Israël poursuit son génocide : Qui arrêtera le bain de sang à Ghaza ?

28/05/2024 mis à jour: 10:46
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Les localités de la bande de Ghaza sont soumises à d'intense bombardement depuis 8 mois caussant plus de 36000 morts dont la plupart sont des femmes et des enfants - Photo : D. R.

L’attaque d’un camp de tentes à Rafah survient alors que la pression internationale s’accroît sur Israël. Toutefois, cette pression montre ses limites, exploitées par l’Etat sioniste.

Des corps carbonisés et démembrés, des enfants sans tête, des lieux dévastés, des tentes en proie aux flammes... Les images publiées le dimanche 26 mai sur les réseaux sociaux prises à Rafah dans la nuit de dimanche à lundi dévoilent des scènes d’horreur insoutenables. Le camp de tentes de Barkasat, situé dans cette ville du sud de la bande de Ghaza, a été bombardé par l’armée israélienne, causant des dizaines de victimes parmi les déplacés, qui croyaient trouver refuge en ce lieu supposé sûr. Depuis le 7 mai, Rafah est le théâtre d’une offensive terrestre israélienne, marquant une nouvelle étape dans la guerre barbare déclenchée par l’Etat sioniste.

Le bilan du bombardement s’élevait à au moins 40 morts lundi, selon le ministère de la Santé de la bande de Ghaza. «Les équipes d’ambulanciers (...) transportent un grand nombre de martyrs et de blessés après que l’occupant a visé les tentes des personnes déplacées près du siège des Nations unies», a déclaré le Croissant-Rouge palestinien sur X, ajoutant que «ce lieu avait été désigné par l’occupation israélienne comme une zone humanitaire». Situé dans le quartier de Tell Al Sultan, ce camp n’était pas inclus dans les zones d’évacuation ordonnées par l’armée d’occupation israélienne au début du mois. Il était géré par l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.

L’ONG française Médecins sans frontières, qui a reçu plus de quinze corps et des dizaines de blessés dans la clinique de fortune qu’elle gère à Rafah, s’est dite «horrifiée» par ce bombardement, illustrant une fois de plus qu’«il n’y a pas d’endroit sûr» à Ghaza. «Cet atroce massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes défie toutes les résolutions internationales», a dénoncé la présidence palestinienne dans un communiqué, accusant Israël d’avoir «délibérément visé» le centre de déplacés.

Ultime provocation : les frappes sur le camp de Barkasat ont eu lieu un peu plus de quarante-huit heures après que la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël de «cesser immédiatement son offensive militaire» à Rafah. Une décision restée sans effet. L’armée israélienne a prétendu que cette frappe visait deux responsables du mouvement islamiste en Cisjordanie occupée, Yacine Rabia et Khaled Nagar.

Appel à «marcher avec colère»

Quelques heures avant les frappes israéliennes, le Hamas avait lancé, depuis Rafah, huit roquettes de moyenne portée en direction de Tel-Aviv, sans faire de victimes. Concernant le bilan humain de son bombardement, l’armée d’occupation israélienne s’est bornée à reconnaître «des rapports indiquant que plusieurs civils de la zone ont été blessés à la suite de la frappe et de l’incendie qui s’est déclenché».

Ce bain de sang à Rafah survient alors que la pression internationale s’accroît sur Israël. Toutefois, cette pression montre ses limites, exploitées par l’Etat sioniste. Dans son ordonnance, la CIJ stipule qu’Israël doit «arrêter immédiatement son offensive militaire, et toute autre action dans le gouvernorat de Rafah susceptible de soumettre les Palestiniens de Ghaza à des conditions d’existence pouvant entraîner leur destruction physique totale ou partielle». Cynique, Israël n’interprète pas cela comme une demande d’arrêt strict des opérations : «Ce qu’ils nous demandent, c’est de ne pas commettre de génocide à Rafah.

Nous n’avons pas commis de génocide et nous ne commettrons pas de génocide», a déclaré samedi, toute honte bue, Tzachi Hanegbi, conseiller à la Sécurité nationale. L’autre faille réside dans le soutien américain. Bien que Washington ait suspendu la livraison de bombes de 900 et 200 kilos, le secrétaire d’Etat, Anthony Blinken, avait affirmé à la mi-mai que certains systèmes ne seraient pas fournis à Israël pour une opération majeure à Rafah.

