Des combats opposant l’armée aux paramilitaires depuis près de quatre mois au Soudan ont eu lieu hier dans différents quartiers de Khartoum et dans une région du Darfour, ont rapporté des habitants de ce pays pauvre d’Afrique de l’Est.
Théâtre dans les années 2000 d’une guerre civile, le Darfour est le fief des Forces de soutien rapide (FSR). Le général Daglo, alors à la tête des miliciens arabes Janjawid, y a mené la politique de la terre brûlée contre des minorités ethniques sur ordre de l’ex-dictateur Omar El Béchir.
Les combats se sont longtemps concentrés à Al Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest où l’ONU soupçonne des «crimes contre l’humanité». Plusieurs sources ont fait état de massacres de civils et d’assassinats à caractère ethnique au Darfour, imputés aux paramilitaires et aux milices arabes alliées.
Selon le laboratoire en recherche humanitaire de l’Université américaine de Yale, au moins 27 localités du Darfour ont été incendiées par les FSR et des milices arabes alliées.
«La férocité et l’intensité des violences sont au moins équivalentes à celles observées pendant le génocide au Darfour en 2003-2004», a estimé Nathaniel Raymond, directeur de ce laboratoire qui collabore avec le Conflict observatory. «Les FSR et les milices alliées avancent méthodiquement et rapidement sans rencontrer aucun obstacle.
Elles choisissent l’heure et le lieu et attaquent pour liquider les civils», a affirmé le chercheur qui travaille de longue date sur le Soudan.
De l’autre côté de la frontière, à Adré, ville de l’est du Tchad «plus de 358 000 réfugiés sont arrivés» depuis le début du conflit le 15 avril, d’après Médecins sans frontières. L’ONG tire la sonnette d’alarme sur ces camps qui ne sont «pas prêts à accueillir toutes les personnes qui y ont été relogées.
Elles sont donc exposées au soleil et à la pluie, et ne disposent pas de suffisamment de nourriture, d’eau et même de matériel de cuisine. Les besoins sont énormes et les ressources très limitées», a expliqué Susanna Borges, coordinatrice d’urgence de MSF au Tchad.
Le conflit au Soudan a fait au moins 3900 morts en près de quatre mois. Le général Abdel Fattah Al Burhane, chef de l’armée, est apparu lundi à la télévision officielle soudanaise dans une rare vidéo où il a dénoncé «la plus grande conspiration de l’histoire moderne» du Soudan et a promis de bientôt célébrer «une victoire définitive sur la rébellion brutale» menée par son rival, le général Daglo, alors que des experts prévoient une guerre longue.