La commission mixte d’historiens algériens et français, décidée par le président de la République algérien, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français, Emmanuel Macron, à l’occasion de la visite officielle de ce dernier en Algérie, en août 2022, a tenu, mercredi 19 avril, sa première réunion, a annoncé un communiqué de la Présidence française.
Cette commission indépendante devra travailler d’abord sur les «origines de la colonisation française en Algérie, au XIXe siècle». Elle aura ainsi à dresser «un inventaire des archives déposées en France et en Algérie, et qui traitent particulièrement de la conquête coloniale.
D’autres sujets seront ensuite abordés à sa diligence, concernant la période du XXe siècle, en particulier la séquence de la guerre et de la décolonisation», indique la même source. Le communiqué précise que la commission «pourra solliciter les avis et les observations d’autres historiens dont les travaux et expertises sont reconnus en la matière». Tenus en vidéoconférence, les premiers échanges entre les dix membres de la commission conjointe ont duré une heure et demie, précise Jeune Afrique.
Le président du panel d’historiens algériens, Mohamed Lahcen Zighidi, «a notamment souligné la nécessité d’écrire cette histoire coloniale et de s’en donner les moyens», précise la même source. Le président de la commission française, Benjamin Stora, cité par Libération, affirme que le débats «se sont déroulés dans un climat chaleureux, il n’y a pas eu de désaccords». «C’était une mise en mouvement (…). On a déjà fait des colloques entre historiens des deux pays, ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire.
Ce qui est nouveau, c’est le fait d’être soutenus par les Etats. Il y a une volonté politique de soutenir une initiative qui permettra, peut-être, d’aller à l’histoire sans être prisonnier de la mémoire», estime l’historien et auteur d’un rapport sur les questions mémorielles franco-algériennes remis au président Macron en janvier 2021.
Tenue de la prochaine rencontre à Alger
La mise en place d’une commission mixte d’historiens algériens et français a été décidée lors de la visite officielle du président Macron en Algérie en août 2022. Elle a pour mission de travailler «sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre d’indépendance.
Ce travail scientifique a vocation à aborder toutes les questions, y compris celles concernant l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires. Ses travaux feront l’objet d’évaluations régulières sur une base semestrielle», selon la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé, ayant sanctionné la visite officielle du président français en Algérie.
A l’issue de la cérémonie de signature du document, le président Tebboune a précisé que la commission aura à traiter la question liée à la mémoire «sous l’angle historique et non politique».
Concernant au temps qui lui imparti, le chef de l’Etat a indiqué avoir évoqué avec son homologue français «un délai d’une année ou moins, si le travail est finalisé avant». «Mais s’ils (les spécialistes) prennent encore plus de temps, tant mieux, car les bonnes choses prennent du temps», a-t-il ajouté. Fin novembre 2022, le président Tebboune a désigné les cinq membres de la commission d’historiens algériens, qu’il a reçus à la Présidence.
Elle est composée de Mohamed Lahcen Zighidi, Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali et Djamel Yahiaoui. La liste de leurs cinq homologues français n’a été dévoilée qu’en janvier dernier. Elle est composée de Benjamin Stora, Florence Hudowitz, Jacques Frémeaux, Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur. La prochaine rencontre de la commission devra se tenir à Alger, mais aucune date n’a été fixée, note Jeune Afrique.