Italie : la perpétuité requise pour l’auteur d’un féminicide

03/12/2024 mis à jour: 01:27
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Le parquet a requis une peine de réclusion à perpétuité contre Filippo Turetta, âgé de 22 ans, pour le meurtre de Giulia Cecchettin, également 22 ans, en novembre 2023. 

L’étudiante en génie biomédical à Padoue a été poignardée à au moins 75 reprises. L’avocat de l’accusé, Giovanni Caruso, a qualifié cette requête d’excessive, affirmant que son client, qui a reconnu les faits, ne devait pas être comparé à des criminels comme Pablo Escobar.

Lors de l'ouverture du procès à Venise en septembre, l’avocat avait dénoncé un « procès médiatique » et souligné l’absence de circonstances aggravantes, notamment la préméditation. Cependant, selon le procureur Andrea Petroni, l’accusé a agi avec une brutalité exceptionnelle, enlevant Giulia dans sa voiture avant que son corps ne soit retrouvé une semaine plus tard dans un ravin près du lac Barcis, au nord de Venise. Filippo Turetta avait été arrêté peu après en Allemagne, près de Leipzig.

Gino Cecchettin, le père de Giulia, a déclaré être anéanti par la perte de sa fille, refusant de commenter la peine demandée. « Je suis déjà mort intérieurement », a-t-il confié, ajoutant qu’il espérait qu’un tel drame puisse éviter d’autres souffrances similaires à d’autres familles.

Le meurtre de Giulia Cecchettin a ravivé en Italie le débat sur les violences faites aux femmes. Lors de ses funérailles, des milliers de personnes s’étaient rassemblées, et son père avait exhorté les hommes à réfléchir à une culture qui banalise les violences masculines. Sa sœur Elena a appelé à un changement profond, affirmant qu’il fallait « tout brûler », une expression reprise sur des banderoles et des slogans dénonçant le patriarcat.

En 2023, selon le ministère de l’Intérieur italien, 100 femmes ont été tuées sur 276 meurtres recensés, dont 88 par un proche. Ces chiffres sont proches des données de l’année précédente, où 90 féminicides avaient été commis sur 310 meurtres. Pour sensibiliser l’opinion, la famille Cecchettin a créé une fondation visant à soutenir les victimes et promouvoir l’égalité. Fin novembre, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes italiennes pour marquer la journée internationale contre le féminicide.

Les débats ont également suscité des tensions politiques. Le ministre de l'Éducation, Giuseppe Valditara, a déclenché une controverse en affirmant que le patriarcat n'existait plus dans la loi italienne et en attribuant les violences faites aux femmes à l’immigration clandestine. Elena Cecchettin a répondu que sa sœur avait été tuée par un « jeune Italien blanc ». Giorgia Meloni, Première ministre et première femme à occuper ce poste en Italie, a affirmé que le principal défi restait d’ordre culturel, tout en établissant un lien controversé entre ces violences et l’immigration, bien que 94 % des féminicides de 2022 aient été commis par des Italiens.

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