Relations Algéro-Francaise : Alger et Paris amorcent un nouveau départ

27/08/2022 mis à jour: 15:20
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Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont évoqué le «renforcement» de la coopération bilatérale dans de nombreux domaines

L’Algérie et la France ont convenu, à la faveur de la visite jeudi du président français, Emmanuel Macron, de «consolider» les relations bilatérales. Les deux chefs d’Etat ont évoqué le «renforcement» de la coopération bilatérale dans de nombreux domaines. Il est question aussi de poursuivre le travail autour des questions mémorielles, d’intensifier la concertation autour des questions internationales et de «conjuguer» les efforts pour garantir la stabilité dans la région. 

En somme, cette visite du chef de l’Etat français – sa deuxième après celle de 2017 durant son premier mandat, et qui intervient après une crise entre les deux pays qui avait conduit au rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris pendant près de trois mois – s’apparente à un premier pas vers la «relance» de la relation bilatérale. 

Dans la déclaration de presse commune, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a indiqué qu’il avait évoqué, avec son homologue français, «tous les volets ayant trait à la coopération bilatérale et les moyens de la renforcer, en vue de servir les intérêts communs de nos deux pays et de garantir à nos relations, tous domaines confondus, un élan qualitatif à même d’assurer une consécration de la nouvelle orientation que nous avons convenue d’ancrer». Une orientation «fondée sur l’établissement d’un partenariat global d’exception conformément aux principes du respect et de la confiance mutuels, et de l’équilibre des intérêts entre les deux Etats», a-t-il ajouté. M. Tebboune s’est dit, à cet effet, souhaiter que la visite du président français «ouvrira de nouveaux horizons aux relations de partenariat et de coopération». 

Intensifier la coopération dans de nombreux domaines

Les qualifiant de «fructueux», M. Tebboune a estimé que les entretiens qu’il a eus avec son homologue français démontrent «la particularité, la profondeur et la diversité des relations qui lient nos deux pays, ceux-ci englobant l’ensemble des domaines, allant de l’histoire commune et de la mémoire, au dialogue et à la coordination sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun». Il a ajouté que les deux parties ont exprimé leur «détermination à aller de l’avant pour l’intensification de nos efforts, en vue de rehausser nos relations suivant des étapes pratiques étudiées et un calendrier précis pour l’activation des mécanismes de coopération et la consolidation de la dynamique positive, à l’horizon des prochaines échéances bilatérales, notamment le Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), le Comité mixte économique franco-algérien (Comefa) et le Dialogue stratégique algéro-français, tout en intensifiant les échanges de visites, à tous les niveaux, entre les responsables des deux pays». «Nous ambitionnons la consolidation de la coopération scientifique, technologique et culturelle et le renforcement du niveau des échanges commerciaux entre les deux pays, à la lumière des grandes réformes nationales qui visent à améliorer le climat des affaires», a déclaré, à cet effet, le président algérien. «Nous voulons avancer sur notre industrie, notre recherche, nos hydrocarbures et nos métaux rares et sur des sujets d’innovation, sur lesquels nous souhaitons aller plus vite et plus fort», a rétorqué, pour sa part, Emmanuel Macron, en insistant sur le «numérique et la création cinématographique», où, d’après lui, «beaucoup de binationaux ont des talents». 

Axant son intervention sur la jeunesse, le président français a exprimé la volonté de son pays de développer, en partenariat, «un projet de création d’un incubateur de startup». «Bâtir l’avenir, c’est décider de regarder ensemble nos défis et de tout faire pour apporter ensemble des réponses pour que nous aidions la jeunesse algérienne et la jeunesse française à réussir», a-t-il déclaré. 

Visas : «une mobilité choisie»

Bien entendu, la question de la mobilité des personnes, des visas en d’autres termes, a également été évoquée, notamment par Emmanuel Macron, étant donné que la France a considérablement réduit le nombre de titres de séjour accordés aux Algériens ces deux dernières années. A cet effet, le président français a indiqué que «des décisions ont été prises» dans ce sens. «Nous allons travailler ensemble pour pouvoir traiter des sujets plus sensibles de sécurité, mais qui ne peuvent pas empêcher de développer des ponts de mobilité choisie pour nos artistes, sportifs, entrepreneurs, universitaires, scientifiques, associatifs et responsables politiques, permettant de bâtir davantage des projets communs dans la région de la Méditerranée», a-t-il indiqué, sans pour autant répondre clairement si leur nombre sera porté à la hausse ou non. Or, en évoquant une «mobilité choisie», celui-ci veut, selon toute vraisemblance, que la délivrance de titres de séjour concernera probablement certaines catégories de demandeurs. 

Enjeux régionaux : «Conjuguer les efforts pour consolider la stabilité»

Il va sans dire que les deux Présidents ont évoqué les questions régionales et internationales. «Nous avons, d’une part, échangé nos points de vue sur de nombreuses questions qui revêtent une importance pour les deux pays, notamment la situation en Libye, au Mali, au Sahel et au Sahara occidental, qui requièrent des efforts conjugués à même de consolider la stabilité dans la région», a déclaré, à cet effet, Abdelmadjid Tebboune. Les deux parties, poursuit-il, ont convenu «de la nécessité d’intensifier la concertation autour des questions qui font l’actualité sur l’échiquier international, engendrant de nouveaux défis qui menacent la sécurité et la stabilité de notre espace méditerranéen, voire la paix et la sécurité internationales». 

La situation internationale actuelle, ajoute encore le président algérien, exige «d’œuvrer communément sur les plans bilatéral et multilatéral pour y faire face, selon une vision globale et cohérente qui permet de traiter efficacement les sources des troubles actuels, en restant pleinement attaché aux principes de la Charte des Nations unies, garante de la préservation de la sécurité et de la stabilité». De son côté, Emmanuel Macron a tenu à saluer «l’implication» de son homologue pour le «respect et le suivi de l’accord de paix et de réconciliation au Mali». Il a également renouvelé «son intention de renforcer la coopération pour la lutte contre le terrorisme». 

Dans tous les cas de figure, cette visite du président français, au-delà de ces enjeux régionaux et internationaux, mais aussi des questions mémorielles – celui-ci ayant annoncé la création «d’une commission mixte d’historiens chargés d’ouvrir les archives liées à la colonisation française, sans tabou et avec une volonté libre d’accès» – a été une occasion pour passer en revue la coopération bilatérale entre les deux pays dans de nombreux domaines ainsi que les perspectives qui s’annoncent. Jeudi soir, des rencontres bilatérales ont d’ailleurs eu lieu entre plusieurs ministres algériens et leurs homologues français. 

Rencontres bilatérales entre des ministres algériens et leurs homologues français

Des rencontres bilatérales ont eu lieu, jeudi soir au siège de la présidence de la République, entre plusieurs ministres algériens et leurs homologues français, en marge de la visite officielle du président français, Emmanuel Macron, en Algérie. Ces rencontres ont concerné le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, avec son homologue Catherine Colona, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, avec son homologue Gérard Darmanin, ainsi que le ministre des Finances, Ibrahim Djamel Kessali, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab et le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, avec le ministre des Finances et de l’Economie, Bruno le Maire, en présence du président-directeur général de Sonatrach, Tewfik Hakkar. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abderrezak Sebgag, s’est entretenu, quant à lui, avec son homologue Emilie Castra, et la ministre de la Culture, Soraya Mouloudji, avec son homologue Ryma Abdelmalek..  R. N.

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