On ne sait si Mark Burnett, le roi de la téléréalité est, oui ou non, content de son œuvre. C'est lui qui, le premier, est à l'origine de l'ascension prodigieuse de Donald Trump, permettant à ce dernier de pénétrer le monde des médias.
En le propulsant animateur d'une série de reality show The Appendice, diffusée depuis 2004, pénétrant ainsi les foyers américains, si friands de ce genre de distraction, cette émission très regardée consiste en des entretiens d'embauche, à l'issue desquels les candidats sont engagés ou licenciés en direct ! Businessman super doué, spécialisé dans l'immobilier luxueux, Trump a su incarner, sans conteste, tout autant le fantasme du milliardaire que l'image de l'Américain moyen. Hyper Connu grâce à la télé, sa notoriété est allée crescendo, en grandissant.
Ayant acquis cette assise, il ne pouvait que consolider son audience pour aspirer au pouvoir suprême à portée de main. Surtout que l'Amérique blessée attendait un sauveur, j'allais dire un messie, du fait d'une conjoncture abîmée à la veille de 2017, dont l'invulnérabilité a été secouée par les attentats du 11 septembre 2001, l'enlisement des guerres dans lesquelles elle s'est impliquée, y laissant des plumes, sans compter la grande crise économique de 2008, qui s'est soldée par un déclin, dont les traces sont indélébiles.
Face au mécontentement de ses concitoyens, Trump était prêt à relever le défi, après l'exercice du premier président noir Barack Obama, décevant, n'arrivant même pas à réduire la fracture raciale. La radicalité était nécessaire, selon les affidés républicains et Trump l'a fait savoir en 2016, lors de sa campagne où on lui a fait jouer avec son assentiment le rôle d'Attila, chevauchant «tel un bison dans la prairie comme un taureau, dans un rodéo, comme le shérif dans un western». Comme il est entier et sans fioritures, il joue son rôle en voulant démentir Bismark (1815-1898), chancelier de Prusse et auteur de la réunification de l'Allemagne, peu amène envers les Yankees. «Les Américains ont la chance d'avoir, au Nord et au Sud, des voisins faibles, à l'Est et à l'Ouest, des poissons.»
Première mesure de Trump : haro sur l'immigration, cette patate chaude que démocrates et républicains se repassent depuis toujours, malgré le Mur et les menaces itératives. Imprégné de la psychologie de ses coreligionnaires, le nouveau ancien Président n'a cessé de clamer, haut et fort, depuis sa venue en politique, les haranguant. «Je serais le porte-drapeau de votre colère», ajoutant : «Le grand problème de ce pays c'est le politiquement correct.»
C'est sans doute appuyé sur ce principe qu'il a entamé son mandat par la signature de dizaines de décrets, dont le premier est le durcissement de la position du pays en matière de migrations. Retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris sur le changement climatique (ce qu'il avait fait lors de son premier mandat en 2017) et de l'Organisation mondiale de la Santé.
Sans oublier de gracier près de 1500 de ses partisans condamnés pour l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021, il a aussi acté que les Etats-Unis ne reconnaissaient que deux sexes, masculin et féminin, définis à la naissance et que les aides fédérales pour renforcer la diversité seraient aussi supprimées.
De quoi faire jaser dans les milieux concernés. Quelle est l'idéologie de Trump en tentant d'en savoir plus sur ce qui guide l'homme le plus puissant du monde ? Réponse claire et cinglante de l'intéressé lui-même dans son livre L'art de la négociation : «Il faut boucler celle-ci au mieux de ses intérêts.»