Ce réchauffement entre Alger et Madrid est favorisé, rappelons-le, par le changement de la position espagnole concernant la question du Sahara occidental. C’est ce qu’a laissé entendre le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, dans une interview accordée, le 28 décembre dernier, à la chaîne qatarie Al Jazeera.
Le réchauffement diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne se précise. Après une grave crise diplomatique qui aura duré près de 20 mois, les deux pays ont amorcé, depuis novembre dernier, un processus d’un retour à la normale. Celui-ci s’est matérialisé, d’abord, avec la nomination du nouvel ambassadeur d’Algérie à Madrid.
Un signal fort de la volonté des deux pays de mettre fin à cette brouille, enclenchée, selon les hautes autorités, par «l’alignement du gouvernement de Pedro Sánchez sur les thèses marocaines concernant le conflit du Sahara occidental».
Cette normalisation est confirmée, depuis quelques jours, par le dégel des relations commerciales entre les deux pays. En effet, l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF) a annoncé, le 14 janvier dernier, l’autorisation d’importation de certains produits à partir de l’Espagne. «Nous avons l’honneur de vous informer que l’importation des intrants avicoles, en l’occurrence les poussins de chair, les poussins de ponte ainsi que les œufs à couver en provenance du royaume d’Espagne, est autorisée», lit-on dans ce document adressé aux différentes banques.
Et d’ajouter : «A cet effet, il vous est demandé de bien vouloir instruire vos services concernés pour procéder à la domiciliation pour l’importation de ces produits, à l’appui de l’autorisation délivrée par les services du ministère de l’Agriculture.»
La décision est vite saluée par le président du Conseil d’affaires algéro-espagnol, Djamel Bou Abdallah, estimant que «le dégel des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne s’opère de manière graduelle».
«C’est un cheminement tout à fait logique et prévisible, après l’installation de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid et l’ouverture de nouvelles lignes d’Air Algérie avec l’Espagne, nous attendions avec impatience le dégel des échanges commerciaux, ce qui est en train de s’opérer et d’une façon graduelle», affirme-t-il dans une déclaration au journal en ligne TSA.
Il rappelle, cependant, que «l’Algérie a mis en place des mesures pour protéger son économie et favoriser son industrie». «Les échanges entre l’Algérie et l’Espagne seront dominés beaucoup plus par les intrants que les produits finis», indique-t-il.
Air Algérie reprend ses vols vers Madrid
La levée de l’interdiction sur les importations des produits espagnols est confirmée aussi par des médias de ce pays, dont le quotidien El País qui fait part de «la décision des autorités algérienne de lever le blocus sur l’importation des produits espagnols».
«La mesure a concerné au moins un secteur qui est celui de l’agriculture, et plus particulièrement la filière avicole», rapporte le journal espagnol, qui dit avoir confirmé l’information auprès des sources officielles. «Désormais, on s’attend à ce que cette politique s’étende bientôt au reste des secteurs économiques, prédisent des sources algériennes proches du gouvernement de ce pays d’Afrique du Nord», a ajouté le journal. Outre les importations, le trafic aérien entre les deux pays s’est également intensifié.
Quelques jours après la nomination du nouvel ambassadeur d’Algérie dans la capitale espagnole, la compagnie aérienne nationale, Air Algérie, a annoncé la reprise et l’intensification de ces vols vers Madrid et Barcelone.
Hebdomadaires pendant la période de crise, les vols d’Air Algérie vers cette destination deviennent quotidiens. Ce réchauffement entre Alger et Madrid est favorisé, rappelons-le, par le changement de la position espagnole concernant la question du Sahara occidental.
C’est ce qu’a laissé entendre le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, dans une interview accordée, le 28 décembre dernier, à la chaîne qatarie Al Jazeera.
«L’Espagne a changé sa position à 180 degrés», lance-t-il, en se référant «au discours de Pedro Sánchez prononcé, en septembre dernier, devant l’Assemblée générale de l’ONU». Il estime ainsi que «l’Espagne est revenue à une position conforme à celle de l’Union européenne sur le Sahara occidental».
Il est utile de rappeler qu’en plus du rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid et le gel des relations commerciale, les autorités ont également décidé de suspendre le traité d’amitié et de bon voisinage avec l’Espagne.