Intervention russe en Ukraine : Entretien entre les présidents américain et chinois

19/03/2022 mis à jour: 05:11
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Les présidents Biden et Xi en vidéoconférence

Une Chine prudente sur l’intervention russe en Ukraine et vigilante sur l’île de Taïwan. Lors d’un échange en visioconférence avec son homologue américain, Joe Biden, le président chinois, Xi Jinping, a estimé hier que les conflits militaires ne sont «dans l'intérêt de personne». 

Ainsi, a-t-il indiqué, «la crise ukrainienne n’est pas quelque chose que nous souhaitions voir» arriver, selon des propos rapportés par la télévision chinoise, relayée par l’AFP. «En tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et en tant que deux premières économies mondiales, il nous incombe non seulement de conduire les relations sino-américaines sur la bonne voie, mais aussi d’assumer nos responsabilités internationales et de travailler à la paix et la tranquillité dans le monde», a-t-il soutenu. 

Selon un compte-rendu diffusé par la chaîne publique CCTV, le président chinois a aussi observé que «les relations entre Etats ne peuvent aller jusqu’à la confrontation armée». 
 

Selon le New York Times qui a cité dimanche des responsables anonymes, la Russie a demandé à la Chine de lui fournir des équipements militaires pour la guerre et une aide économique afin de surmonter les sanctions internationales. 

Ces responsables n’ont pas précisé la nature exacte de l’aide demandée, ni si la Chine a répondu. «Ces derniers temps, les Etats-Unis propagent constamment de fausses nouvelles à l’encontre de la Chine», a réagi le lendemain  devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian. Lors d’un entretien téléphonique lundi avec son homologue espagnol, José Manuel Albares, le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, a déclaré que  son pays «n’est pas partie prenante à la crise (ukrainienne) et veut encore moins être affecté par les sanctions», selon des propos publiés le lendemain par l’agence Chine nouvelle. Selon lui, Pékin «s’oppose toujours au recours à des sanctions pour résoudre des problèmes, surtout des sanctions unilatérales sans fondement en droit international». Et d’ajouter : «La Chine a le droit de sauvegarder ses droits et ses intérêts légitimes.»
 

Une rencontre de haut niveau a eu lieu le 14 mars à Rome, entre le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, et le directeur de la commission des Affaires étrangères chinoise, Yang Jiechi, un des deux ou trois principaux personnages de la politique étrangère chinoise. «Nous regardons de très près dans quelle mesure la Chine ou tout autre pays fournit une assistance à la Russie, que ce soit une assistance matérielle, économique ou financière», a affirmé le même jour le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price. «Nous avons fait savoir très clairement à Pékin que nous ne resterions pas sans rien faire. Nous ne laisserons aucun pays compenser les pertes subies par la Russie» en raison des sanctions occidentales, a-t-il soutenu. 
 

Début février, Pékin et Moscou ont signé une déclaration commune dans laquelle les deux pays ont dénoncé l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) et l’Alliance entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (Aukus), en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices. 

Les deux pays, qui entretiennent des relations tendues avec Washington, ont évoqué le rôle déstabilisateur des Etats-Unis pour la «stabilité et une paix équitable» dans le monde. Ils ont exprimé leur «opposition» à «tout élargissement futur de l’Otan». Comme ils ont appelé «l’Alliance Atlantique Nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la guerre froide». 
 

L’ombre de Taipei
 

Dans le sillage de l’offensive russe sur l’Ukraine, Taïwan multiplie les appels à l’Occident pour la soutenir en vue d’obtenir l’indépendance que la Chine lui refuse. Pékin considère l’île comme partie intégrante de son territoire. Ainsi, la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a déclaré début mars que les pays démocratiques ne doivent pas «fermer les yeux face à l’agression militaire» de la Russie en Ukraine, rappelant que son île fait face à une menace d’invasion similaire à celle de l’Ukraine. «L’engagement du peuple ukrainien à protéger sa liberté et sa démocratie, son dévouement intrépide à la défense de son pays ont suscité une profonde empathie de la part du peuple taïwanais, car nous nous trouvons nous aussi sur les lignes de front de la bataille pour la démocratie», a-t-elle ajouté.

 Par ailleurs, le président russe, Vladimir Poutine, a accusé hier l’Ukraine de «faire traîner» les pourparlers sur le conflit et estimé que Kiev a des demandes «pas réalistes», lors d’un entretien téléphonique avec le chancelier allemand. «Il a été noté que le régime de Kiev cherche par tous les moyens à faire traîner le processus de négociations, en avançant de nouvelles propositions pas réalistes», a indiqué le Kremlin dans un communiqué résumant les propos du président Poutine à Olaf Scholz. 

La Russie a indiqué vouloir négocier avec Kiev un statut de neutralité et démilitarisé. Les autorités ukrainiennes, sans balayer l’idée d’une neutralité et en semblant renoncer à une adhésion à l’Otan, ont, elles, réclamé la désignation de pays garants de sa sécurité et qui la défendraient militairement en cas d’agression par Moscou. Kiev réclame aussi le retrait de toutes les forces russes et le respect de son intégrité territoriale, alors que la Russie a reconnu l’indépendance de deux entités séparatistes en Ukraine et a annexée la Crimée. 

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, interviendra mercredi en direct par vidéo devant les députés français, a indiqué hier la présidence de l’Assemblée nationale dans un communiqué. Il s’est déjà adressé par lien vidéo aux eurodéputés le 1er mars, puis devant le Parlement britannique, les parlementaires canadiens, le Congrès américain et le Bundestag allemand. Demain, il doit s’adresser au Parlement israélien.
 

Le G7 (Etats-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Canada, Japon et Italie) tiendra une réunion jeudi à Bruxelles, a annoncé hier le gouvernement allemand.  Elle sera consacrée «en particulier à la situation de l’Ukraine» et sera «intégrée» aux sommets de l’Otan et de l’Union européenne (UE), qui se tiennent aussi à Bruxelles ce même jour, a annoncé une porte-parole du gouvernement allemand, Christiane Hoffmann, lors d’un point presse, dont le pays préside le G7.
 

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