Trump, va-t-en- guerre économique et politique

10/04/2025 mis à jour: 05:29
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Dépassant les règles et les bornes admises, Trump a d’abord choqué le monde entier par sa nouvelle politique douanière, qui a donné lieu à un brusque et bruyant cataclysme, essaimant partout, inattendu et bouleversant. Puis en pervertissant la démocratie séculaire chez lui, en soulevant, à travers l’Amérique, une vague insoupçonnée de mécontents qui ont envahi la rue pour exprimer leur colère et montrer leur opposition, rejoints, dans la contestation, par le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, qui a déclaré : «Le droit de douane, mis en place, va probablement augmenter l’inflation, risque d’accroître le chômage et de ralentir la croissance aux Etats-Unis.»

Message déplaisant pour le locataire de la Maison-Blanche, qui a, déjà au début de ce mandat, dévoilé cette jactance (personne qui manifeste avec arrogance et emphase la haute opinion qu’elle a d’elle même) qui ose convoquer contre lui  toute une partie de la population, dont l’excitation incendiaire dénote d’une fracture sociétale, d’un malaise que Trump aura du mal à gérer. Les nouveaux exclus ont submergé les principales avenues des grandes villes américaines. «Les malheurs d’un peuple, disait Hérodote, aigrissent les caractères et les oreilles sont choquées de toute parole forte.» Celui qui blâme les faiseurs de troubles semble insulter leurs malheurs.

Ces manifestants ont compris que derrière l’outrance de langage de leur Président, se cache son désir d’appliquer son projet visant à détrousser la classe moyenne et les défavorisés, candidats, malgré eux, à l’exclusion. Pour eux, le monde préconisé par Trump est une véritable jungle ! Et qu’il le conçoit comme une puissance intouchable, en oubliant ses servitudes, en risquant de fissurer l’équilibre de la société et sa cohésion, qui du reste est peu prête à accepter ses coups de boutoir économiques !

Ceux qui le connaissent bien savent qu’il s’est érigé, depuis son premier mandat, comme une star inspirée de ses années télé, où ses shows étaient appréciés. Il dégaine facilement, parle «vrai», comme disent les médias, utilise la métaphore, qui, en politique, a le même rôle que le fanatisme en psychanalyse. Elle permet de faire l’économie de la réalité. Précisément, la réalité, Trump feint de l’ignorer, se braquant sur son objectif, allant, droit dans ses bottes, sans écouter personne.

Ses amis et parfois même ses adversaires peuvent se rejoindre sur un point. Le personnage n’avance pas masqué. Il est carré. Il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Chez lui, la pensée et l’action sont immanentes. Pour s’en convaincre, retour sur son invraisemblable «duel» avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en direct en mondovision, où il a enfreint toutes les règles, tous les tabous, tous les codes, toute bienséance et courtoisie.

Ses vues sur le déterminisme génétique, en matière de délinquance, s’accordent mal avec le libéralisme, dont il se réclame, car avant d’être une doctrine économique, le libéralisme est d’abord une philosophie de la liberté et de la responsabilité individuelles. Quant à ses prises de positions politiques, nul besoin de philosopher pour deviner qu'elles sont l’émanation de ses intimes convictions de manager de l’immobilier luxueux où il n’a connu que des réussites. Mais a-t-il tenu compte de la conjoncture complexe et complexifiée du monde ?

Les Etats-Unis ne sont pas actuellement au mieux de leur forme, ayant perdu leur privilège impérial et la capacité de protecteur, vu le recul de la puissance de leur armement, le danger qui pèse sur le monopole de paiement en dollar, qui n’est plus une monnaie de réserve pour certains. En somme, le leadership américain a dégringolé. Même dans ces contextes de lourdes gravités, comme au Moyen-Orient, à Ghaza, en Europe ou en Asie, Trump s’illustre par ses suspectes proximités, ses dictatoriales visées annexionnistes, ses défis à l’ONU, qui vont à contre-courant de la réalité et de l’histoire.

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