Un hommage lui a été rendu à l’opéra d’Alger dimanche soir : Akli Yahiatène… une voix sans aucune égratignure

18/04/2023 mis à jour: 04:38
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Elégant comme à son habitude, à peine appuyé sur une canne, l’artiste Akli Yahiatène, 93 ans, a animé sa soirée-hommage, organisée dimanche par l’Opéra d’Alger à son honneur.

Très à l’aise, sans fausse note, avec beaucoup d’émotion et sans aucun oubli, il entame sa partie par son éternelle chanson Ya lmenfi. Un défit pour lui, surtout qu’il n’est pas habitué à synchroniser son rythme avec l’orchestre symphonique de l’Opéra d’Alger, sous la direction du maestro Lotfi Saïdi. Une chanson que son public interprète soigneusement avec lui avec beaucoup de nostalgie.

Il chante aussi Selith f- Mohamed, choisie à l’occasion d’une soirée ramadanesque et aussi Ammi. Sans complexe mais avec beaucoup de regrets, il s’excuse de quelques oubliés de paroles. «J’ai grandi», lance-t-il au public qui était là pour combler ce «vide».

Mais c’est surtout la chanson Saknin ledjbal (Les habitants des montagnes) qui a fait vibrer la salle que le chanteur n’était pas en mesure de terminer. Très chargée de parole mais aussi très rythmée.  L’hommage à l’artiste était magnifiquement assuré par deux chanteurs kabyles, à savoir Fardi Ferragui et Abbas Ait Rezine.

Une interprétation et une voix presque identiques et surtout sans faute. Sous les applaudissements du public, très restreint, Abbas Ait Rezzine, il entame son hommage par la chanson Chaqani mahadren-felli et il interprète, entre autres, Jahagh Bezaf damazyan.

Une magnifique chanson qui raconte la souffrance et la solitude d’un étranger loin de sa patrie et de chez lui, une chanson que tout le public récite avec lui comme d’ailleurs l’incontestable Zrigh zine  di Michelet (J’ai vu la beauté à Michelet).

Une chanson où l’artiste parle de la beauté des villages kabyles et de ses villageois. Abass Ait Rezzine interprète aussi avec son aoud pour son public une des siennes Ith ghzife-th ayidh (La longue nuit).

Vient ensuite l’artiste Farid Ferragui pour lui rendre un bel hommage : «La culture c’est ce qu’il reste quand on a tout oublié.» Une manière pour lui de dire que Yahiatène est un patrimoine qui doit être soigneusement préservé.

Un doyen de la chanson algérienne. Un devoir, dit-il. D’abord, il a choisi d’interpréter la chanson Azerzour puis Lfiraq Iw3ar (la dure séparation), une chanson qui raconte les différents entre les frères. Farid Ferragui, très habitué à son aoud et à son rythme, «avertit» ensuite son public qu’il «s’aventura à interpréter une des merveilleuse chanson de Akli Yahiatène» : une chanson d’amour Uliw-iguma ak-mittu (Mon cœur ne veut pas t’oublier).

Il n’était pas sûr de pouvoir aller jusqu’au bout… Car techniquement, elle est compliquée à interpréter, surtout que c’est la première fois qu’il monte sur scène avec un orchestre. A l’aide du maestro Lotfi Saïdi, le défi devient une brillante réussite avec les applaudissements du maestro. Il prend enfin son instrument pour chanter Alhdem lkhir ilwaldine (Prends soins des parents).

Akli Yahiatène a tracé un long parcours artistique avec un répertoire musical qui a inspiré de nombreux artistes. Il est né à Boghni à Tizi Ouzou, il s’est exilé en France où il vit de petits métiers. Plus tard, il fera la rencontre d’illustres compositeurs et chanteurs de son époque comme Slimen Azem, Zerrouki Allaoua et Cheikh El Hasnaoui qui ont aiguisé sa passion pour la chanson.

Artiste et moudjahid, emprisonné à plusieurs reprises par les autorités coloniales pour avoir contribué à la collecte de fonds au profit du Front de libération nationale (FLN), il ne se détache pas pour autant de la musique, mais se consacre davantage à ses nombreuses compositions à succès qui l’ont fait connaître auprès d’un large public. 

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