-Vous êtes dans le projet d’un film, Poupiya, sur le choc entre deux générations. Une sortie en 2024 ?
Peut-être. (Rires). On n’est pas encore dans le projet, on est sur le projet d’être dans le projet d’un film.
-L’argent octroyé par l’ex-Fdatic va-t-il être suffisant ?
On a toujours eu à Thala films de très petits budgets, ce qui ne nous a pas empêchés de faire des films, même si on est obligés de se sacrifier, on ne se paye pas nous-mêmes, mais on a toujours relevé le défi. Par contre, cette fois, je ne sais pas si on pourra le faire, parce que le budget est vraiment faible, mais on va essayer.
470 millions de dinars pour 12 long métrages, chacun sait combien il a eu maintenant et tout le monde a eu la même aide ?
Oui, on le sait maintenant, même si certains ont eu un peu plus, d’autres un peu moins, en gros, je pense qu’ils ont pris le budget global et l'ont divisé pour les 12 projets. Mais il nous manque entre 60 et 80% pour faire notre film, et si on ne trouve pas le complément, je pense qu’on va quand même essayer de le faire, même si ça va se faire au rabais.
-Qu’est-ce qui coûte cher dans un film ?
Les gens pensent en général tournage, alors que c’est surtout la préparation qui consomme du budget, recherche de lieux, de comédiens, on ne sait pas trop ce qu’on veut faire, le temps qu’on y met, des gens qu’on paye à la semaine sans être sûrs de ce qu’on obtient. Sinon, pour le côté technique, il y a des caméras aujourd’hui, il y a des amis qui peuvent nous les prêter, ce n’est pas un problème. C’est donc la préparation qui coûte cher, avec la post-production, bien sûr.
-Justement, beaucoup vont en Turquie, en France ou en Tunisie pour la post-production
Ce n’est pas un problème de matériel, c’est un problème de compétences, il y a très peu de bons professionnels et on a toujours fait la post-production nous-mêmes, comme pour Abou Leïla où c’est Amine Sidi Boumediène qui a fait le montage de son film. Pour l’étalonnage, il y a peut-être deux personnes qui savent étalonner ici, et quand tu sais étalonner une publicité, ce n’est pas comme étalonner un film, de même qu’étalonner un documentaire, ce n’est pas comme étalonner une fiction, ce sont des spécialités qu’on n’a pas ici.
-Quand on voit les génériques de films, ingénieurs du son, directeurs photo, ce sont les mêmes qui tournent dans les films, 4 ou 5 pas plus…
Oui, et quand il y a beaucoup de films en tournage, c’est compliqué, il faut les réserver à l’avance, tout le monde est pris. Il n’y a pas d’école, pas de formations, on est dans une situation précaire. Cela dit, je suis contre l’idée de faire un film 100% algérien comme si c’était un argument de vente, je n’ai aucun mal à utiliser des collaborateurs étrangers, la nationalité n’est pas le plus important si on veut tel directeur photo par exemple, on le prend, dans le monde entier c’est comme ça, quand on veut le meilleur film possible, comme dans le sport, on tente de ramener les meilleures équipes possibles, quelle que soit la nationalité des membres.
-On peut faire des films sans argent ?
On peut toujours faire des films, on peut prendre exemple sur des réalisateurs, comme Cassavetes qui a fait des chefs-d’œuvre avec peu d’argent ; en fait, la priorité n’est pas l’argent-même qui est très important, mais il vient en deuxième, après l’énergie. Il faut prendre le temps de bien écrire, de réécrire, avant de penser au financement.
-Dernière question, si tu arrêtes le cinéma, tu fais quoi ?
(Rires). Franchement, si j’arrête, j’ouvre une maison d’hôte à Timimoun et j’irai vivre tranquillement loin des problèmes.
Propos recueillis par Chawki Amari
Rectificatif
La semaine dernière, le réalisateur Nabil Djedouani a été présenté comme «fondateur des archives du cinéma algérien» alors qu’il est plus précisément «fondateur des archives numériques du cinéma algérien».