Industrie intégrée : Booster la sous-traitance, un impératif absolu et non plus une option

14/05/2023 mis à jour: 04:16
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Photo : D. R.

Booster les relations de sous-traitance entre les entreprises nationales industrielles, grandes entreprises, PMI et micro entreprises, renforcer le tissu industriel et substituer la production locale aux importations, tel est l’objectif assigné au Salon national inversé de la sous-traitance Sanist, dont la 6e édition devrait se tenir du 22 au 25 mai 2023, à l’initiative de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), en partenariat avec la Safex.

Au pavillon «S» du Palais des expositions (Alger) sont attendues plusieurs dizaines d’entreprises et opérateurs intervenant dans la filière de la sous-traitance, la plupart de gros calibres, issus d’un peu partout d'Algérie mais aussi de l’étranger. Et la Chambre de commerce et d’industrie CCI Seybouse Annaba n’entend pas laisser les opérateurs économiques de la région en marge de cette grande manifestation, perçue comme étant une petite éclaircie contrastant avec la morose conjoncture ambiante de ces derniers temps dans le monde de la sous-traitance local, essentiellement due au ralentissement de l’activité industrielle.

Les préparatifs vont bon train à la SNTF, Cital, Ferrovial, Sonelgaz, ENMTP, Sider El Hadjar, Entreprise portuaire de Annaba (EPA), Fertial… ainsi que chez nombre de PME activant dans divers secteurs de l’industrie tels que l’agroalimentaire, le bâtiment, les travaux publics (BTP), la construction navale, ainsi que des start-up fournissant des services et logistique etc., avons-nous appris des responsables de la CCI Seybouse, pour tirer profit de l’opportunité que leur offre le Sanist.

Ce carrefour d’échange et de partage de quatre jours où se rassembleront donneurs et preneurs d’ordres et s’exposeront des offres complètes de produits, d’équipements, de services et de solutions en matière de sous-traitance industrielle. Démarche commerciale à promouvoir et à développer davantage pour l’édification d’une industrie nationale solidement et durablement intégrée.

Désormais, pour les entrepreneurs, ce concept n’est plus un choix ou une option mais un impératif absolu car susceptible de les aider à se focaliser sur l’essentiel de leur métier en faisant appel à des intervenants spécialisés et qualifiés. Le Salon d’Alger sera, à ce titre, l’une des meilleures tribunes où ces derniers seront confrontés aux donneurs d’ordres, la finalité étant d’étendre leurs réseaux respectifs et la multiplication de pépinières à travers tout le territoire national.

La diversification de celles déjà existantes est un autre objectif que se fixe le Sanist 2023. Se distinguant par leur caractère ultra spécialisé et ultra-dépendant, les PME intervenant dans le domaine de la sous-traitance pourraient, en effet, à cette occasion, explorer les possibilités de renforcer leurs capacités tout en restant spécialisées. Pour cela, il leur suffit d’être plus offensives et d’oser le pas vers de nouvelles branches, les plus demandeuses, sûres et prometteuses, à l’image de celles liées à l’industrie ferroviaire, au machinisme agricole, déjà bien installées, ou à l’automobile, industrie naissante, car auparavant l’on se contentait de décharger et de monter ce qui s’importait par containers.

D’ailleurs, deux des plus grands constructeurs européens, présents en Algérie depuis des années mais en tant que simples assembleurs, préférant confier la structuration de la chaîne de valeurs à leurs traditionnels équipementiers, comptent de vastes réseaux de sous-traitants à capitaux locaux qui rapportent au voisin de l’Ouest, où ils sont industriellement implantés, plus de 500 millions d’euros/an, et ce, grâce aux commandes issues de plus de 160 usines de production, de petites, moyennes et grandes tailles, pour un chiffre d’affaire dépassant les 5 milliards d’euros/an.

En l’espace de quelques années, la part de marché des équipementiers localisés passera de 40 à… 65%. Mieux, en 2018, par exemple, un chiffre d’affaires record de 7 milliards d’euros avait été réalisé grâce aux ventes à l’étranger des véhicules produits localement. Ce qui représente environ 30% du total des échanges commerciaux. Et la filière de la sous-traitance ayant à son actif 10% du chiffre d’affaires global, font ressortir les statistiques officielles du royaume.

Encore mieux, à partir de 2023, la marque tricolore au losange projette d’acheter l’équivalent de 1,5 milliard d’euros/an de pièces «made in Morocco» pour les besoins de ses usines marocaines et à l’étranger. C’est dire que l’italien Fiat, pour ne citer que celui-ci, devrait être la «star» de la 6e édition du Sanist.

Lui qui s’est engagé à donner le coup de starter à l’édification d’une véritable industrie auto nationale et faire, ainsi, oublier le fiasco et le triste tropisme du passé. Pour matérialiser l’ambition automobile, les potentialités et les capacités techniques, humaines et matériels existent, la volonté politique y est aussi, il suffit de «décrasser» le moteur de la sous-traitance industrielle, des vieilles pratiques et barrer la route aux velléités, hautement malveillantes, d’ici et d’ailleurs, pour qu’il puisse, enfin, se mettre en marche.


 

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