A l’image de l’usine Fiat d’Oran, une dizaine d’autres projets d’usines seront lancés. Les autorités ainsi que les industriels travaillent de concert pour mettre en place un écosystème industriel performant et durable.
L’Algérie se prépare à prendre le grand virage dans le secteur de l’industrie automobile nationale. Une démarche qui a été amorcée durant l’année 2023 dans le cadre de la relance du secteur automobile du pays. Bien que ces deux dernières années ont été marquées par une dynamique en dents de scie liée particulièrement au dossier de l’importation de véhicules neufs, le paysage automobile n’a pas été pour autant mortifère.
Si l’on s’attarde à dresser un bilan, le paysage automobile du pays a été doté de quelque 250 000 nouveaux véhicules. En détail, il s’agit de 180 000 véhicules neufs importés dans le cadre de l’exercice 2023, 5122 véhicules de moins de trois ans importés durant toute l’année 2023 et 13 621 voitures de moins de trois ans en 2024.
Ajouter à cela 24 000 véhicules produits localement par l’usine Fiat d’Oran. Une statistique de vente qui marque un bond qualitatif par rapport à la période qui s’étale entre 2018 et 2022, mais qui reste au demeurant très faible par rapport aux attentes du marché. Selon les estimations des experts du secteur, les besoins du marché en automobile devraient s’élever annuellement autour de 500 000 véhicules, tous segments confondus.
C’est dans cette optique que l’Algérie ambitionne de mettre sur les rails une véritable industrie automobile à partir de cette année, afin de poser les jalons et les fondements solides sur lesquels pourrait compter le secteur automobile du pays.
A compter d’abord sur l’usine Stellantis d’Oran (Fiat) qui, faut-il le dire, a montré, depuis son lancement en décembre 2023 à ce jour, ses atouts indéniables à offrir une véritable industrie automobile au pays, basée sur des produits aux standards exigés, un tissu de sous-traitance local et un taux d’intégration locale important. Mais l’année 2025 promet beaucoup pour la filière industrielle automobile.
A l’image de l’usine Fiat d’Oran, une dizaine d’autres projets d’usines seront lancés. Dans la même perspective, le constructeur chinois Chery annonce, lui aussi, le lancement de la production locale de véhicules pour la fin de l’année après avoir obtenu l’accréditation pour la construction de son usine.
Compétitivité et disponibilité
Cette dernière, implantée dans la zone d’activité de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, produira à la fois des voitures de tourisme et des véhicules utilitaires légers. Renault Algérie Production, qui s’est mis totalement en conformité pour une prochaine relance, ambitionne même «d’être un acteur majeur dans la transformation technologique de l’industrie automobile en Algérie», grâce notamment à «son usine connectée, équipée de nouvelles technologies et d’une unité de recherche et de développement».
A l’image de la marque française qui a l’avantage de posséder toute la logistique sur les lignes de production, l’usine Kia de Batna (appartenant avant au groupe Glovitz), placée actuellement sous la coupe de l’entreprise Fondal (filiale d’Imetal sidérurgie métallurgie), apporte, elle aussi, les dernières retouches avant son lancement prévu pour l’année en cours. Il y a également la marque coréenne Hyundai, qui a manifesté son intérêt à réaliser une usine en Algérie. Cette marque a un délai de 24 mois pour le lancement effectif de son projet pour la fabrication de voitures touristiques.
Pour rappel, les responsables de la marque automobile Hyundai ont effectué un déplacement en juillet 2024 en Algérie pour faire part de leur disposition à la mise en place d’une usine, conformément aux normes internationales, pour le lancement de la production de 3 modèles de véhicules touristiques et 2 types de véhicules utilitaires.
Une autre usine de fabrication de véhicules de la marque chinoise Jetour devra être réalisée dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, et sa première voiture sortira des lignes de production en décembre 2025, avait annoncé le président-directeur général de la Sarl Revolva, représentant officiel de la marque en Algérie. Le constructeur chinois Baic prépare le retour à la production dans son usine de Batna.
Après une interruption en 2020, le site a été modernisé pour se conformer aux nouvelles exigences. Baic prévoit d’augmenter progressivement la part d’intégration locale à 30% dans les cinq prochaines années. D’autres usines vont également voir le jour et lancer leur production. C’est le cas de l’usine de la marque JAC Motors.
Ce projet de fabrication de voitures touristiques et utilitaires de la marque JAC dans la wilaya de Aïn Témouchent, à travers une joint-venture entre le groupe chinois JAC et Emin Auto, enregistre un taux d’avancement important. Sa capacité totale est estimée à 100 000 voitures/an en pleine exploitation, dont 40% seront destinés à l’exportation.
D’autres marques, spécialisées dans la fabrication de véhicules utilitaires tels que le coréen Daewoo et Shacman, les engins agricoles et les deux-roues, sont également sur les starting-blocks. L’Algérie semble déterminée à relancer sa production automobile. Les projets se multiplient, et les autorités ainsi que les industriels travaillent de concert pour mettre en place un écosystème industriel performant et durable.
Les nouvelles dispositions entreprises par les hautes autorités, bien qu’elles soient draconiennes, aspirent à faire table rase du passé, se départir de la mauvaise image des «hangars de gonflage de pneus» et revaloriser cette filière pour redynamiser le secteur automobile et venir à bout d’une demande en constante augmentation.
Par Aziz Kharoum
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