Sans scrupules

08/04/2024 mis à jour: 03:22
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L’expression populaire «La'âm Eli Yrouh khir men li yji» (l’année qui s’en va est meilleure que celle qui arrive), revenant souvent sur les lèvres des Algériens de nos jours, est devenue presque une devise populaire. Une dure réalité qui rappelle chaque année aux consommateurs qu’ils ne sont guère à l’abri des mauvaises surprises, qu’elles soient le fruit de la spéculation ou les conséquences des pratiques commerciales illicites. 

Cela n’empêche pas de reconnaître, quand même, que le mois du jeûne a été plus clément cette année, comparativement à la saison dernière, marquée par une pénurie chronique de l’huile de table et de la semoule, en dépit des assurances avancées par les services du commerce. 

Les mesures d’anticipation prises par l’Etat pour assurer une disponibilité régulière en produits de première nécessité et à des prix abordables ont eu leur effet, faisant oublier les mauvais souvenirs de l’oignon à 400 DA le kilogramme. Chose qui a été bien saluée par les consommateurs, même si l’exception a été créée, comme chaque année, par le tubercule le plus célèbre et le plus populaire dans notre pays. 

En dépit de toutes les mises en garde en direction des spéculateurs sans scrupules, ces derniers n’ont pas raté cette occasion pour afficher leurs intentions. La pomme de terre, qui continue de défier les règles du marché, s’affichait bien avant le Ramadhan à 70 DA, alors qu’elle était cédée entre 50 et 60 DA quelques semaines auparavant. A une semaine de la fin du mois du jeûne, elle a déjà atteint la barre des 120 DA, «narguant» tous ceux qui pariaient sur la chute de son prix après le déstockage de milliers de tonnes à partir des chambres froides. 

En dehors de la spéculation et des fluctuations de la mercuriale, le véritable risque provient d’une catégorie qu’on peut qualifier de «criminelle», celle des commerçants sans scrupules, osant mettre en danger la santé des citoyens en proposant à la vente des produits impropres à la consommation. 

A la lecture du bilan des opérations de contrôle menées durant les 20 premiers jours du Ramadhan, communiqué par le ministère du Commerce, on est en droit de s’inquiéter sérieusement. Pas moins de 237 tonnes et 56 388 litres de produits alimentaires non conformes et représentant un risque pour la consommation humaine ont été saisis. Il s’agit de divers produits alimentaires, allant des denrées périssables aux produits secs, proposés à la vente dans des conditions d’hygiène catastrophiques.

Le plus étonnant demeure le fait que parmi les principales denrées les plus saisies figurent les viandes rouges et blanches, mais aussi les abats et les saucisses (merguez). C’est-à-dire des produits très sensibles, qui peuvent générer des cas graves d’intoxication alimentaire, pouvant même causer des décès dans les situations extrêmes. Une situation qui tend à se généraliser dans nos marchés, encouragée, il faut le dire aussi, par l’engouement inexpliqué des citoyens appâtés par des prix bas, au péril de leur vie.

 Le phénomène qui a pris de l’ampleur devra inciter les pouvoirs publics à prendre des mesures répressives encore plus sévères, et ne pas se contenter des procès-verbaux de poursuites judiciaires, des amendes et des fermetures administratives. Car il y a vraiment péril en la demeure.

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