Selon le rapport du laboratoire Kaspersky, le secteur de l’énergie est le plus touché par ces attaques, alors que l’Algérie ne figure pas non plus sur la liste des pays ayant une bonne infrastructure en cybersécurité.
Expert et spécialiste en cybersécurité et réseaux, le Dr Amir Djenna a révélé que l’Algérie figure parmi les cinq premiers pays au monde en pourcentage de système de contrôle industriel à avoir été attaqués en 2017, selon le rapport du laboratoire Kaspersky.
Dans son intervention lors de la rencontre organisée, hier, à la faculté des sciences politiques par la cour de Constantine, en collaboration avec quatre universités de la ville, autour du thème de la cybercriminalité, le même expert a souligné que le secteur de l’énergie est le plus touché par ces attaques, alors qu’en matière de cybersécurité et de failles dans les services et les applications, l’Algérie a été classée à la 181e place sur 183 pays. «Nous n’allons pas nier le fait qu’il y a eu beaucoup de belles choses, comme la création du pôle pénal spécialisé dans la cybersécurité par décision présidentielle, il y a également de nombreuses lois ainsi que des compétences mobilisées.
Mais cela n’est pas suffisant», a commenté l’expert. Parmi les points essentiels à retenir dans l’exposé de Dr Djenna, il y a surtout le fait que l’Algérie ne figure pas non plus sur la liste des pays ayant une bonne infrastructure en cybersécurité. L’un des plus grands pays d’Afrique n’a pas encore rempli tous les critères des cinq volets exigés dans le rapport international, qui a évalué 193 pays.
Ces cinq volets se définissent ainsi : «Les mesures juridiques, les mesures artistiques et techniques, les mesures organisationnelles, les mesures de développement des compétences et les mesures d’accord ou de partenariat.» Pourtant, en 2020, une hausse de 358% des logiciels malveillants (appelés Malwares) a été enregistrée dans le monde, avec une augmentation de cyber-rançonnage de 435%, en comparaison avec l’année 2019.
Certains logiciels peuvent se cacher dans des sites très connus et de confiance. Pis encore, la société de logiciel McAFee détecte quotidiennement plus de 60 000 nouveaux logiciels malveillants, surtout que 99% des gens ne prêtent pas attention aux liens qu’ils consultent.
Plus de 200 agressions par jour des systèmes informatiques
Lors de cette rencontre ayant regroupé des spécialistes et des juristes en présence des représentants de la Gendarmerie et de la sûreté de wilaya, pour aborder les différents aspects de la cybercriminalité, il en est sorti qu’en dépit de l’arsenal juridique mis en place en Algérie ces dernières années pour la lutte contre la cybercriminalité, il reste un long chemin à parcourir.
Dans le volet judiciaire, le procureur adjoint près le tribunal de Constantine, Abderrahmane Mellah, a avancé qu’entre 200 et 250 agressions quotidiennes des systèmes informatiques sont enregistrées en Algérie. Une hausse qui coïncide avec une baisse de la protection, selon le même intervenant.
La menace des cyberattaques persiste, malgré l’accord international sur la cybercriminalité établi en novembre 2011. L’Algérie n’est plus à l’abri, malgré les procédures mises en place notamment la loi 04/09 établie en août 2009, concernant les infractions liées à la technologie de l’information et la communication. Tous les intervenants qui ont pris part à cette rencontre ont appelé à plus de vigilance face à «la fragilité des preuves dans une scène de crime qui est avant tout virtuelle».
Pourtant, selon Farid Farès, président du tribunal d’El Khroub, une grande importance a été accordée à ce volet en matière de peines contre la cybercriminalité. En plus des failles soulevées, le manque d’accords internationaux a été également évoqué.
D’ailleurs, lors du débat, un des présents s’est interrogé sur l’absence d’un représentant de Facebook en Algérie, à l’instar d’autres pays. Sachant que ce réseau social est l’un des plus utilisés chez nous.
L’Algérie reste en retard face au développement rapide des nouvelles technologies, au moment où le monde connaît une hausse fulgurante du nombre d’appareils connectés à internet en 2020.
«On pourra atteindre 50 milliards d’objets connectés à partir de 2022. Tout sera lié à internet. Ceci dit, un seul individu aura au minimum 5 objets connectés à internet. Ces objets composeront une scène de crime», a souligné le Dr Amir Djenna. Et de poursuivre que les acteurs de la cybercriminalité sont très organisés et affiliés à des organisations. Dans un futur prochain, révèle-t-il, le nombre des utilisateurs dans le monde va atteindre 80% de la population globale.