L es entraves à l’investissement agricole dans le Grand Sud n’ont pas complètement disparu. La situation risque de retarder la mise en œuvre de la stratégie du gouvernement dans ces régions où le cap est mis sur le développement des filières stratégiques de la production au stockage.
L’objectif actuellement est de mettre en valeur plus d’un million d'hectares au Sud qui seront réservés aux gros investissements dans les cultures stratégiques, l’extension des cultures et l’élevage. Mais pour atteindre cet objectif, il faut lever les blocages rencontrés sur le terrain par les porteurs de projets. Et ce d’autant que les représentants du secteur ne cessent de le rappeler : «La stratégie future du secteur agricole repose sur la transformation de la carte agricole générale et l’orientation vers l’agriculture saharienne par l’implication du Sud dans la production agricole en tant que choix stratégique.» D’où cette course à la prise en charge de ces difficultés de manière à accompagner les agriculteurs.
Dans ce cadre, une délégation du ministère de l’Agriculture (MADR), composée notamment de l’inspecteur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), du directeur de la réglementation foncière et de la mise en valeur des terres et du directeur chargé de la production et de la régulation des filières agricoles et d’autres responsables, s’est rendue dans la wilaya d’In Salah au début de cette semaine pour s’enquérir de la situation du secteur.
Mais surtout pour cerner les différentes contraintes. Lesquelles sont directement liées au stockage des céréales et légumes, à la régularisation des dossiers de certains opérateurs ayant réussi à exploiter leurs terres agricoles ainsi qu’à l’examen et au recensement des terres arables.
Ce sont en effet les principales questions en attente de règlement pas uniquement à In Salah mais à travers l’ensemble des régions du Sud où le gouvernement prospecte pour lancer des investissements de qualité en misant sur l’accompagnement des agriculteurs en cherchant à déblayer le terrain pour que les investisseurs ne pâtissent pas des lenteurs bureaucratiques et techniques.
«L’avenir de l'Algérie réside aujourd'hui dans les terres sahariennes, d'autant que le Sud algérien pourrait s'ériger en véritable base en vue de réaliser la sécurité alimentaire, à travers des investissements de qualité dans le secteur agricole», rappellent les représentants du secteur, précisant qu’«investir aujourd’hui dans le Sud n’est pas un rêve» et mettant en exergue la réussite de certaines expériences. C’est le cas notamment à Adrar, devenue leader dans la production des céréales, des légumes et des oléagineux. Mais les conditions sont-elles assurées de manière équitable, que ce soit pour la disponibilité de l’eau et de l’énergie ou pour l’appui aux investisseurs ?
Les guichets uniques comme solution
Quel prix à payer sur les plans écologique et économique ? «L'agriculture dans le désert n'est pas chose aisée, il y a des contraintes climatiques et édaphiques (sol) qu'il faut combattre au prix fort», estime l’expert agricole Aïssa Manceur contacté à cet effet. Et de s’interroger : «Comment parler de l'agriculture saharienne sans évoquer l'oasis qui est le modèle agricole par excellence pour les régions sahariennes ?»
Abondant dans le même sens, Ali Kader, ancien directeur des services agricoles (DSA) au Sud et auteur d’ouvrages sur l’agriculture algérienne nous dira : «Si en amont l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terre saharienne (ODA) met en concurrence les investisseurs désireux d’investir dans le Sud en leur présentant des périmètres pré-étudiés, en aval, les choses ne sont pas aussi simples qu’elles auraient dû l’être ou comme l’auraient souhaité les pouvoirs publics.» «Entre l’intention, les études d’exécution et la mise en œuvre du projet, beaucoup de temps s’écoule», nous résume-t-il.
Car, explique-t-il : «Entre l’effet d’annonce, l’annonce en elle-même et la mise en place des programmes d’accompagnement, les investisseurs sont impatients de voir leurs projets démarrer», même si la volonté ne manque pas de ce côté. Il citera dans ce cadre les mesures portant sur la réduction des délais pour l’octroi des différentes autorisations, l’électrification et le désenclavement de manière globale. «Les guichets uniques déjà installés ailleurs peuvent en être la solution.
A condition que les représentants des différentes institutions et intervenants ne trouvent comme d’habitude la parade de se référer à la tutelle», préconise notre spécialiste. Sinon, la procédure risque encore de subir des lenteurs.