Intervenant devant le congrès américain : Le président ukrainien réitère sa demande d’imposer une zone d’exclusion

17/03/2022 mis à jour: 18:34
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Le président ukrainien Zelensky face au Congrès américain par visioconférence

Référence à l’Histoire pour s’assurer l’aide américaine. C’est le procédé choisi le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de son intervention, hier en visioconférence, devant le Congrès américain. 

En effet, il a dressé un parallèle entre l’intervention russe en Ukraine et les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis ainsi que l’attaque de l’aviation japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor en 1941. «Dans votre grande Histoire, vous avez des pages qui vous permettent de comprendre les Ukrainiens», a-t-il déclaré aux élus américains. «Souvenez-vous de Pearl Harbor, ce terrible matin du 7 décembre 1941, quand votre ciel était assombri par les avions qui vous attaquaient», «Souvenez-vous du 11 Septembre, ce terrible jour de 2001», a-t-il ajouté dans cette allocution.

 Il a aussi repris l’expression consacrée «I have a dream » (J'ai un rêve) de Martin Luther King, leader pacifique de la lutte pour la reconnaissance des droits civiques des Noirs aux Etats-Unis en déclarant : «J’ai un rêve, ces mots sont connus de chacun d’entre vous. Aujourd’hui, je peux le dire, j’ai une nécessité, la nécessité de protéger notre ciel. J’ai besoin de votre décision, de votre aide.» «Est-ce trop demander, de créer une zone d'exclusion aérienne au dessus de l'Ukraine, pour sauver des gens(...) ?», a-t-il ajouté. Le président américain Joe Biden a jusqu’ici rejeté une zone d’exclusion aérienne, de peur de voir les Etats-Unis et l'Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) entraînés dans un conflit qui pourrait se transformer en 3e guerre mondiale. Il devait néanmoins annoncer une nouvelle assistance sécuritaire de 800 millions de dollars pour aider l’Ukraine.

 Le président ukrainien compte s’adresser dimanche aux députés israéliens en visioconférence, a annoncé mercredi le président du Parlement, Mickey Levy. Tel-Aviv a adopté une position prudente après l’intervention russe en Ukraine le 24 février, faisant valoir des liens privilégiés avec les deux pays. Fort de ses relations avec Moscou, Washington et Kiev, le Premier ministre Naftali Bennett a entamé une médiation pour tenter de mettre fin aux combats. 
 

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a recouru lui aussi au passé pour évoquer le présent. Ainsi, il a assuré mercredi que l’offensive russe sur l’Ukraine est «un succès». La Russie ne laissera jamais l’Ukraine devenir une «tête de pont» pour des «actions agressives» contre la Russie, a-t-il ajouté. Il a promis des aides financières aux particuliers et aux entreprises, qualifiant les sanctions occidentales contre la Russie de «blitzkrieg». 

Terme allemand qui signifie «Guerre éclair» ayant pour but de gagner de manière définitive en engageant localement un ensemble de forces mécanisées de grande puissance, et ce, dans un temps limité. Cette stratégie est utilisée par l’Allemagne nazie en soumettant, en à peine un mois, les Pays-Bas, la Belgique et la France en ce début de Seconde Guerre mondiale. Il a aussi comparé les condamnations et exclusions occidentales frappant les sportifs et le monde culturel russe aux «pogroms antisémites». Sachant que «pogroms», un terme russe, signifie des attaque accompagnées de pillage et de meurtres perpétrée contre une communauté juive en Europe de l’Est, notamment en Pologne et en Ukraine entre 1881 et 1921.
 

Pas de troupes de l’Otan à Kiev
 

Un peu plus tard, le secrétaire général l’Otan Jens Stoltenberg, a déclaré que l’Alliance atlantique ne déploiera pas de troupes ou de moyens aériens en Ukraine mais prépare un renforcement substantiel de sa présence militaire dans les pays alliés sur son flanc oriental. «Il n’est pas question de déployer des troupes de l’Otan ni des avions en Ukraine», a-t-il affirmé, à l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance. Il a ainsi décliné la demande de la Pologne d’envoyer une «mission de paix protégée par des forces armées» dans l’ex-République soviétique. Jens Stoltenberg a cependant plaidé pour un renforcement des troupes à la frontière de l’Otan. «Notre nouveau dispositif devrait inclure des forces nettement plus nombreuses dans la partie orientale de l’Alliance, à un niveau de préparation plus élevé, avec davantage d’équipements et de fournitures prépositionnés». 

Et de soutenir : «Nous sommes confrontés à une nouvelle réalité pour notre sécurité. Nous devons donc réinitialiser notre défense collective et notre dissuasion pour le long terme», a-t-il expliqué. Concernant le renforcement du flanc oriental de l’Alliance, «les ministres ont demandé aux commandants militaires de l’Otan de préparer des options pour ajuster notre défense collective et notre dissuasion», a-t-il annoncé. Un sommet extraordinaire est prévu le 24 mars à l’occasion de la venue du président américain Joe Biden en Europe. 

L’Alliance a déjà renforcé ses défenses sur son flanc oriental avec l’activation pour la première fois de sa force de réaction rapide, et le déploiement de systèmes anti-missiles Patriot par les Etats-Unis en Pologne et par l’Allemagne et les Pays-Bas en Slovaquie. 

En parallèle, les pourparlers entre Moscou et Kiev, relancés lundi par visioconférence au niveau des délégations se poursuivent. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué hier que les négociateurs discutent désormais d’«un compromis», qui ferait de l’Ukraine un pays neutre, sur le modèle de la Suède et de l’Autriche. «Il y a des formules très concrètes qui, je pense, sont proches d’un accord», a affirmé aussi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, relevant que les pourparlers «ne sont pas faciles». 

De son côté, le négociateur-en-chef ukrainien a rejeté «un modèle suédois ou autrichien» et mis l’accent sur des «garanties de sécurité absolues» face à la Russie, dont les signataires s’engageraient à intervenir au côté de l’Ukraine en cas d’agression de son voisin. «L’Ukraine est maintenant en état de guerre directe avec la Russie.

 Par conséquent, le modèle ne peut être qu’ukrainien», a déclaré Mykhaïlo Podoliak sur son compte Telegram. Le président Zelensky a estimé dans la nuit de mardi que les positions des deux camps sont «plus réalistes», tout en estimant qu’il faudrait «encore du temps pour que les décisions soient dans l’intérêt de l’Ukraine».

 Il s’était dit auparavant prêt à renoncer à toute adhésion de son pays à l’Otan. Comme il n’a pas caché qu’il espérait aussi obtenir une rencontre avec le président Poutine. «Il n’y a pas d’obstacle à l’organisation d’une telle rencontre», a indiqué mercredi S. Lavrov, tant que «ce n’est pas juste pour faire une photo pour internet. Il faut qu’il y ait une vraie valeur ajoutée (...) pour la résolution du conflit».
 

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