Les secouristes continuent de retrouver des corps sous les décombres, une tâche rendue encore plus difficile par l’intensité des bombardements qui se poursuivent.
Le Liban est de nouveau le théâtre de frappes israéliennes d’une brutalité inouïe, touchant de multiples localités de la vallée de la Bekaa et du sud du pays. Les secouristes s’efforçaient hier encore de dégager les survivants des décombres lorsque de nouvelles explosions ont résonné dans la nuit. Ce sont des quartiers résidentiels qui ont été visés, bien que l’armée d’occupation israélienne prétende cibler des dépôts de munitions du Hezbollah.
Les pertes humains et matérielles s’accumulent alors que les autorités libanaises peinent à fournir un bilan précis du nombre de morts et de blessés. Les secouristes continuent de retrouver des corps sous les décombres, une tâche rendue encore plus difficile par l’intensité des bombardements qui se poursuivent.
Dans le sud du Liban, l’armée d’occupation israélienne a élargi ses frappes à une dizaine de villages, principalement dans les environs de Saïda et Tyr. Les autorités libanaises ont recensé sept victimes lors de raids sur la côte sud, tandis qu’à Baïssariyé, une fillette de deux ans et une adolescente de 16 ans ont été tuées. Plus au sud, à Ansariyé, trois autres personnes ont perdu la vie. La situation est d’autant plus dramatique que les infrastructures de secours sont elles-mêmes menacées. L’armée d’occupation israélienne a explicitement averti les personnels de santé de ne pas utiliser les ambulances dans les zones où opéreraient les résistants du Hezbollah, les menaçant de représailles.
Parallèlement aux frappes, les forces d’occupation israéliennes ont ordonné aux habitants de 23 villages du sud du Liban de ne pas retourner chez eux. «Nous ne souhaitons pas porter atteinte à votre sécurité», a prétexté Avichay Adraee, porte-parole des forces israéliennes. Ces directives d’évacuation se doublent de mises en garde aux civils libanais qui, faute de pouvoir regagner leurs habitations, se retrouvent de facto déplacés, souvent sans accès à des conditions d’hébergement adéquates.
La capitale libanaise n’est pas épargnée par la violence barbare des bombardements israéliens. Pour la troisième fois en quelques jours, l’aviation israélienne a frappé des quartiers densément peuplés du centre de Beyrouth, notamment les zones de Basta et Noueiri. Ces bombardements ont fait 22 morts, dont de nombreux civils, et ont ravivé les peurs d’une population traumatisée par des décennies de guerres. Selon certaines sources, l’une de ces frappes visait Wafic Safa, un haut responsable du Hezbollah, bien que son sort demeure incertain. Ce sont les attaques les plus meurtrières dans le centre de la capitale depuis le début de la guerre.
La multiplication des raids sur des zones résidentielles suscite l’indignation, non seulement au Liban mais aussi à l’étranger. Le président français, Emmanuel Macron, a dénoncé les tirs israéliens qui ont touché la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), blessant quatre Casques bleus. «C’est tout à fait inacceptable», a-t-il déclaré, condamnant des frappes qui semblent viser délibérément les troupes onusiennes.
Mais les condamnations ne sont, comme toujours, pas suivies d’actions concrètes. Face à cette escalade, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a lancé un appel à l’Organisation des Nations unies pour l’adoption d’une résolution instaurant un cessez-le-feu immédiat. Les appels au calme se sont multipliés, notamment de la part des Etats-Unis, dont le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a souligné la nécessité de rétablir la stabilité au Liban. Lors d’un entretien avec les dirigeants libanais, il a préféré mettre en garde contre l’ingérence iranienne et les activités militaires du Hezbollah, appelant à une résolution rapide et pacifique des tensions.
La guerre aggrave la situation humanitaire déjà critique au Liban. Les frappes incessantes ont non seulement causé des centaines de victimes, mais elles ont également déplacé plus d’un million de personnes à travers le pays, mettant à l’épreuve des infrastructures déjà fragilisées par des années de crise économique et politique. Les besoins en aide humanitaire augmentent chaque jour, et bien que les Etats-Unis aient annoncé une aide de 157 millions de dollars pour les personnes touchées, les défis logistiques sont immenses.
Une guerre ouverte qui s’enlise
Des hôpitaux manquent de médicaments, des habitations sont détruites et les camps de réfugiés syriens au Liban sont également affectés par les bombardements. Les équipes médicales doivent composer avec les avertissements israéliens concernant l’utilisation des ambulances, accentuant le sentiment de vulnérabilité des civils. La guerre s’inscrit dans un contexte de tensions prolongées, suite au génocide perpétré dans la bande de Ghaza. Les tensions entre le Hezbollah et Israël se sont exacerbées depuis le 23 septembre, date à laquelle l’armée d’occupation israélienne a lancé une vaste campagne de bombardements.
Les échanges de tirs à la frontière se sont transformés en guerre ouverte, avec des invasions terrestres israéliennes et des ripostes du Hezbollah. Récemment, une tentative d’infiltration israélienne près de la localité d’Aita Al Shaab a été déjouée par le Hezbollah, qui a détruit un bulldozer de l'armée d’occupation israélienne à l’aide d’un missile guidé.
Malgré les efforts des diplomates internationaux, aucune avancée significative n’a été réalisée pour apaiser la situation. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est entretenu vendredi avec le Premier ministre libanais, Najib Mikati, et le président du Parlement, Nabih Berri. Il a notamment souligné la nécessité de pourvoir le poste de Président, vacant depuis deux ans, «par des moyens démocratiques qui reflètent la volonté du peuple libanais d’avoir un Liban stable, prospère et indépendant».
Le Liban «ne peut pas permettre à l’Iran ou au Hezbollah d’entraver la sécurité et la stabilité du pays», a-t-il poursuivi. Antony Blinken «a réitéré l’engagement des Etats-Unis en faveur d’une résolution diplomatique du conflit de part et d’autre de la “ligne bleue”, qui mette en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies et permette aux citoyens déplacés, tant en Israël qu’au Liban, de rentrer chez eux».
Le chef de la diplomatie américaine a, par ailleurs, souligné la détermination des Etats-Unis à répondre aux besoins humanitaires du Liban, «comme le montre l’annonce récente d’une aide humanitaire de près de 157 millions de dollars (pour) les personnes touchées par la crise», ajoute le département d’Etat dans un communiqué.
L’émissaire américain Amos Hochstein a déclaré travailler «sans relâche» pour obtenir un cessez-le-feu, mais les bombardements israéliens se poursuivent sur le terrain. Les discussions autour de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui appelle au respect de la «ligne bleue» fixée par l’ONU et à un retour des réfugiés chez eux, ne progressent guère.
Mohammad Bagher Ghalibaf, le président du Parlement iranien, s’est, de son côté, rendu hier à Beyrouth, où il a été reçu par le Premier ministre Najib Mikati, rapporte l’agence de presse iranienne. «Je suis venu au Liban pour transmettre le message du peuple, du Guide suprême de la révolution islamique et des responsables iraniens, pour déclarer que nous sommes, comme toujours, aux côtés de la nation, du gouvernement du Liban et de la résistance», avait déclaré Mohammad Bagher Ghalibaf avant son départ.
Pour les Libanais, la guerre exacerbe un sentiment d’impuissance face à l’ennemi israélien qui, une fois de plus, transforme leur pays en champ de bataille. Le vide présidentiel, qui dure depuis deux ans, laisse un gouvernement affaibli, incapable de faire face aux crises qui s’enchaînent.