Un projet de texte sera débattu, réclamant la protection des civils, l’accès humanitaire, et la libération «immédiate et inconditionnelle» de tous les otages.
Au 66e jour de l’agression israélienne contre les populations civiles de Ghaza, les raids aériens et les combats intensifs au sol se sont poursuivis hier. Au moins vingt-cinq civils ont été tués, lundi après-midi, dans une frappe aérienne israélienne contre des maisons dans la ville de Deir Al Balah et le camp de Maghazi dans le centre de la Bande de Ghaza, selon des sources locales relayées par l’agence palestinienne Wafa.
Deux autres civils palestiniens ont également été tués après avoir été pris pour cible par un drone à Jabaliya Al Nazla, au nord de la Bande de Ghaza, a ajouté la même source. Le camp d’Al Maghazi a, lui, été soumis à de violents bombardements, alors que des dizaines de morts et de blessés palestiniens ont été transférés à l’hôpital Al Shouhada d’Al Aqsa, à Deir Al Balah.
Par ailleurs, les secouristes ont pu retirer vingt-trois corps de sous les décombres des maisons de la famille «Khalla» après leur destruction par l’aviation israélienne à Jabaliya Al Nazla, dans la nuit de dimanche à lundi, a fait savoir Wafa.
De son côté, le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que des avions de guerre ont lancé, hier, à l’aube, de violents raids à proximité de l’hôpital Al Amal, à Khan Younès, où les forces de l’occupation ont intensifié leurs opérations ciblant les combattants palestiniens des brigades Al Qassam et du Jihad islamique.
Des sources médicales, reprises par l’agence de presse palestinienne, ont rapporté que les corps de plus de 40 personnes tuées dans des bombardements sont arrivés, dimanche soir, à l’hôpital d’Al Aqsa à Deir Al Balah. Trente-deux autres corps ont été transférés au complexe médical Nasser, au sud de Ghaza, au cours des dernières 24 heures.
A Rafah, on a dénombré six morts et des dizaines de blessés après des frappes ayant ciblé un ensemble résidentiel, a encore indiqué Wafa.
Plus 18 000 morts dans les raids israéliens
Dans un dernier bilan, le ministère palestinien a fait état de 18 205 morts dans les bombardements israéliens, majoritairement des femmes et des enfants. Il a également souligné que des dizaines de victimes, entre morts et blessés, se trouvent toujours sous les décombres.
C’est dans ce contexte marqué par d’infinies souffrances endurées par une population laminée par la machine génocidaire de l’entité sioniste que sont relancées des initiatives en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire urgent dans l’enclave palestinienne.
De nombreux Etats veulent accentuer la pression sur Israël pour l’amener à desserrer l’étau sur des populations civiles complètement désemparées, guettées par les maladies et la famine.
Après le veto des Etats-Unis à une résolution du Conseil de sécurité appelant vendredi dernier à un cessez-le-feu humanitaire, l’Assemblée générale de l’ONU prendra le relais aujourd’hui avec une réunion spéciale, a annoncé la porte-parole du président de l’Assemblée. Initiée par les représentants de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et des pays arabes, la réunion aura lieu cet après-midi, a précisé la même source.
L’Assemblée générale, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, pourrait éventuellement se prononcer sur un texte. L’AFP qui a consulté le projet de texte révèle que celui-ci reprend en grande partie la résolution rejetée vendredi par le Conseil de sécurité.
Le texte, s’inquiétant de la «situation humanitaire catastrophique dans la Bande de Ghaza», «exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat», selon l’agence de presse. Il réclame également la protection des civils, l’accès humanitaire, et la libération «immédiate et inconditionnelle» de tous les otages.
Fin octobre, l’Assemblée générale avait, à une très large majorité (120 voix pour, 14 contre et 45 abstentions), appelé à une «trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue (…)», à Ghaza. Deux semaines plus tard, le Conseil de sécurité avait fini par adopter une résolution qui appelait à des «pauses et couloirs humanitaires» dans la Bande de Ghaza, pas à un «cessez-le-feu» ni même une «trêve».
Hier, des pays de l’Union européenne ont adjoint leurs efforts pour pousser dans le sens d’un arrêt des bombardements sur la Bande de Ghaza. Ils ont plaidé, en marge d’une réunion ministérielle à Bruxelles, en faveur d’une trêve durable à Ghaza pour mettre fin au «carnage» actuel.
«Nous devons appeler immédiatement toutes les parties à déclarer un cessez-le-feu humanitaire durable (…)», ont indiqué les dirigeants irlandais, espagnol, maltais et belge, dans une lettre adressée à Charles Michel, président du Conseil européen, institution qui regroupe les 27 Etats membres.
Cette démarche a pour but de «mettre fin au carnage, au massacre de civils innocents», a expliqué à son arrivée à Bruxelles le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin. Ces quatre pays réclament que l’UE adopte une position forte sur ce point lors d’un Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE jeudi et vendredi prochains à Bruxelles.
«Aucune reddition»
Plusieurs ministres des Affaires étrangères de l’UE ont exprimé hier leur inquiétude à leur arrivée à Bruxelles sur la situation humanitaire à Ghaza «qui devient véritablement critique», selon la ministre française des Affaires étrangère.
Des inquiétudes ressenties un peu partout dans le monde et que les déclarations du Premier ministre israélien, dimanche, n’ont fait qu’exaspérer. «C’est le début de la fin du Hamas (…)», a-t-il assuré dans une déclaration retransmise à la télévision, appelant les combattants palestiniens à «déposer les armes» et à «ne pas mourir» pour Yahia Sinouar (chef du Hamas dans la Bande de Ghaza).
La réponse du mouvement Hamas et de sa branche armée ne s’est pas faite attendre. Le Hamas a réaffirmé avant-hier que les otages qu’il retient encore ne sortiront pas «vivants» sans «négociation». «Les héros d’Al Qassam ne se rendent pas et les mensonges de l’occupation ne trompent personne», a-t-il sèchement répondu à Netanyahu dans une déclaration répercutée par Ghaza News, accessible à partir de la messagerie Telegram.
Par le même canal, le porte-parole des Brigades Al Qassam, Abou Obeida, a estimé que «l’ennemi (l’occupant israélien) a échoué tant au nord qu’au sud de la Bande de Ghaza et continuera à échouer chaque fois qu’il s’infiltrera dans une autre zone».