C’est un hôpital où le traitement de plusieurs milliers de patients virtuels par jour sera bientôt possible.
Tout se passe(ra) en Chine, à l’université Tsinghua (Pékin), qui a prévu de lancer une ville-hôpital reposant entièrement sur l’intelligence artificielle. Inspirée de Smallville - ce monde virtuel développé par l’université Stanford (Etats-Unis) depuis 2023, qui met en scène des agents d’IA interagissant selon des comportements humains - l’expérience chinoise aura quant à elle pour nom de code «Agent Hospital». Ici, ni murs ni salles de soins, pas plus de blouses blanches de médecins ou d’infirmières. Et d’ailleurs, pas non plus de patients. Comme le précise l’université, tout se passera dans un environnement 100% simulé où des patients virtuels seront pris en charge par une IA médicalisée. Le système devrait être opérationnel d’ici au début de cette année 2025.
L’objectif affiché de l’équipe de chercheurs, informaticiens et ingénieurs coordonnés par Liu Yang, membre de l’institut pour la recherche industrielle en intelligence artificielle de l’université, est pour le moins ambitieux : former dans ce monde virtuel les futurs (et bien réels) professionnels de santé de demain. Selon un article du Global Times, journal chinois en langue anglaise, les programmes développés par les chercheurs donneront ainsi bientôt naissance à 18 agents d’IA, dont 14 médecins chargés de diagnostiquer les maladies et proposer des traitements, assistés de quatre autres agents infirmiers, destinés pour leur part aux tâches de soutien quotidiennes - la hiérarchie n’ayant pas disparu dans le monde virtuel.
Traiter 3000 patients par jour
Objectif chiffré de cette équipe de choc : traiter 3000 patients par jour, soit 10 000 en quelques jours, une tâche qui prendrait au moins deux ans à effectif humain égal.
Avec Agent Hospital, chaque membre deviendra capable, grâce aux modèles d’apprentissage de type LLM (grands modèles de langage), de simuler l’ensemble du processus de prise en charge médicale, de l’examen initial permettant de poser le diagnostic jusqu’à la prescription du traitement, son évaluation et son suivi. Selon le Global Times, ces fameux agents un peu particuliers auraient déjà atteint un taux de précision impressionnant de 93,06% sur un ensemble de données équivalentes à des questions d’examen de licence médicale américaine couvrant les principales maladies respiratoires.
Un domaine d’expertise sans doute inspiré par la dernière pandémie de Covid-19. L’équipe de l’université a ainsi déclaré à la presse chinoise que son système d’IA pourrait à terme simuler et prévoir diverses situations comme l’émergence, la propagation et le confinement de maladies infectieuses, dues à des bactéries ou des virus, eux, bien réels.