La conjoncture géopolitique doit nous inciter, selon M. Menouar, à aller vers une consommation intelligente et responsable.
Hacène Menouar, président de l’association El Aman, décrypte les tendances de consommation durant cette première semaine de Ramadhan. Il a constaté que malgré la stabilité des prix, l’inflation représente toujours un fardeau supplémentaire à supporter. Il plaide pour l’implantation de grandes surfaces commerciales et exhorte les autorités à réguler la publicité dans le secteur audiovisuel.
La Sonelgaz est une entreprise publique économique (EPE) qui a l’avantage d’avoir le monopole, donc n’a pas de concurrent et qui génère beaucoup de bénéfices, même si elle a des difficultés financières à cause de créances non payées.
-Quelle analyse faites-vous de la structure des prix des produits de large consommation durant ce mois du Ramadhan ? Il faut dire d’abord que ce Ramadhan a été pénible pour les consommateurs algériens. Il survient deux ans après la crise sanitaire qui a ruiné certaines entreprises. Bon nombre d’Algériens se sont retrouvés sans travail, d’autres avec des revenus inférieurs qu’auparavant. Il y a eu la crise économique et financière mondiale. Cela a impacté les revenus des ménages, parce que nous sommes toujours restés dépendants des marchés internationaux même pour nos aliments les plus nécessaires et les plus largement consommés.
-Le Ramadhan de cette année va-t-il être différent des années précédentes ? Le Ramadhan de cette année ne va pas être différent des autres années précédentes malgré tous les changements politiques qui ont eu lieu dans notre pays et les crises qu’on a un peu partout, que ce soit la crise économique en général, le lendemain de la crise sanitaire et la crise entre la Russie et l’Ukraine, nous continuons hélas à être nous-mêmes, c’est-à-dire à se préparer pour le Ramadhan comme si on se préparait à une guerre que ce soit de la part des pouvoirs publics qui parlent à chaque veille du Ramadhan d’approvisionner le marché, organiser des marchés de proximité provisoire appelés «marchés de la Rahma», de parler du renforcement du contrôle et du côté du consommateur, c’est aussi la préparation pour s’approvisionner pour faire des stocks, acquérir tout ce qu’il faut acquérir en termes de produits alimentaires avec très peu de confiance vis-à-vis de la régulation du marché, avec beaucoup de frénésie qui atteint son apogée menant aux pires excès et avec beaucoup de pression sur certains produits de première nécessité (huile, tomate concentrée, frik, semoule, farine).
Hacene Menouar, président de l’association El Aman, dresse un bilan sans complaisance sur notre mode de consommation, surtout pendant le dernier mois de Ramadhan. A ses yeux, malgré la brutale chute du pouvoir d’achat et une crise économique persistante, l’Algérien ne s’est pas totalement débarrassé du gaspillage. Par ailleurs, les pénuries de certains produits ont suscité un mouvement de panique difficilement contrôlable. Un éclairage qui doit inspirer les pouvoirs publics pour prendre les bonnes décisions.
La crise économique et la chute du pouvoir d’achat sont très perceptibles. Evidemment, quand il y a un problème avec le pouvoir d’achat, il y a automatiquement un décalage qui se crée entre les classes sociales. On est en train de voir qu’il y avait une classe dite moyenne qui se retrouve un cran en dessous de celle dite moyenne, qu’on pourrait qualifier de classe de nécessiteux.