Institut Cervantès d’Oran : «La semaine de la musique» clôturée dans la fusion avec le chant flamenco

26/06/2023 mis à jour: 02:21
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Paco Del Pozo et Wafa Oudjit

La semaine de la musique organisée dans le cadre de la fête de la musique par l’Institut Cervantès à Oran s’est terminée avec un très beau spectacle animé par le duo Wafa Oudjit et Paco del Pozo.

Une prestation inédite mais qui a séduit un public nombreux venu apprécier les moments de fusion entre la musique algérienne et le chant flamenco. Silhouette effilée, vêtue de noir et d’or, la chanteuse algérienne entre la première pour entonner les premières mélodies espagnoles.

Derrière la beauté de la voix se dessine une maitrise parfaite de la langue et c’était suffisant pour accrocher un public qui la découvre pour la première fois. Celui-ci sera entièrement conquis lorsque son complice fait son entrée pour exhiber ses capacités vocales mais surtout montrer d’emblée à quel point le chant flamenco très expressif, y compris corporellement, se vit de l’intérieur.

Une troisième partie de ce premier opus est interprétée en duo, ce qui ajoute à la magie du moment. Il s’en est suivi des flots d’applaudissements particulièrement rassurants pour les deux artistes qui allaient enchainer les morceaux face à un public désormais tombé sous le charme. «Finalement je suis à Oran !» a lancé, ravie, la chanteuse algérienne, une manière de dire que cela fait longtemps qu’elle caressait le rêve de se produire dans cette ville qui a produit des chanteurs qui, entre autres, ont bercé sa prime jeunesse.

C’est le cas avec Cheb Hasni dont on a d’abord repris et adapté le titre «Dak el mahroumayechmadhloum». Une expérience réussie avec des chants combinés qui ont donné de nouvelles saveurs à la chanson. Une voie ouverte, lorsque les mélodies s’y prêtent, à d’autres adaptations du même genre et c’est le cas même avec l’oriental, la chanteuse algérienne étant à l’aise sur plusieurs registres. 

«El marsem», un classique de la chanson traditionnelle de l’Oranie, repris presque par tous les chanteurs, y compris les anciens comme le regretté Blaoui El Houari, n’a pas échappé à la règle.

Place juste après au chant flamenco pur et dur, la spécialité de Paco del Pozo qui a enchanté le public avec des complaintes à couper le souffle. Mais lui aussi, déjà ouvert à d’autres tendances musicales, aime faire l’ambiance et c’est chose faite avec une rumba évoquant Cuba et le climat des caraïbes qui ne laisse pas indifférent car cette musique est aussi intimement liée à la danse. 

La danse est aussi le souci de Wafa qui à maintes reprises exhibe quelques pas. Elle  revient après sa pause  pour interpréter plusieurs autres chansons dont «wahran wahran» de Ahmed Wahbi, la version reprise par Khaled.

Polyglotte quadrilingue, elle a également invité le public à se déhancher sur les rythmes chaoui avec le traditionnel «ya Salah» déjà interprété par des chanteuses comme Theldja ou Houria Aichi et sur les rythmes de Kabylie avec le traditionnel «Ay Azerzour» d’abord enregistré en son temps par la regrettée Cherifa. 

Imprévu, la soirée s’est terminée avec «Dor biha», un autre style de rythme, là aussi typiquement maghrébin repris par plusieurs chanteurs. Avec cet enchainement, l’ambiance qui était à son comble ne pouvait que ravir les artistes. «C’est une soirée extraordinaire, nous avons passé un moment agréable avec un public plein d’énergie et que nous remercions», nous a déclaré Wafa Oudjit à l’issue de la performance.

«Cela fait dix ans que je suis installée en Espagne, j’ai, ajoute-t-elle, beaucoup travaillé notamment avec les musiciens pour créer cette fusion avec le chant  flamenco et donc tout va bien d’autant plus que je viens d’éditer un premier album». 

Dans son pays le chanteur madrilène, est également connu pour ses performances vocales et là il a l’occasion de se produire pour la première fois en Algérie, d’abord à Alger toujours en duo dans le cadre du festival européen de musique et ensuite à Oran avec Cervantès. 

«Le concept est original, à Alger nous avons chanté dans une grande salle mais là c’est plus restreint, presque familial et donc plus intime», explique Paco Del Pozo, encore sur le coup de l’émotion. 

«Je suis surpris par la chaleur humaine et la générosité des gens», ajoute-t-il avant d’évoquer l’expérience de cette fusion : «Cela a été relativement facile mais il fallait beaucoup de travail des deux côtés. Wafa est venue avec un répertoire traditionnel algérien et nous avons cherché dans le flamenco des morceaux qui pouvaient être fusionnés». 

Pour lui, finalement et de toutes les façons, la musique est transcendante et elle est faite pour le partage. «Elle contribue, résume-t-il, à rassembler les gens au-delà des contingences».           

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