une personnalité sportive, suit toujours son cours dans les tribunaux. 

Une forme d’«aide de l’Etat» envers les médias qui, finalement, n’est pas toujours allée là où c’est nécessaire. La loi sur la publicité, actuellement en préparation, viserait, du moins c’est ce qu’espèrent les concernés, à mettre un terme à ces dysfonctionnements. 

«Il y aura du nouveau. C’est tout ce que je peux dire pour le moment», a indiqué, hier, le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, lors de la visite qu’il a effectuée à notre journal en réponse à une question relative aux difficultés que rencontrent les médias. 

Parallèlement à ces difficultés économiques – qui ont amené certains titres de la presse nationale à augmenter le prix du journal, celui du papier étant en hausse sur le marché international – les médias font face à des contraintes d’ordre politique qui compliquent encore d’avantage la mission des journalistes. 

Hier, le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, un journaliste devait être jugé pour un article de presse suite à une plainte de l’ancien ministre de la Communication. 

D’autres ont fait de la prison ces deux dernières années, ou ont été poursuivis en justice. Bien entendu, ils le sont majoritairement pour d’autres motifs puisque le délit de presse est dépénalisé dans le pays. 

Des «pressions», directes ou indirectes, qui poussent vers un «uniformisme» médiatique qui ne serait que dommageable pour le pays. Tout cela, en plus de la précarité dans laquelle baignent également beaucoup d’employés des médias, sous-payés dans certains cas, sans couverture sociale et vivant une incertitude chronique, fait que la profession vit l’un de ses moments les plus difficiles. 

Au rythme où vont les choses, dans pas longtemps, le pluralisme médiatique pourrait n’être qu’un vieux souvenir…

Le ministre de la Communication en visite à El Watan

Le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, a effectué, hier, une visite à plusieurs médias, dont El Watan, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Sur place, il a appelé les gens de la profession «à faire la promotion des réalisations du pays dans divers domaines». «Certains médias mettent l’accent sur ce qui ne va pas et marginalisent les réalisations», a-t-il ajouté. Le ministre a également évoqué ce qui est en train «d’être fait» concernant la communication officielle. Par ailleurs, Mohamed Bouslimani a indiqué, à propos de la situation difficile que vivent les médias algériens aujourd’hui, qu’«il y aura du nouveau» dans ce sens, se refusant d’en dire plus. 

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