L’Etat donne tout l’air de vouloir reprendre en main l’audiovisuel afin d’y mettre de l’ordre. Le secteur est caractérisé par l’anarchie. C’est encore plus valable en ce mois de Ramadhan.
C’est en tout cas ce qui ressort de la récente rencontre de Mohamed Laagab, ministre de la Communication, avec les directeurs des chaînes de télévision publiques et privées.
L’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel (Anira) avait rappelé les chaînes de télévision à respecter les dispositions légales et réglementaires relatives à la publicité audiovisuelle, après avoir constaté des «coupures publicitaires prolongées» pratiquées par la majorité des chaînes.
Ce phénomène s’étend au-delà des limites acceptables, a-t-elle fait remarquer. Le ministre est allé dans le même sens, critiquant ouvertement «le non-respect par la majorité des chaînes de télévision des normes internationales régissant cet aspect, d’autant plus que celles-ci se sont transformées de chaînes d’information à des chaînes d’annonces publicitaires».
Il a relevé dans ce contexte que le temps de diffusion des spots publicitaires «a dépassé dans plusieurs chaînes 45 minutes non-stop», suscitant l’agencement des téléspectateurs qui préfèrent regarder les chaînes nationales durant ce mois sacré. Une publicité de plus en plus envahissante.
Il faut reconnaître que le retard dans la promulgation de la loi relative à la publicité entretient les ambiguïtés et sème la confusion.
Ce vide est malheureusement exploité par les chaînes pour passer le maximum de pubs alors que dans de nombreux pays, le volume de programmation (volume global et concentration sur une plage horaire donnée) et donc de pression publicitaire est très encadré.
«Il existe des normes internationales qui régissent le domaine de la publicité qu’il faut respecter, dans l’attente de la promulgation du cahier des charges et de l’installation de l’autorité de régulation en la matière», a précisé le ministre. Il exige de «remédier à cette dérive dans les meilleurs délais» et avertit que «les pouvoirs publics ne resteront pas passifs». Ce discours envoie un avertissement à peine voilé.
Le ministre de la communication constate, en outre, d’autres dépassements. «Certains feuilletons comportaient des scènes injustifiées qui ne correspondent pas à l’esprit du mois sacré et aux coutumes de la société.
Ces scènes auraient pu être supprimées sans avoir un impact sur le déroulement de la production dans son ensemble». Il ajoute qu’il «ne s’agit pas des sujets abordés par ces feuilletons, mais plutôt de la manière dont ils sont traités qui est dénuée de toute créativité».
Selon lui, les scénarios donnent l’impression parfois qu’ils encouragent les fléaux sociaux, tels que la drogue, au lieu de sensibiliser sur leurs dangers.
Sans faire dans la nuance, il déclare que les directeurs des chaînes de télévision ont «la pleine responsabilité concernant le contrôle du contenu des programmes avant leur diffusion». Il faut reconnaître, toutefois, que les feuilletons tels que «El Barani», «El Rihane» ou «Dar Lefchouche» reflètent les transformations et les évolutions de la société.
A travers leurs personnages, les intrigues et les thèmes abordés (drogues, violence, crise des valeurs, perte de l’autorité familiale, lutte contre la corruption, inégalités économiques, tensions intergénérationnelles), les séries renvoient à une réalité.
Elles sont parfois un miroir de la société. Sous la surface du drame et de l’action, se cachent souvent des réflexions profondes sur la société contemporaine.