Au moins 500 Palestiniens sont tombés en martyrs dans une frappe israélienne ayant touché l’enceinte d’un hôpital de la ville de Ghaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Le supplice des habitants de la bande de Ghaza, en état de siège et menacée d'une catastrophe humanitaire, se poursuit pour le onzième jour de représailles israéliennes incessantes. Les hôpitaux, débordés, font tout leur possible pour soigner des milliers de blessés malgré les bombardements.
Le ministère palestinien de la Santé dans la bande de Ghaza a annoncé, hier, que les hôpitaux étaient désormais dans un «état de quasi-effondrement» à cause de la coupure d’électricité, mettant en garde contre une «catastrophe humanitaire», suite à l'épuisement des stocks de médicaments, des consommables médicaux et du carburant, a rapporté l’agence turque Anadolu.
Le ministère a émis «un appel de détresse urgent à tous les propriétaires de stations-service et à toute personne possédant un litre de diesel pour qu'ils contactent immédiatement le ministère de la Santé ou appellent son numéro gratuit (103), afin de sauver la vie des blessés et des malades». Le ministère palestinien de la Santé a fait savoir que l'hôpital Al Karama, dans le nord de la bande de Ghaza, est désormais hors service en raison des bombardements israéliens.
Dans un autre communiqué, le ministère de la Santé a fait état d’environ 3000 martyrs et plus de 12 500 blessés depuis le début de l’agression israélienne. Au moins 200 Palestiniens sont tombés en martyrs dans une frappe israélienne ayant touché l’enceinte d’un hôpital de la ville de Ghaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Dans un communiqué, il fait état de «200 à 300 martyrs», tués dans un bombardement ayant touché l’enceinte de l’hôpital Ahli Arab, situé dans le centre-ville, ajoutant que «des centaines de victimes se trouvaient sous les décombres», sans préciser si elles étaient mortes ou blessées.
Au moins six personnes, qui s'étaient abritées dans une école gérée par l'agence de l'ONU pour les réfugiés dans la bande de Ghaza, ont été tuées dans un raid israélien, selon l'Unrwa. Ghaza et ses 2,4 millions d'habitants, pour moitié des enfants, courent à une «vraie catastrophe», a mis en garde, avant-hier, Ahmed Al Mandhari, directeur de l'OMS pour la Méditerranée orientale basé au Caire, cité par l’agence suisse ATS.
«Des cadavres ne peuvent pas être pris en charge de façon appropriée» dans les rues et les hôpitaux, «les services en fonctionnement sont totalement saturés : les soins intensifs, les salles d'opération, les services d'urgence et autres», a-t-il détaillé.
Car ils manquent de tout, «il n'y a pas d'eau propre» et, surtout, «l'OMS a recensé que 111 infrastructures médicales ont été visées, 12 cadres soignants ont été tués et 60 ambulances visées», et «cela va contre le droit international et les principes de l'humanité», a-t-il dénoncé.
«Il y a 22 hôpitaux qui traitent plus de 2000 patients dans le nord de la bande de Ghaza, certains sous respirateurs, certains ayant besoin de dialyses régulières, des enfants, des nourrissons et des femmes», a souligné Ahmed Al Mandhari, alors que les Israéliens continuent d'exhorter les Ghazaouis à quitter le nord de Ghaza pour le sud du territoire.
Partout, du nord au sud, «les réserves médicales sont quasiment à sec au point que les cadres soignants peuvent dès maintenant préparer les certificats de décès des patients», s’est alarmé Al Mandhari. «Les médecins doivent maintenant prioriser les patients qui arrivent. Ils n'ont pas d'autre choix, il y a trop de monde, donc certains sont laissés à une morte lente», dit-il encore. «Il reste 24 heures d'eau, d'électricité et de carburant, selon l'ONU, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, après ce sera la vraie catastrophe pour tous les habitants de la bande de Ghaza», a-t-il relevé.
Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) a affirmé, hier, qu’il ne restait plus que quatre à cinq jours de nourriture dans les magasins de la bande de Ghaza, bombardée sans répit.
«Dans les magasins, les réserves (de nourriture) sont de quelques jours, peut-être quatre ou cinq jours», a indiqué une porte-parole du PAM, Abeer Etefa, lors d'un point de presse à Genève, en visioconférence depuis Le Caire, alors qu'un accord sur l'entrée de l'aide piétine depuis des jours. «Les magasins rencontrent d'énormes difficultés pour se réapprovisionner dans les entrepôts», qui eux disposent encore de réserves alimentaires mais «se situent dans la ville de Ghaza, dans le nord de la bande de Ghaza», a-t-elle expliqué.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a mis en garde, hier, Israël contre un «transfert forcé de civils» à Ghaza, indiquant qu'une évacuation temporaire doit remplir des conditions, dont la mise à disposition d'un logement. Des centaines de milliers de Ghazaouis démunis sont massés dans le Sud, près de la frontière avec l'Egypte, alors qu'Israël a coupé les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture.
Selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, à ce jour, «environ 400 000 personnes déplacées sont hébergées dans divers endroits», y compris dans les bâtiments de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés (Unrwa). Alors qu'Israël se prépare à une offensive terrestre contre l’enclave palestinienne, une intense activité diplomatique se poursuit pour tenter d'éviter que la guerre n'embrase la région mais aussi pour épargner les civils, privés d'aide humanitaire.
Le point de passage de Rafah, seule ouverture de la bande de Ghaza à ne pas être contrôlée par Israël, reste fermé, rendant impossible l'entrée de l'aide d'urgence. Des convois d'aide stationnés dans le Sinaï, en Egypte, ont cependant pris la route vers Rafah sans qu'il soit possible de savoir si la frontière allait être rouverte.
Le président américain, Joe Biden, se rendra aujourd’hui en Israël pour une visite de «solidarité», qui vise aussi à débloquer l'acheminement de l'aide vers la bande de Ghaza. La visite a été annoncée par le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à l'issue d'une nuit d'entretiens-marathon à Tel-Aviv avec le Premier ministre, Benyamin Netanyahu.
Et ce alors que l'Iran a menacé d'une possible «action préventive» contre Israël si le pays maintient son projet d'offensive terrestre contre dans la bande de Ghaza. Martin Griffiths, chargé des situations humanitaires d'urgence à l'ONU, devait arriver aussi, hier, au Proche-Orient pour aider aux négociations sur l'acheminement de l'aide à Ghaza.