Un aïd sanglant en Palestine occupée : Une clinique de l’UNRWA bombardée

03/04/2025 mis à jour: 05:40
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Selon les autorités sanitaires de Ghaza, 63 morts ont été recensés depuis l’aube de ce mercredi 2 avril après des raids intensifs des forces d’occupation sionistes - Photo : D. R.

L’actualité tragique de ces derniers jours à Ghaza, c’est également cette boucherie qui a coûté la vie à 15 secouristes qui n’avaient plus donné signe de vie depuis le 23 mars, et dont les corps ont été découverts dimanche dernier dans une fosse commune à Tell Al Sultan, près de Rafah. Ils ont été enterrés ce lundi, premier jour de l’Aïd, au milieu d’une grande émotion.

Pour la deuxième année consécutive, la bande de Ghaza a vécu un Aïd abominable. Depuis la rupture unilatérale de la trêve par Israël le 18 mars, en plein Ramadhan, le territoire palestinien assiégé a replongé dans l’horreur, et pas un seul jour n’est passé sans son lot d’atrocités. Dans la continuité de ce feuilleton macabre, l’Aïd El Fitr a été endeuillé par des tueries ininterrompues.

Hier, pas moins de 19 personnes dont 9 enfants ont péri dans un bombardement israélien qui a ciblé une clinique médicale de l’UNRWA à Jabaliya, rapporte l’agence Wafa. «Des avions de guerre israéliens ont lancé des raids sur une clinique de l’UNRWA abritant des personnes déplacées dans le camp de Jabalia, dans le nord de la bande de Ghaza, ce qui a entraîné le martyr de 19 citoyens, dont 9 enfants, et des dizaines de blessés, et a déclenché un début d’incendie dans le bâtiment.

Des vidéos de la clinique montrent les corps des martyrs, dont des enfants, démembrés et carbonisés, y compris celui d’une petite fille dont la tête a été séparée du corps», affirme l’agence d’information palestinienne. Au sud de l’enclave, «les équipes médicales et celles de la Défense civile du gouvernorat de Khan Younès ont récupéré les corps de 12 martyrs», révèle la même source. Les victimes étaient ensevelies sous les décombres d’habitations civiles qui ont été bombardées, précise Wafa.

Selon les autorités sanitaires de Ghaza, 63 morts ont été recensés depuis l’aube de ce mercredi 2 avril après des raids intensifs des forces d’occupation sionistes qui ont visé différents secteurs du territoire martyrisé. Un bilan diffusé avant-hier par le ministère de la Santé palestinien fait état de 1042 morts et plus de 2500 blessés depuis la reprise des frappes israéliennes, faisant au total 50 399 morts depuis le 07 octobre 2023.

15 secouristes retrouvés dans une fosse commune

L’actualité tragique de ces derniers jours à Ghaza, c’est également cette boucherie qui a coûté la vie à 15 secouristes qui n’avaient plus donné signe de vie depuis la semaine dernière, et dont les corps ont été découverts le dimanche 30 mars à Tall Al Sultan, près de Rafah. Ils ont été enterrés ce lundi, soit le premier jour de l’Aïd au milieu d’une grande émotion.

Ce groupe de sauveteurs comprenait huit membres du Croissant-Rouge palestinien, six membres de l’unité d’urgence de la Défense civile de Ghaza et un employé de l’UNRWA. «Ils ont été tués par les forces israéliennes alors qu’ils menaient une mission de sauvetage à Rafah, dans le sud du territoire palestinien.

Leurs corps ont été retrouvés dimanche, enterrés dans une fosse commune improvisée et apparemment labourée par les bulldozers des forces de l’Etat hébreu. Ils étaient portés disparus et présumés morts depuis le dimanche précédent, le 23 mars», écrit lemonde.fr. Le Croissant-Rouge palestinien accuse l’armée israélienne de les avoir abattus de «sang froid».

«Les travailleurs de santé ne devraient jamais être une cible, et pourtant, nous sommes ici aujourd’hui, en train de déterrer un charnier de secouristes et d›auxiliaires médicaux», s’insurge Jonathan Whittall, chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) pour la Palestine dans un message publié dimanche dernier sur X.

«Il y a sept jours, les ambulances de la Protection civile et du Croissant-Rouge palestinien sont arrivées sur les lieux. L’un après l’autre, ils ont été frappés. Leurs corps ont été rassemblés et enterrés dans cette fosse commune», a-t-il ajouté.

D’après lui, les secouristes étaient en uniforme et gisaient près de leurs ambulances et véhicules de secours. Il a fallu une semaine entière de recherches pour les localiser. «L’un des membres de l’équipe est toujours porté disparu», signale l’ONU. Il s’agit d’un médecin du Croissant-Rouge palestinien, selon l’AFP.

