Instantané - «Démacadamisation» et retour au repavage…

03/11/2024 mis à jour: 09:15
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On se rappelle les beaux pavés anciens en porphyre, granit ou en grès, aux tons gris-bleus et gris-beige, qui tapissaient joliment les grandes avenues, boulevards, esplanades et autres espaces publics de la capitale et même les ruelles et venelles de l’ancienne médina.

Ce revêtement tambouriné qui date du XIXe siècle était de différents formats – rectangulaires et en petits pavés mosaïque – et avait la particularité de résister au gel et aux intempéries. Plus, le pavage non maçonné présente l’avantage de rendre, selon les spécialistes de l’aménagement urbain et de l’environnement, la route plus perméable à l’eau : les pluies engorgeant moins les réseaux de tout-à-l’égout et contribuant, par conséquent, moins aux inondations et donc à la sécheresse, car nourrissant la nappe superficielle. La voie carrossable de certaines artères de la capitale était revêtue de pavé au même titre que les caniveaux qui séparaient le trottoir de la chaussée.

A partir des seventies, presque tous les tronçons pavés du centre-ville d’Alger et de sa périphérie ont laissé place au macadam. La pierre bouchardée avait fini par être enfouie sous l’asphalte qui gagnait au fil des ans les axes routiers de la ville, les abords des habitations et nombre de chemins, au moment où le pavage des chaussées a commencé à connaître un regain d’intérêt en Europe, surtout avec le développement des voies piétonnes au cœur des grandes cités urbaines.

Et c’est de bonne guerre si les autorités locales ont décidé de «démacadamiser» pour repaver certaines rues dans les secteurs sauvegardés de la Casbah. Faute de tailleurs de pierres, l’administration a fini par recourir à du pavé fin prêt, débité par une manufacture, à partir du granit, que les tâcherons chargés de sa pose épaufrent par endroits.

Aussi, l’on s’interroge si certaines opérations de revêtement sont pavées de bonne intention, car on a toujours à l’esprit cette image des belles pièces de pavé qui servaient de caniveaux, du côté de la rue Mohamed-Bencheneb et qui, après avoir été enlevées, il y a une vingtaine d’années, pour être remplacées par du vulgaire mortier, n’ont pas connu une autre destination !

L’on assiste ces jours-ci au «déterrement» des anciens pavés le long de la rue Ahmed-Bouzrina, pour ne citer que cette voie, pour leur substituer le nouveau matériau, alors que le maître d’ouvrage aurait pu faire dans l’économie, en  prenant soin de «débitumer» juste  la chaussée et réajuster les anciennes pierres rectangulaires… Toujours est-il que le pavé carrossable se conserve dans le temps avec son charme de l’ancien en apportant du cachet et de l’authenticité à nos villes où le trafic se veut toujours aussi dense.

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