Cependant, Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale, a jugé mercredi que les opérations israéliennes dans cette zone semblaient «plus ciblées et limitées». Des propos aujourd’hui démentis par le bombardement d’hier. Pour autant, Israël ne semble pas prêt à mettre fin à ses opérations à Rafah et son allié américain n’entend pas lui faire entendre raison.

«Cet atroce massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes est un défi à toutes les résolutions internationales», a écrit la présidence palestinienne dans un communiqué, accusant Israël d’avoir «délibérément visé» le camp de personnes déplacées de Barkasat, géré par l’Unrwa, au nord-ouest de Rafah. «Les images de personnes brûlées, y compris des enfants, après les bombardements israéliens sur les tentes à Rafah sont insoutenables», a écrit, sur X, Majed Bamya, observateur permanent adjoint de l’Etat de Palestine auprès des Nations unies.

Quant au Hamas, il a appelé les Palestiniens, «en Cisjordanie, à Jérusalem, dans les territoires occupés et à l’étranger à se lever et à marcher avec colère» après le «massacre» commis par l’armée israélienne.

- Mort de journalistes : Nouvelle plainte de RSF

Reporters sans frontières (RSF) a déposé hier une nouvelle plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) pour «crimes de guerre commis par Israël contre des journalistes», a annoncé l’organisation dans un communiqué. RSF appelle le procureur de la CPI «à enquêter sur des crimes commis contre au moins neuf reporters palestiniens entre le 15 décembre 2023 et le 20 mai 2024». Selon l'organisation, plus de 100 journalistes de Ghaza ont été «tués par l’armée israélienne».

Elle précise qu’il s’agit de sa troisième plainte sur la mort de journalistes à Ghaza devant la CPI de La Haye, depuis celles des 31 octobre et 22 décembre. Sa plainte spécifique d'hier fait état de «huit cas supplémentaires de journalistes palestiniens et d’un reporter blessé», tous «dans l’exercice de leurs fonctions».

L’ONG affirme avoir «des motifs raisonnables de croire que certains de ces journalistes ont été victimes d’homicide intentionnel, les autres d’attaques intentionnelles contre des civils par l’armée israélienne». Début janvier, le procureur de la CPI a déclaré que les crimes contre les journalistes étaient inclus dans son enquête sur des crimes de guerre à Ghaza. «Ceux qui tuent des journalistes s’attaquent au droit du public à l’information, encore plus vital en période de conflit», a commenté l’avocat de RSF Antoine Bernard, dans le communiqué.

Selon le Comité pour la protection des journalistes, installé à New York, au moins 107 journalistes et employés de médias ont été tués durant la guerre à Ghaza. 
La plainte de RSF concerne notamment deux journalistes d’Al Jazeera, Hamza Al Dahdouh et Moustafa Thuraya, tués lors d’une frappe sur leur voiture dans le sud du territoire palestinien. L’armée israélienne avait affirmé que «les deux pilotaient des drones qui présentaient une menace imminente pour les troupes israéliennes» et les avait décrits comme des «agents terroristes», des allégations rejetées par leur famille et leur employeur.

- Cisjordanie occupée : 14 Palestiniens arrêtés

Les forces d’occupation sionistes ont arrêté, dans la nuit de dimanche à hier, 14 Palestiniens, dont un enfant et d’anciens prisonniers, dans différents gouvernorats relevant de la Cisjordanie occupée, a indiqué l’agence de presse Wafa. Les arrestations ont été menées dans les gouvernorats d’El Khalil, Ramallah, Al Bireh, Ariha et Jénine, souligne Wafa, qui cite un communiqué commun de la Commission palestinienne des affaires des prisonniers et ex-prisonniers et le Club des prisonniers. Elles ont été accompagnées d’abus, d’agressions et de menaces contre les détenus et leurs familles, sans compter le sabotage et la destruction des maisons des Palestiniens, ajoute la même source.

Le communiqué précise, en outre, que les forces d’occupation ont fait exploser plusieurs véhicules de Palestiniens et en ont saisi d’autres dans la ville de Kafr Dan, dans le gouvernorat de Jénine. Le nombre total des arrestations, depuis le 7 octobre, s’est élevé à environ 8890, souligne également le communiqué, notant que ce total comprend ceux qui ont été arrêtés à leurs domiciles, aux postes de contrôle militaires ainsi que ceux qui ont été contraints de se rendre sous la pression et ceux qui ont été retenus en otage.

 

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