- Dans cette période exceptionnelle de forte canicule, les citoyens ont dénoncé des coupures d’électricité de la part de Sonelgaz. Quelle analyse faites-vous de la situation ?
La Sonelgaz est une entreprise publique économique (EPE) qui a l’avantage d’avoir le monopole, donc n’a pas de concurrent et qui génère beaucoup de bénéfices, même si elle a des difficultés financières à cause de créances non payées. Cependant, c’est une entreprise qui a eu tous les moyens et tous les avantages pour se développer, ce qui est très apparent et qu’on a ressenti ces dernières années. Il y a une excellente couverture en termes de branchement de gaz et d’électricité, technologiquement, l’entreprise s’est développée notamment sur le plan humain.
Lors des deux dernières réunions annuelles qu’on a eues avec la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG) avec les premiers responsables de Sonelgaz, ils nous avaient promis en tant qu’association des consommateurs que la production de l’énergie dépassera très largement la demande ; donc on n’a plus ce problème de production qu’on avait il y a 10 ans.
Aussi en termes de transport d’énergie et de distribution, beaucoup d’infrastructures ont été refaites afin de ne pas tomber dans les problèmes de délestage, surtout et malheureusement, il a fallu que cette année, il y ait cette période de grandes chaleurs pour se retrouver dans des situations de coupures.
Parfois, ils disent que ce sont des postes transformateurs qui sont défaillants, parce qu’il fait très chaud et parfois, c’est le délestage carrément pour pouvoir faire face à la demande ou au pic de consommation de l’énergie électrique causée par l’utilisation peut-être irrationnelle des climatiseurs pendant cette période.
- Ne croyez-vous pas qu’avec une meilleure communication, le consommateur aurait été plus compréhensif ? Le pic peut-il justifier des coupures sans la moindre explication
Nous en tant qu’association, on est dans une situation où on ne voudrait pas essayer de trop comprendre, qu’il y ait un pic, qu’il n’y en ait pas, qu’il fasse chaud, que les consommateurs aient ou non une bonne culture de consommation, qu’ils gaspillent ou pas, le plus important, c’est que le consommateur paie sa facture d’électricité, un contrat avec Sonelgaz le jour du branchement, où il est noté que la société se fait payer pour un abonnement trimestriel (90 jours d’abonnement), il va falloir assurer la continuité du service.
Aussi, on paie l’énergie fournie, on n’a pas le droit d’être coupé sauf accident, dans ce cas on doit non seulement être informé quand il est possible et pour les cas de ces derniers jours, on aurait pu nous informer parce que le délestage est un acte volontaire, c’est un débranchement, une disjonction. On aurait pu d’abord informer, il y a tous les moyens possibles, même si l’information arrive un peu tard pour nous les consommateurs, c’est une expression de respect par rapport aux engagements des uns et des autres.
Dans plusieurs cas, quand le consommateur ne paie pas sa facture, Sonelgaz envoie directement des agents agréés qui sont même pas agents Sonelgaz pour couper l’électricité et dans la majorité des cas, il n’y a même pas de préavis. Il y a des gens qui sont partis en vacances et au retour, ils se sont retrouvés sans électricité, parce qu’ils avaient cru avoir payé par internet et le paiement n’a pas atteint la caisse de Sonelgaz qui envoie carrément des agents qui coupent l’électricité.
Les gens retrouvent les produits décongelés et doivent courir auprès de Sonelgaz pour être réalimenté en énergie. Ils n’ont pas le droit d’agir de cette manière et la moindre des choses est de s’excuser et de proposer un dédommagement ne serait-ce que symbolique pour qu’on sente en tant que consommateur que les choses ont changé avec le changement de l’Algérie, qu’il y ait du respect !
Sonelgaz doit se considérer comme une entreprise qui gagne de l’argent grâce au consommateur, on doit avoir ce minimum de respect d’être informé ou s’excuser avec un petit mot dans les médias pour dire que Sonelgaz s’excuse pour le désagrément causé. Il ne faut pas que cela passe comme çà et qu’à chaque réunion, on nous dise que c’est l’une des meilleures entreprises et qu’elle est même prête à exporter l’énergie vers l’extérieur.
On peine en 2023 et dans les grandes villes d’Algérie, on a un problème de stress, il continue à faire très chaud et tout le monde a peur de ces coupures d’électricité qui causent beaucoup de dégâts ; non seulement, il y a des machines qui se détériorent, tout le monde ne connaît pas ses droits pour aller plaider, tout le monde ne garde pas les bons et les factures d’achat pour aller demander d’être remboursé ou dédommagé.
- Y a-t-il d’autres craintes, si la situation venait à perdurer surtout que d’autres vagues de chaleur sont annoncées par Météo Algérie ?
Aussi, tous les produits qu’on a dans les congélateurs, passé un certain moment quand le frigo est éteint, il faut tout jeter. Malheureusement, les Algériens n’ont pas tous cette culture et le courage de jeter la viande et les poissons congelés.
En tant qu’association, on craint que cette situation va provoquer des intoxications alimentaires, surtout lorsqu’il s’agit de viande, sachant que l’Aïd El Adha a été fêté récemment, connaissant la coutume des Algériens de stocker un peu de viande, car elle coûte trop cher. Ils la consomment et cela va faire du mal. Plus grave, certains recongèlent la viande après le retour de l’énergie électrique et cela aura un impact négatif sur la santé.