Le retard est essentiellement provoqué, à présent, par de nombreuses oppositions au nouveau tracé à certains endroits et au montant des indemnisations proposées par les services des domaines aux propriétaires terriens.
Bloqué depuis 11 ans, puis repris en mars 2020, soit il y a deux ans, le projet de dédoublement et la modernisation de la ligne de chemin de fer Béjaïa-Béni-Mansour (Bouira) «fait du surplace».
Le retard qu’accuse ce programme est essentiellement provoqué par de nombreuses oppositions au nouveau tracé, notamment dans la commune d’Akbou (au village Colonel Amirouche (ex-Riki) où des villageois ont rejeté la variante initiale du tracé qui passe par leur village et de quelques oppositions qui persistent à travers centaines communes, à l’instar d’Oued Ghir et Tazmalt pour ne citer que ces deux localités.
Des propriétaires terriens contestent, également, les prix proposés par les services des Domaines en guise d’indemnisation. Celles-ci oscillent entre 2000 DA et 5000 DA, selon le statut juridique et la nature du terrain à compenser.
Une situation qui pousse les propriétaires à recourir à la justice, dans l’espoir d’obtenir une réévaluation de leur bien, une étape qui retarde davantage les chantiers. Pas moins de 56 kilomètres d’emprise ont fait l’objet d’arrêter de prise de possession sur les 87 km prévus.
Seulement, sur les 489 arrêtés signés pour la prise de possession des terrains par le maître de l’ouvrage, 188 mains levées, représentant des propriétaires ayant cédé leurs terres, ont été enregistrées. Dans ce cadre-là, la somme de 5 581 444 855 DA est réservée à l’indemnisation des propriétaires des terrains.
Le taux d’avancement physique de ce programme qui vise l’augmentation de la vitesse des trains de marchandises à 100km/h et ceux des voyageurs à 160 km/h, stagne à 6%. Il a progressé seulement d’un seul point depuis une année (le taux étant de 5 % en février 2021).
Au niveau de Sidi-Aïch, «le projet est ralenti par une contestation des habitants de Maâla. Ces derniers ont observé des fissures sur les murs de leur habitation, avant d’alerter les services de l’APC», a indiqué le directeur du transport, Lounès Mechri, qui nous a reçus dans son bureau.
«La direction des transports et l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif) ont très vite réagi pour suspendre l’opération de creusement au niveau de ce tunnel, avant d’engager une commission et un laboratoire d’expertise pour déterminer si les fissures dont parlent les citoyens ont un rapport avec l’opération de creusement du tunnel», affirme notre interlocuteur.
La même source rassure, qu’«à l’état actuel de l’avancement de l’expertise, rien n’indique que les fissures constatées ont un lien avec l’opération de creusement». En attendant, la fin de cette évaluation, ajoute-t-il, «l’entreprise procède en ce moment à la sécurisation des lieux et la consolidation des parois des 62 mètres déjà creusées de tunnel». Le projet prévoit au total trois tunnels.
En plus de celui de Sidi-Aïch, le tunnel le mieux avancé est celui de Semaoun, à une quarantaine de kilomètres au sud de Béjaïa. Long de 665 mètres, l’entreprise réalisatrice en a creusé 221 m, alors que celui de Seddouk n’est pas encore entamé. Pour rappel, le projet de dédoublement de la voie ferrée a été inscrit au profit de la wilaya de Béjaïa en 2011 dans le cadre du programme complémentaire de soutien à la croissance (PCSC 2005/2009).
Conduit par l’ANESRIF, ce projet a été confié à la réalisation et étude à deux filiales du groupe Cosider ainsi qu’à Infrarail et Estel automation pour un contrat de 106 milliards de dinars. Ce programme, qui devrait être réceptionné en 60 mois à partir de la date de signature de l’ODS, est resté bloqué depuis 11 ans, soit juste après son inscription en 2009, à cause des restrictions budgétaire, puis la pandémie et les oppositions.
Vu la consistance du projet et la persistance des contraintes liée à l’expropriation, il est difficile de parier sur l’achèvement des travaux dans les 60 mois du délai contractuel. Car il est prévu également 13 viaducs totalisant plus de 5 km, 9 ponts ferroviaires (270 mètres linaires), 24 passages supérieurs et 9 autres inférieurs, 3 tunnels totalisant 1848 mètres linaire ainsi que quelques dalots et ouvrages busés.
En plus de 4 haltes projetées à Béjaïa (en face de la gare routière), à Oued Ghir, à Allaghen et à Laazib Ben Cherif, le même plan, prévoit également 10 gares ferroviaires. Certaines d’entre elles vont bénéficier d’opérations de rénovation alors que d’autres, précise le directeur, «seront démolies si nécessaire, à cause de leur vétusté et remplacées par de nouveaux bâtiments».