«Nous sommes à court de mots»

Réagissant à ce carnage, le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk s’indigne. «Je condamne l’attaque menée par l’armée israélienne contre un convoi médical et d’urgence le 23 mars, qui a entraîné la mort de quinze membres du personnel médical et humanitaire à Ghaza», a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé mardi. «La découverte de leurs corps huit jours plus tard à Rafah, enterrés près de leurs véhicules détruits et clairement identifiés, est profondément troublante.

Cela soulève des questions importantes quant à la conduite de l’armée israélienne pendant et après l’incident», fait remarquer le responsable onusien. «Mes services ont, à plusieurs reprises, fait part de leurs préoccupations concernant la détention et l’assassinat de personnel médical et d’urgence à Ghaza, qui travaille dans des conditions extrêmement difficiles», a ajouté déploré Volker Türk, alertant sur le fait que «des centaines d’entre eux ont été tués au cours des 18 derniers mois».

«Cet incident doit faire l’objet d’une enquête indépendante, rapide et approfondie et les responsables de toute violation du droit international doivent rendre des comptes», a-t-il insisté. «Ces personnes ont été abattues», accuse de son côté Jens Laerke, porte-parole du bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). «Normalement, nous ne sommes pas à court de mots. Nous sommes des porte-paroles. Mais il est parfois difficile de les trouver.

C’est le cas aujourd’hui», soupire-t-il. M. Laerke s’exprimait lors d’un point de presse animé mardi à Genève, et dont les propos ont été relayés par Onu-Info, le service d’information des Nations unies. Une équipe de secours de l’OCHA près du camp de réfugiés de Tall Al Sultan, a diffusé pendant cette conférence de presse des vidéos «montrant un véhicule de l’ONU, des ambulances et un camion de pompiers emboutis et ensablés par l’armée israélienne», indique ONU-Info.

Israël va s’accaparer de «vastes territoires» de Ghaza

«Ils étaient là pour sauver des vies», martèle Jonathan Whittall, le chef du bureau des affaires humanitaires de l’ONU pour la Palestine. Selon l’UNRWA, 408 travailleurs humanitaires, dont plus de 280 membres de son personnel, ont été tués à Ghaza depuis le 7 octobre 2023. Parallèlement à la poursuite de ses vagues d’attaques meurtrières, Israël a annoncé hier l’extension de ses opérations militaires pour s’emparer de «vastes territoires» de la bande de Ghaza qui «seront annexés aux zones de sécurité d’Israël». C’est ce qu’a affirmé hier Israël Katz, le ministre de la Défense de l’Etat hébreux.

Voici sa déclaration in extenso, telle que citée dans les médias israéliens : «L’opération Force et glaive s’étend, avec une évacuation à grande échelle de la population de Ghaza des zones de combat, pour écraser et nettoyer la zone des terroristes et de leurs infrastructures et s’emparer de vastes territoires qui seront annexés aux zones de sécurité de l’État d’Israël pour la protection des forces combattantes de Tsahal et des localités israéliennes.»

Dès le 21 mars, soit trois jours après la rupture de la trêve, Katz avait donné l’ordre à l’armée sioniste de «saisir davantage de territoires à Ghaza», menaçant d’annexer l’ensemble du territoire assiégé si le Hamas refusait de libérer les otages.

Ces prises de territoire ont clairement pour objectif de resserrer l’étau sur la population locale pour l’obliger à sortir de l’enclave. Elles visent également à provoquer une rupture entre la population palestinienne et le Hamas. C’est ce que laissent entendre les déclarations du ministre israélien de la Défense quand il dit : «J’appelle les habitants de Ghaza à agir maintenant pour chasser le Hamas et rendre tous les otages.» 

Sahara occidental : Le Conseil de sécurité tiendra le 14 avril une réunion d’information

Le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra le 14 avril  une réunion d’information et des consultations à huis clos, sur les derniers développements au Sahara occidental occupé par le Maroc depuis 1975. Le Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental et chef de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), Alexander Ivanko, et l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, sont les intervenants attendus lors de cette réunion. Pour rappel, le 31 octobre 2024, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2756, prorogeant le mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire.

La question fondamentale pour le Conseil onusien est de parvenir à une solution juste durable et mutuellement acceptable, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. La situation des droits humains au Sahara occidental demeure notamment un sujet de préoccupation pour les membres du Conseil de sécurité de l’ONU.

Dans son dernier rapport sur la MINURSO, publié le 1er octobre 2024 et couvrant les développements de l’année précédente, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’était dit, «préoccupé» par le manque d’accès «persistant» du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) au Sahara occidental.

«Le HCDH n’a pas pu se rendre au Sahara occidental pour la neuvième année consécutive malgré de multiples requêtes officielles et en dépit de la résolution 2703 (2023) dans laquelle le Conseil de sécurité encourage un renforcement de la coopération, notamment par la facilitation de ces visites», avait-il alors déploré.

 

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