Sur une grande rue au milieu des décombres, près d’une mosquée détruite par les bombes, des centaines de Palestiniens se sont rassemblés pour accomplir la prière, en ce premier jour du Ramadhan, 157e jour de la guerre menée par l’armée israélienne contre la bande de Ghaza.
Un mois de Ramadhan qui commence sans la trêve tant espérée. L’appel lancé par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour «faire taire les armes à Ghaza, et faire honneur à l’esprit du Ramadhan», est resté sans écho.
Cette nouvelle désillusion fait durer encore les souffrances d’une population affamée, sans eau, sans abri, sans électricité, sans soins, ni médicaments, pratiquement rien. Plus de cinq mois après, le bilan des massacres commis par l’Etat sioniste reste ouvert.
Plus de 30 000 morts, dont 70% de femmes et d’enfants, plus de 70 000 blessés, des milliers de disparus, des milliers d’arrestations, et plus de 90% de la population déplacée, luttant pour la survie dans des conditions catastrophiques.
Le chiffre le plus terrible est celui de la quantité des bombes larguées sur la bande de Ghaza depuis le 7 octobre, représentant plus de 65 000 tonnes en cinq mois.
Ce qui est supérieur au poids et à la puissance de trois bombes atomiques comme celle d’Hiroshima. Les difficultés à faire entrer les aides et les limites du largage des colis alimentaires à partir des avions augmentent l’ampleur de cette catastrophe humanitaire, dont de nombreuses organisations non gouvernementales multiplient les initiatives pour les éviter.
De quoi pousser Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) à alerter en déclarant que «le temps presse pour éviter la famine dans le nord de la bande de Ghaza en proie à une catastrophe humanitaire faute d’aide alimentaire suffisante. La population affamée de Ghaza ne peut plus attendre».
Mais, il est désormais connu qu’entre les déclarations de bonne intention et les cruautés quotidiennes, il y a un énorme décalage. La famine n’est plus imminente à Ghaza, elle est devenue une réalité.
Après des mois de silence et de complicité de génocide, l’Union européenne et les Etats-Unis, qui semblent avoir pris conscience de leur entière responsabilité dans cette catastrophe, veulent rattraper le temps perdu en lançant un corridor maritime à partir du port de Larnaca à Chypre à 370 km de Ghaza.
Les récentes critiques du président américain, Joe Biden, au sujet de la conduite de la guerre à Ghaza, avançant que Benyamin Netanyahu «faisait plus de mal que de bien à Israël», et la réponse «peu diplomatique», adressée par ce dernier, confirment encore une fois «les hypocrisies» qui se jouent sur les cadavres des Palestiniens.
Tous les faits, dont il ne faut pas être un grand analyste pour comprendre, ont confirmé que le Premier ministre de l’Etat criminel d’Israël est déterminé à faire durer cette guerre pour son intérêt personnel, tout en jouant sur les inquiétudes, les craintes et les hantises de ses compatriotes qui se sont amplifiées après les attaques du 7 octobre, rien de plus.
Ni Joe Biden ni les pays occidentaux ne seront capables de dicter «une conduite à suivre» à un chef du gouvernement de «l’extrémité» de l’extrême droite qui rejette tout compromis pour faire cesser la guerre, refusant de parler d’une solution à deux Etats ni de reconnaître un Etat palestinien.
Une attitude confirmant les propos de l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, qui a déclaré il y a quelques jours : «Un Etat extrémiste ne peut pas faire autre chose que de continuer à faire la guerre.»