Des centaines de Soudanais ont fui hier Nyala, au Darfour-Sud, attaquée par les paramilitaires qui affrontent depuis quatre mois l’armée soudanaise, rapporte l’AFP.
Au Darfour (ouest), qui avec Khartoum concentre l’essentiel des combats, des centaines de personnes ont été déplacées de Nyala, chef-lieu du Darfour-Sud et deuxième ville du Soudan, où «des roquettes tombent sur des maisons», rapporte un habitant.
Selon d’autres témoins, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont attaqué Nyala avec des «dizaines de véhicules militaires» tandis que «des centaines d’habitants fuient les tirs d’artillerie qui s’intensifient».
Théâtre dans les années 2000 d’une guerre civile, le Darfour est le fief des FSR. Les combats se sont longtemps concentrés à El Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest où l’ONU soupçonne des «crimes contre l’humanité». Plusieurs sources ont fait état de massacres de civils et d’assassinats à caractère ethnique au Darfour, imputés aux paramilitaires et aux milices arabes alliées.
Au début des années 2000, le général Daglo, alors à la tête des miliciens arabes Janjawid, a mené la politique de la terre brûlée contre des minorités ethniques au Darfour sur ordre de l’ex-dictateur Omar El Béchir. Selon le laboratoire en recherche humanitaire de l’Université américaine de Yale, au moins 27 localités du Darfour ont été incendiées par les FSR et des milices arabes alliées.
«La férocité et l’intensité des violences sont au moins équivalentes à celles observées pendant le génocide au Darfour en 2003/2004», estime Nathaniel Raymond, directeur de ce laboratoire qui collabore avec le Conflict observatory. «Les FSR et les milices alliées avancent méthodiquement et rapidement sans rencontrer aucun obstacle. Elles choisissent l’heure et le lieu et ils attaquent pour liquider les civils», a affirmé le chercheur qui travaille de longue date sur le Soudan.
Des combats ont également lieu à Omdourman, la banlieue nord de Khartoum. Depuis le 15 avril, le conflit opposant les FSR à l’armée dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhane a fait au moins 3900 morts, un bilan très sous-estimé en raison du chaos, des tirs croisés et des communications coupées dans de grands pans du pays. Plus de quatre millions de personnes ont dû fuir leur maison.