Réactions des syndicats aux décisions du conseil des ministres : «Nous ne faisons pas de politique partisane, mais syndicale»

18/01/2022 mis à jour: 03:56
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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé, dimanche lors du Conseil des ministres, les syndicats de s’éloigner des pratiques politiciennes et du lien organique entre les syndicats et les partis.

Que pensent les organisations syndicales de ce rappel à l’ordre ? Unanimement, les syndicats contactés affirment respecter les lois de la République et que, par contre, ce sont les pouvoirs publics, à travers leur administration, qui «bafouent les lois et ne respectent pas les conventions ratifiées par notre pays»

Ces organisations disent ne pas faire de la politique partisane, mais plutôt de la politique syndicale. Ils revendiquent un large débat autour de cet avant-projet de loi avant sa soumission pour examen et approbation par les parlementaires. 

Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), rappelle le contenu de l’article 5 du statut de son organisation qui interdit le cumul des mandats politique et syndical. Il tient à préciser, toutefois, que chaque adhérent à le droit d’adhérer à un parti politique de son choix, l’essentiel est qu’il n’«instrumentalise» pas le syndicat à des fins politiques. Ce principe est le leitmotiv de tous les syndicats et il est d’ailleurs, disent-ils, inscrit dans leur statut.

Le Satef, qui «milite pour l’assainissement du champ syndical et aussi pour sa moralisation», regrette qu’en Algérie «le politique plombe le syndicalisme» et que «les pouvoirs publics ne veulent pas d’un syndicat fort et propre. Ils nous refusent l’agrément de la Confédération des syndicats algériens (CSA) depuis 2018 et ils nous parlent de droit du travailleur, du respect des conventions internationales. Un discours contradictoire», souligne le SG du Satef. 

«Nous avons toujours respecté les lois régissant notre activité syndicale. Aujourd’hui nous essayons de sauvegarder les acquis que nous sommes en train de perdre petit à petit. Nous voulons passer au concret et non de faire dans les promesses», met en avant M. Amoura. 

Le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), abonde dans le même sens. Il explique que les syndicats ont des droits et des devoirs et que  ce sont des formations apolitiques. 

De ce fait, ils n’ont pas, assure-t-il, le droit d’avoir des positions partisanes, mais peuvent par contre avoir une position politique sur un problème qui touche le pays ou le secteur.

«Principe bafoué par l’UGTA»

«Seulement ce principe, selon lui, s’il est respecté par les syndicats autonomes, il est bafoué par l’UGTA ainsi que par les pouvoirs publics.» Le Dr Yousfi cite, à titre d’exemple, les membres de l’exécutif de la centrale syndicale qui étaient à des postes responsabilités aussi bien au niveau des ministères, que de l’APN ou du Conseil de la nation : «Ce n’est pas normal. Un syndicaliste, dès qu’il passe à une autre mission et à une autre responsabilité, il devrait se retirer de son syndicat. Nous l’avons toujours dit, réclamé et appliqué. De ce côté, nous sommes à l’aise par rapport aux décisions prises lors de ce Conseil des ministres», soutient le président du SNPSSP qui revendique l’application réelle de la loi. 

«Nous ne voulons plus revivre ce qu’on a vécu pendant ces 30 dernières années. Qu’on ne soit pas exclus. Qu’on soit des partenaires sociaux à part entière et qu’on ne soit pas exclus des bipartites et des tripartites», résume-t-il. 

Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), réclame un débat autour de ce projet et insiste sur le fait que la majorité des syndicats autonomes sont respectueux des lois et ils sont «constamment» confrontés dans l’exercice de leur droit syndical à des entraves. 

«Si cette loi vise à réglementer l’exercice syndical, pourquoi pas, sans pour autant toucher aux droits syndicaux comme stipulé dans la Constitution. Les lois doivent converger dans le sens de ce qu’octroient le droit du travail et la Constitution de la République. La loi sur l’exercice syndical, la liberté d’exercice et le droit syndical ne sont malheureusement pas respectés dans notre pays. A plusieurs reprises le ministère et les pouvoirs publics publient des circulaires contraires aux lois régissant le droit syndical. Ce sont ces bévues qu’il faut corriger», suggère Boudiba, jugeant nécessaire de protéger les syndicalistes dans l’exercice du droit syndical pour éviter les représailles. 

De son côté, Salah Laouar, président du Syndicat national des médecins généralistes (SNMG), rappelle le caractère apolitique des organisations syndicales, toutefois, il précise que la politique de la santé reste leur première préoccupation : «Nous ne sommes inféodés à aucun parti politique, ni association versant dans la politique, mais nous dénonçons la politique de la santé qui est appliquée depuis l’indépendance jusqu’à nos jours et les deux poids deux mesures des pouvoirs publics. Ce ne sont pas les syndicats qui bafouent les lois.»

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