Les combats de missiles et de roquettes entre l’armée israélienne et des groupes armés palestiniens de Ghaza ont repris hier après une nuit relativement calme en l’absence de percée des efforts de médiation égyptiens en vue d’un cessez-le-feu, rapporte l’AFP.
En début d’après-midi, la défense antiaérienne israélienne est entrée en action contre des dizaines de roquettes tirées de la bande de Ghaza après de nouvelles frappes aériennes israéliennes contre ce territoire et les funérailles d’Iyad Al Hassani, commandant militaire du Jihad islamique, tué la veille par un missile israélien.
Depuis le déclenchement mardi d’une opération militaire israélienne contre le Jihad islamique, 33 Palestiniens ont été tués dans les affrontements entre l’armée israélienne et des groupes armés palestiniens de Ghaza, et une octogénaire israélienne a été tuée jeudi par l’explosion d’une roquette sur son immeuble à Rehovot, dans le centre d’Israël.
Dans le nord de la Cisjordanie, deux combattants palestiniens de la branche armée du Fatah, mouvement du président de l’Autorité palestinienne, ont été tués hier matin lors d’un raid de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse.
L’Egypte, médiateur traditionnel entre les belligérants, s’active pour obtenir une trêve qui mettrait fin à l’escalade de violence entre Ghaza et Israël, la plus grave depuis août 2022. Selon une source palestinienne proche des pourparlers, «l’Egypte a présenté vendredi soir une nouvelle formule de cessez-le-feu», mais aucune trêve n’a été annoncée depuis lors.
A la mi-journée, les Brigades Al Qods, branche militaire du Jihad islamique, ont fait part de la continuation de leurs «tirs de missiles sur les villes» israéliennes «face à la poursuite des assassinats et des bombardements» israéliens sur des zones habitées.
Washington a «fermement condamné» vendredi soir les tirs de roquettes sur Israël à partir de Ghaza et «insisté sur l’urgence de parvenir à un accord de cessez-le-feu». Le Jihad islamique est une «organisation terroriste» tant pour les Etats-Unis, l’Union européenne que pour Israël.
Comme les jours précédents, les habitants de la ville Ghaza se terrent chez eux, les rues sont vides, les commerces sont fermés, à l’exception de quelques pharmacies ou supermarchés.
Côté israélien, les sirènes d’alerte à la roquette ont retenti régulièrement depuis le début de la journée dans les zones limitrophes de la bande de Ghaza où la population vit depuis mardi dans des abris. Parmi les morts côté palestinien figurent six commandants militaires du Jihad islamique directement visés par Israël, de même que des combattants de ce mouvement et d’autres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), autre groupe armé palestinien.
Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a indiqué vendredi soir avoir confirmé la mort d’au moins 13 civils parmi lesquels sept mineurs. L’armée israélienne affirme que quatre civils, dont trois mineurs, ont été tués par des roquettes palestiniennes tombées sur Ghaza.
Au total, selon l’armée, près de 1100 roquettes ont été tirées vers Israël, dont environ 300 ont été interceptées par le système de défense anti-aérien, qui ne se déclenche normalement que lorsque les roquettes menacent des zones habitées.
La bande de Ghaza, territoire exigu miné par la pauvreté et le chômage où vivent 2,3 millions de Palestiniens, est soumise à un blocus israélien depuis la prise de contrôle du mouvement islamiste Hamas en 2007.
Le territoire a été le théâtre de plusieurs guerres avec Israël depuis 2008. En août 2022, trois jours d’affrontements entre Israël et le Jihad islamique ont causé la mort de 49 Palestiniens, dont au moins 19 enfants, d’après l’ONU. Plus d’un millier de roquettes avaient été tirées de Ghaza vers Israël, faisant trois blessés.
Controverse
Par ailleurs, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s’est insurgé hier contre la perspective d’un blocage de l’aide financière à l’Autorité palestinienne en raison de contenus jugés haineux et antisémites dans les manuels scolaires palestiniens. «L’Autorité palestinienne est dans une situation limite et elle risque la faillite si les financements de l’UE sont bloqués.
En tant que haut représentant, je ne le permettrai pas», a-t-il affirmé à Stockholm, où il participe depuis vendredi à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE. L’aide de l’UE représente 300 millions d’euros par an. Josep Borrell s’oppose ainsi à son collègue, le Hongrois Oliver Varhelyi, commissaire européen en charge de la politique de voisinage, qui a annoncé vendredi que la Commission allait financer «une deuxième étude sur les manuels scolaires palestiniens» pour vérifier leurs contenus, à la suite d’une requête des eurodéputés.
Le Parlement européen a demandé de nouveau mercredi à ce que «le soutien financier de l’Union à l’Autorité palestinienne dans le domaine de l’éducation soit soumis à la condition que les contenus des manuels (scolaires) soient alignés avec les normes de l’Unesco», «que toutes les références antisémites soient supprimées, et que les exemples incitant à la haine et à la violence soient retirés». «Nous avons un intérêt commun à assurer à la prochaine génération une éducation qui soutient la paix et la coexistence», a tweeté Oliver Varhelyi.
«Cette affaire est déjà traitée par la Commission et le Service d’actions extérieures avec l’Autorité palestinienne. Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle étude, ni de rien qui retarde le versement de l’aide financière dont l’Autorité palestinienne a besoin», a rétorqué Josep Borrell. «Le versement de l’aide européenne a déjà souffert de retards il y a deux ans, et cela a eu pour conséquence de priver des personnes d’une assistance nécessaire», a-t-il observé. «Il n’est pas question de chercher des excuses pour bloquer cette aide financière. Sur ce point je suis ferme», a-t-il averti.
Les fonds pour 2023 n’ont pas encore été versés, et ce versement relève d’une décision collégiale de la Commission, a indiqué une porte-parole européenne.