Jamais l’Etat sioniste n’aurait eu autant d’arrogance, autant de liberté de manœuvre et d’action et, bien sûr, autant d’impunité à semer la mort et l’horreur chez les Palestiniens, si derrière lui ne se posait pas comme garant inconditionnel de tous ses actes ignobles la première puissance nucléaire du monde, en l’occurrence les Etats-Unis d’Amérique.
Rares sont les grands spécialistes des problèmes du Moyen-Orient qui interpellent l’opinion publique mondiale sur cette question de fond : comment se fait-il qu’Israël, petit pays au milieu de nombreux Etats arabes beaucoup plus peuplés et beaucoup plus puissants sur le plan économique, arrive-t-il toujours à avoir une suprématie incontestable sur ses voisins, qu’elle soit de nature militaire ou diplomatique ?
Si on remonte le temps aussi loin que possible, cette domination a prévalu sur pratiquement tous les conflits recensés par l’histoire contemporaine, ayant mis en confrontation directe ou indirecte l’entité sioniste et le «monde arabe» dans sa dimension la plus large. Y a-t-il donc une espèce de fatalisme sur la véritable force de l’Etat hébreu qui conduit les Arabes à accepter leur sort sans jamais vouloir remettre en ordre et en leur faveur les équilibres dans la région, en dépit du fait, comme il est dit, que ces derniers disposent d’un potentiel de défense militaire et de domination économique et financière impressionnant et très persuasif, surtout s’il est regroupé dans les impératifs d’une action conjointe ?
A priori, si la «grandeur» supposée de l’Etat sioniste est dramatiquement et proportionnellement soulignée d’abord par la faiblesse et le repli des Etats arabes eux-mêmes qui semblent se complaire dans un statut d’infériorité chronique constituant certainement pour eux un élément essentiel de stabilité et de sécurité réciproques, cet ascendant israélien, rarement démenti de surcroît, n’est en réalité que le produit du rapport d’influence qu’exercent les usa sur cette partie du monde et sur lequel ils n’ont jamais transigé.
L’Amérique, leader du «monde libre», défenseur de la démocratie et des droits de l’homme n’a, à aucun moment de l’histoire, caché ses sympathies pour Israël, accompagnées toujours de soutiens sécuritaire et diplomatique indéfectibles, même dans les pires séquences où les extravagances génocidaires de son protégé sont flagrantes et dépassent tout esprit d’entendement humanitaire, comme c’est le cas actuellement à Ghaza, où on assiste aux agissements d’une force bestiale s’acharnant sur des populations désarmées et démunies.
Mieux, les usa revendiquent ouvertement et à la face du monde leur statut de «protecteur» de ce rejeton, hier apatride et aujourd’hui présenté comme symbole de la civilisation occidentale implanté sur une terre spoliée, avec ce message en filigrane que toucher à l’intégrité de l’Etat sioniste, c’est toucher à l’Amérique.
C’est on ne peut plus clair… et devant le «neutralisme» conjoncturel des autres puissances, cette Amérique, si fière de sa suprématie, ne s’établit aucune limite pour donner un sens encore plus prononcé à son aide multiforme aux Israéliens, comme l’envoi de sa flotte guerrière en Méditerranée, ou l’emploi systématique du veto aux Nations unies contre toute résolution accablant l’Etat sioniste.
L’ONU, hémicycle sacré de concertation planétaire auquel les nations doivent respect, retenue et déférence, que son représentant permanent a osé piétiner en insultant le Secrétaire général devant une assemblée qui n’en croyait pas ses yeux. C’est dire l’incroyable assurance dont jouissent les sionistes au plus haut sommet de la décision. Il faut dire que si l’entité juive a réussi à s’infiltrer dans les rouages politiques, administratifs, financiers et médiatiques de pratiquement toute l’Europe, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, par le biais d’une élite intellectuelle et militante qui a su conserver son unité et son efficacité propagandiste et qui, surtout, a su se déployer sur le thème inégalable du monopole de la «victimisation», elle a eu des ramifications insoupçonnables aux Etats-Unis en noyautant les grandes institutions du pays et, plus grave encore, en trouvant une confortable place dans le gouvernement.
Le secrétaire au Trésor, le secrétaire à la Sécurité intérieure, le procureur général, le directeur général du renseignement, le chef de cabinet de la Maison-Blanche, le secrétaire d’Etat aux Affaires politiques, le responsable de la politique scientifique et technologique, et même le directeur de la fameuse CIA, pour ne citer que ceux-là, sont des personnalités dit-on qui travaillent pour les intérêts de l’entité sioniste.
En somme, avant de devenir ce monstre criminel dont les actes contre les Palestiniens ont dépassé de loin ceux pourtant terrifiants du fascisme hitlérien, Israël a d’abord savamment investi les appareils névralgiques à travers le monde (espaces politiques, médias, finances), notamment aux States qui lui ont permis de se construire une image mythique de puissance régionale intouchable, celle-là même que le mouvement Hamas a pourtant réussi à dégonfler le 7 octobre dernier par une offensive spectaculaire.
Sans l’Amérique, Israël ne serait qu’un petit pays qui ferait toutes les compromissions possibles et imaginables à ses voisins arabes pour quémander une paix à la mesure de sa soumission. On est loin de ce schéma qui ne serait pas tout à fait utopique si les Arabes se réveillent.