La conjoncture géopolitique doit nous inciter, selon M. Menouar, à aller vers une consommation intelligente et responsable.
Hacène Menouar, président de l’association El Aman pour la protection des consommateurs, invité de la rédaction de la radio Chaîne 3, est revenu sur plusieurs thèmes d’actualité. Il a salué la décision relative à l’augmentation des salaires de l’ordre de 47% ainsi que les pensions de retraite, précisant que «depuis des années, on disait que pour arriver à améliorer le pouvoir d’achat, il fallait aussi améliorer les revenus.
Donc au-delà de la maîtrise des prix, on avait toujours réclamé qu’il y ait un meilleur équilibre, un meilleur ajustement des salaires pour que les Algériens puissent faire face à leurs dépenses quotidiennes.
Chose qui a commencé à se faire depuis quelques mois, en attendant d’autres mesures pour améliorer encore davantage le pouvoir d’achat parce que le déficit est important». Il ajoute : «Nous comprenons très bien que la situation de la trésorerie ne permet pas d’aller directement vers des augmentations plus importantes.
Depuis trois années, on avait fait une étude en tant qu’association et on avait estimé qu’une famille de cinq personnes, pour vivre dignement, devait avoir un revenu de 100 000 DA minimum par mois. C’est pour cela que l’augmentation de 47% et les petites augmentations pour les retraités vont devoir aussi être rallongées, améliorées à l’avenir pour atteindre ce revenu moyen de 100 000 DA».
Selon lui, nous sommes actuellement à moins de 50 000 DA comme salaire moyen. Ainsi, s’il y a deux personnes qui travaillent dans une même famille, ça pourrait aller. Dans le même contexte, il met en exergue : «Nous avons profité des subventions et des actions sociales. Mais si on doit parler de l’avenir, il y a beaucoup de choses à revoir dans cette politique.
C’est un travail parallèle qu’il faudrait faire avec l’augmentation de revenus pour donner cette subvention aux ménages qui en ont le plus besoin. Une subvention ciblée.
Et c’est pour cela que l’association El Aman attend toujours les résultats du recensement économique, mais aussi le recensement de la population pour avoir des fiches techniques pour chaque ménage, pour chaque personne, savoir ce qu’on touche comme salaire, quels sont les modes de vie, le nombre de personnes en charge, les personnes qui ont des enfants scolarisés, ceux qui sont à l’université, les personnes malades, pour déterminer le montant de la subvention pour chaque ménage.
Visibilité
«Il faut avoir cette visibilité impérativement aujourd’hui surtout qu’on est dans un contexte d’accélération du processus de numérisation». Revenant sur le mois de Ramadhan, il le qualifie d’exceptionnel en termes de maîtrise et de disponibilité des produits et de prix. «On voudrait que cela continue. Il faudrait préparer aussi le Ramadhan prochain, la saison estivale et la rentrée sociale».
Pour lutter contre l’anarchie et la non-maîtrise de la disponibilité des produits de large consommation, il va falloir qu’il y ait un réseau de distribution professionnel. Pour cela, l’Etat devrait réaliser des infrastructures de distribution, libérer des assiettes foncières importantes dans nos villes pour les privés et pour les opérateurs qui le désirent.
A travers les supermarchés, on va avoir une bonne traçabilité des produits, du producteur jusqu’au consommateur. Et c’est aussi là qu’on pourrait introduire la numérisation pour qu’il y ait une meilleure maîtrise de la régularisation.
Il faut avoir aussi de grands marchés de gros à travers tout le territoire national. L’invité de la rédaction a, par ailleurs, signifié que «dans des circonstances bien définies, on fait des importations d’appoint. Cette solution est facile mais nous coûte très cher en termes de devises.
Il faudrait penser à produire ces mêmes produits chez nous et aller vers la diversification». La conjoncture géopolitique doit nous inciter, selon lui, non seulement en tant que pouvoir public, mais en tant que consommateur, à aller vers une consommation intelligente et responsable.
Autre dossier abordé : l’absence de chiffres, de statistiques et d’études. «C’est pour cela que nous avons essayé de mener nous-mêmes quelques études, notamment sur la consommation des Algériens.
Le Conseil national de la concurrence devrait être aussi un espace pour engager toutes ces enquêtes et ces sondages d’opinion sur la consommation», mais déplore-t-il «il est totalement désactivé. On attend justement des pouvoirs publics qu’ils le relancent avec le Conseil national de la protection des consommateurs».