Publication Les bandits d’honneur : Ces «hors-la-loi» remis au goût du jour par Youcef Dris

26/03/2023 mis à jour: 16:09
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Photo : D. R.

Les bandits d’honneurs célèbres est le titre du nouvel ouvrage de Youcef Driss, un auteur touche-à-tout qui, sans prétention particulière, veut ici à travers cet «essai» remettre au goût du jour ces «hors la loi» apparus dans le contexte particulier de la colonisation.

Qu’ils aient sévi à l’ouest (Bouziane El Qalîi, Béni Chouograne), au centre (Arezki L’bachir, Djurdjura) ou à l’est du pays (Messaoud Benzelmat, les Aures), un destin commun semble les réunir malgré les différences qui caractérisent leurs motivations de départ et les raisons qui les avaient amenés à décider de se mettre en opposition par rapport à l’ordre établi.

L’auteur commence par planter le décor en mettant en avant les définitions, car le phénomène était répandu en Méditerranée puis, pour le cas de l’Algérie, donner un aperçu de la situation du pays et l’évolution du processus colonial depuis la prise d’Alger en 1830. L’accaparement des terres et la prolétarisation du monde agricole qui s’en est suivie constitue le terreau qui a été à l’origine de l’émergence de cette catégorie de héros inclassables.

En effet, Youcef Driss explique comment ces bandits, souvent aussi meneurs d’hommes, n’avaient pas assez de poids (ou simplement pas de volonté) pour mener des batailles frontales contre les colonisateurs et leurs relais mais ils étaient en même temps assez conscients pour se constituer en véritables justiciers, redistribuant les richesses ou même rétablissant des torts quand des situations l’exigeaient.

Des sortes de Robin des Bois des temps modernes. Ceci est d’autant plus vrai que certains parmi eux sont entrés dans la légende populaire  avec des récits de leurs exploits  transmis par la tradition orale (proverbes ou poésie populaire). Considérés comme de vulgaires délinquants de droit commun par la justice et l’administration coloniales, ils étaient par contre admirés par la population.

Leurs fins tragiques à la suite de condamnations à mort démontrent la crainte qu’ils avaient suscitée au sein du pouvoir colonial central. Le fait qu’ils soient presque tous trahis par leurs congénères avant leur arrestation contribue à la légende. Leur évolution à la marge les a néanmoins maintenus à l’écart de l’histoire concernant les révoltes populaires et, plus tard, le mouvement national.

Parmi les derniers, contemporain du mouvement national, Ahmed Oumerri est évoqué dans l’ouvrage où on apprend qu’il  a refusé de s’impliquer politiquement avec le PPA pour rester libre de ses actes et ne dépendre d’aucune autorité, mais qui a été contacté, selon l’auteur, pour faire partie de l’OS (organisation spéciale). Cette jonction ne sera pas établie, car il décédera juste avant la création de celle-ci en 1947.

Oubliés par les historiens, les bandits d’honneur seront pris en charge par le monde artistique. Le célèbre chanteur chaoui Aïssa El Djarmouni contera les exploits de Ben Zelmat.

Parmi les chanteurs cités par l’auteur qui se sont intéressés à Oumerri, on retient le nom de Menad. Son excellent premier album qui contient un titre consacré à ce bandit a retenu l’attention des critiques et c’est dans ce contexte qu’à l’époque, la fin des années 1970 début 80, la radio Chaîne III lui a consacré une émission suivie d’un débat contradictoire pour savoir si de tels bandits d’honneur peuvent être considérés comme des révolutionnaires ou tout du moins des héros de la nation. De manière générale, les seules sources écrites se résument aux rapports de police établis à leur sujet ou à de rares articles de journaux d’époque.

L’exception concerne les extraits des auditions de justice où les concernés parlent eux-mêmes de leur motivation mais là, faut-il encore qu’ils soient capturés vivants et jugés. Le livre tient compte de tous ces aspects.

Youcef Driss, qui vit à Oran, est l’auteur de plusieurs autres ouvrages dont une biographie du chanteur El Hachemi Guerouabi (son oncle), des recueils de poèmes, des contes pour enfants, des chroniques judiciaires, des ouvrages sur l’histoire, sur la littérature et sur la musique (le malouf), etc.  Les bandits d’honneur célèbres (135 pages) est édité chez Le Lys Bleu.

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