Trump, gros nuages sur le monde

22/01/2025 mis à jour: 14:45
343

Le monde arabe devrait-il redouter Donald Trump ? Oui, s’il faut s’en tenir à ses premières mesures après son investiture et ses déclarations antérieures. En levant toutes les contraintes sur les forages d’hydrocarbures sur le sol américain, le nouveau Président compte inonder  les marchés mondiaux de pétrole et de gaz américains et  réserver ainsi  l’essentiel des parts du marché mondial aux compagnies du pays. 

En même temps, il cherche à  faire  s’effondrer les prix au bénéfice des consommateurs américains. Il  défie ainsi  les principaux  producteurs dans le monde, en premier la Russie,  les monarchies de Golfe  et  un certain nombre de producteurs moyens un peu partout dans le monde, parmi eux l’Algérie. Notre pays serait relativement épargné du fait de sa production modeste placée généralement dans plusieurs pays européens, notamment à travers des contrats à  long terme qui stabilisent les quantités et les tarifs. Et les Américains devront tenir compte des  réactions d’autodéfense des pays  exportateurs susceptibles de riposter à travers leurs cartels (OPEP et OPAEP) et   leurs importantes productions dont le monde a besoin.  

Cependant, Trump devra tenir compte des contextes politiques et géopolitiques en pleine mutation, avec  la Russie qu'il  compte ramener à la table des négociations avec l’Ukraine, et  avec  les capitales du Golfe  qu'il ambitionne d’intégrer dans les accords d’Abraham dont il est à l’origine. Le premier pays visé est  l’Arabie Saoudite, qui a posé l’ exigence fondamentale de la création d’un Etat palestinien,  le second, le  Qatar passerelle entre les Palestiniens et les Israéliens. Aussi,  avec Moscou, Riyad et Doha, Donald Trump devra faire attention de ne pas trop brusquer sur les questions liées au  gaz et au  pétrole. Ces capitales arabes ne toléreront pas une atteinte à leurs  principales ressources. 

La marge de Donald Trump est étroite au Moyen-Orient dans le nouveau contexte marqué par la libération des otages détenus par le Hamas après l’affaiblissement du Hezbollah et la mise hors course de la Syrie. Si  Donald Trump n’a pas  encore dévoilé toute sa stratégie, il a néanmoins pris diverses mesures en faveur de Tel-Aviv. Il a gracié des colons de Cisjordanie sanctionnés par l’administration Biden pour leurs exactions à l’encontre des Palestiniens et  désigné deux  inconditionnels  de la colonisation israélienne, le nouveau secrétaire d’Etat  et  l’ambassadeur américain en Israël.  

Il ne peut être qu'en  phase avec  le bloc  républicain aux congrès  pro Netanyahu  et  qui  a inondé en armes et en dollars l’opération génocidaire à Ghaza et la destruction d’une partie du Liban. Avec en point de mire l’affaiblissement de l’Iran  pour que ce pays ne joue  plus  aucun rôle dans la guerre entre Israël et les Palestiniens, au Liban, en Syrie et en Irak. Son programme nucléaire sera particulièrement visé et il  devra s’attendre à un  durcissement des sanctions à son encontre, dont  Israël en sera  le principal bénéficiaire. En fin de compte,  Donald Trump  ne fera  que poursuivre en direction d'Israël  ce qu' a fait son prédécesseur qui a  déversé, sans compter, armes et dollars.   Washington usera  aussi de  son arme  favorite qui est le  droit de veto au Conseil de sécurité  pour  contrecarrer toutes les tentatives internationales de régler la question palestinienne  dans sa substance fondamentale qui est le décolonisation du territoire.  

Le coût  humain terrifiant de  Ghaza ne pèsera pas dans la balance par rapport aux intérêts du sionisme mondial.  Il  est  de  47 000 morts, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants, plus de 100 000 blessés et la destruction de plus de 80% des infrastructures de l’enclave. C’est  pour cela que le pessimisme est de rigueur sur la  question des  «deux Etats»  en Palestine qui fait pourtant  consensus à l’échelle internationale, y compris  au  sein des  alliés occidentaux de Washington. 

On voit mal Trump  aider à déloger le demi-million de colons israéliens installés en Cisjordanie pour faire place au retour  des Palestiniens et s’opposer frontalement à la doctrine  du  «grand Israël»,  le  rêve sioniste de toujours, bien ancré aux Etats-Unis et qui converge avec l’idée de la «grande Amérique» dominatrice du monde par tous les moyens. Donald Trump vient de la remettre  sur selle    et  la brandir comme une grande cause de son administration. 

Gros nuages sur le monde, y compris sur l’Europe que le nouveau Président veut vassaliser et sur la Chine  mal vue pour sa  concurrence économique.  

Copyright 2025 . All Rights Reserved.