Vingt-huit ans (1995-2023) sont déjà passés depuis la première reconnaissance, après des décennies de déni, de la langue amazighe. Un premier pas venait d’être franchi ainsi vers la conquête de l’école et des institutions du pays, couronnant des années de lutte de plusieurs générations de militants de cette cause, en particulier depuis le Printemps berbère d’avril 1980.
Une lutte marquée, particulièrement, par la grève du cartable durant laquelle les élèves des wilayas de la Kabylie avaient répondu massivement à l’appel du mouvement culturel berbère (MCB) pour boycotter l’école durant l’année 1994-1995. Le succès de cette action a forcé le pouvoir de l’époque, conduit par Liamine Zeroual, à reconnaître l’identité amazighe de l’Algérie et à introduire l’enseignement de cette langue à l’école. Mais pas seulement. Les autorités ont accepté de créer le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), en tant qu’institution, placée sous la tutelle de la présidence de la République, chargée de la promotion de la langue et de l’identité amazighes.
Comment évaluer le bilan de cette institution ? Le HCA a-t-il accompli sa mission ? Présidé par feu Mohand Idir Aït Amrane (1995 à 2004) puis par Youcef Merrahi (2004-2016), le HCA est géré, depuis 2016, par son secrétaire général, El Hachemi Assad. Il est composé d’un comité pédagogique scientifique et culturel (CPSC) de 25 membres, dont le rôle est d’assister le Haut-Commissaire dans l’élaboration des décisions en rapport avec les missions de l’institution (le mandat des membres, nommés par décret pour 3 années n’a jamais été renouvelé et ce, depuis juin 1998).
En outre, il y a le comité intersectoriel de coordination (CIC), composé de représentants des institutions nationales, dont l’objectif est de mettre en œuvre les programmes arrêtés par le HCA. Il y a aussi le comité plénier d’orientation et de suivi (CPOS) qui est une instance délibérante qui regroupe le CPSC et le CIC qui se prononce sur les voies et moyens de la mise en œuvre des programmes liés à l’objet du HCA et sur les rapports de mise en œuvre et de suivi de ses programmes.
Formation des enseignants
Durant la première année suivant sa création, le HCA a chapeauté le cycle de formation des premiers enseignants ayant assuré l’enseignement de la langue amazighe durant l’année scolaire 1995-1996. C’était le début. Ensuite, conformément à ses missions définies dans l’article 4 du décret présidentiel 95-147 du 27 mai 1995, le HCA a également accompli, de l’avis de plusieurs observateurs, un travail titanesque en vue de la réhabilitation et la promotion de l’amazighité en tant que l’un des fondements de l’identité nationale et l’introduction de la langue amazighe dans les systèmes de l’enseignement et de la communication.
Depuis sa création, l’institution a édité des centaines de titres et participé à la mise en place de la version amazighe du site internet de l’agence de presse officiellle (APS). Elle a également organisé de multiples rencontres scientifiques (colloques, journées d’étude, séminaires, forums associatifs, etc.) autour de la problématique de la réhabilitation de l’amazighité de l’Algérie dans toutes ses dimensions linguistiques, culturelles, scientifiques et historiques.