Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a donné hier carte blanche aux forces de sécurité pour «vaincre» une nouvelle vague de «terreur» en Israël, au lendemain d’une attaque meurtrière perpétrée par un Palestinien à Tel-Aviv.
«Nous donnons une liberté d’action totale à l’armée, au Shin Beth (renseignement intérieur) et à toutes les forces de sécurité afin de vaincre la terreur.
Il n’y a pas, et il n’y aura pas, de limites à cette guerre», a déclaré Naftali Bennett. Deux Israéliens sont morts dans l’attaque de jeudi soir à Tel-Aviv, la quatrième en Israël depuis le 22 mars. Au total 13 personnes ont péri dans ces attentats.
«Israël est le pays le plus puissant de la région. Nos ennemis le savent. Les forces armées et les autres agences de sécurité vont utiliser toutes les capacités défensives et offensives nécessaires afin de juguler cette vague de terrorisme», a renchéri le ministre de la Défense Benny Gantz.
Deux des attaques en Israël ont été menées par des Arabes israéliens liés à l’organisation djihadiste Etat islamique et deux par des Palestiniens originaires de Jénine, ville de Cisjordanie occupée considérée comme un bastion des factions armées palestiniennes.
Les mouvements palestiniens islamistes armés Hamas et Jihad islamique, sur la liste des organisations «terroristes» des Etats-Unis et de l’Europe, ont salué les attaques. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, chef du Fatah laïc rival, les a condamnées.
La dernière en date a eu lieu jeudi. Vers 21h (18h GMT), un homme a ouvert le feu rue Dizengoff, artère du centre de la métropole côtière connue pour ses cafés, bars et restaurants, tuant deux Israéliens âgés de 27 ans, Eytam Magini et Tomer Morad, des amis d’enfance qui vivaient à Kfar Saba (centre), et en blessant une dizaine dont certains grièvement.
«Payer le prix»
«Les gens ont commencé à courir en criant ‘‘il y a un terroriste’’. Nous avons couru à l’intérieur du restaurant. Dans la cohue, les gens tombaient. Le personnel poussait les gens vers la cuisine. Nous étions entassés et paniqués», a raconté à l’AFP Dror Yeheskel, 39 ans, qui buvait un verre avec son frère rue Dizengoff, lorsque les tirs ont commencé. Hier matin, des gens accroupis devant les barrières de sécurité ont déposé des fleurs, des bougies, devant le bar, où s’est concentrée l’attaque.
Les funérailles des deux victimes auront lieu demain. «Après une nuit difficile et de longues heures de recherches par la police, les services de sécurité et l’armée, nous avons réussi matin à resserrer l’étau autour du terroriste qui a été tué dans un échange de tirs» à Jaffa, au sud de Tel-Aviv, à quelques kilomètres du lieu de l’attaque, a dit le commissaire en chef de la police, Yaacov Shabtai.
Selon le Shin Beth, le service de renseignement intérieur, l’assaillant, Raëd Hazem, 28 ans, était un Palestinien «sans affiliation connue» à une faction armée et originaire du secteur de Jénine dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Après l’attaque, Naftali Bennett a averti que «quiconque a aidé (l’assaillant), indirectement ou directement, en paiera le prix» et ordonné la fermeture du point de passage de Jalameh liant la région de Jénine à Israël, afin de réduire la «possibilité de mouvement vers et à partir» de ce secteur.
Alerte à Jérusalem-Est
Car c’est de Jénine qu’était aussi originaire l’auteur palestinien d’une attaque qui a tué le 29 mars cinq personnes à Bnei Brak, ville juive ultra-orthodoxe près de Tel-Aviv. Dans la foulée, l’armée israélienne avait mené des raids à Jénine tuant trois combattants du Djihad islamique, principal mouvement armé palestinien après le Hamas.
Par ailleurs, la police israélienne était en état d’alerte pour la première grande prière du vendredi du mois de Ramadhan sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël. En 2021, des heurts entre Palestiniens et policiers israéliens en marge des rassemblements du Ramadhan à Jérusalem-Est, territoire occupé depuis 1967 par Israël, avaient conduit à une guerre de 11 jours entre le Hamas et l’armée israélienne.
400 ordres de détention administrative sionistes délivrés aux Palestiniens
Au total, 400 Palestiniens dont 190 ex-détenus ont été placés en détention administrative par les forces d’occupation sioniste depuis le début de l’année en cours, a dénoncé le Club du prisonnier palestinien. Dans un communiqué relayé par l’agence palestinienne de presse, Wafa, le Club du prisonnier palestinien a indiqué jeudi qu’une grande partie des détenus administratifs qui devaient être libérés ont été de nouveau soumis à cette politique «abusive». Plusieurs d’entre eux ont reçu des ordres de détention administrative, un jour avant leur libération des geôles de sionistes, selon la même source, notant que récemment, l’occupation ciblait toutes les catégories de la population palestinienne. Le taux de détention administrative rappelle celui du mois de mai 2021, qui avait témoigné d’une escalade de cette politique sioniste qui avaient ciblé toutes les régions de la Palestine, y compris les territoires de 1948. Le dirigeant du Club, Qadoura Fares, a révélé que les forces sionistes recouraient aux harcèlements des Palestiniens, dont des campagnes d’arrestations «illégales» et arbitraires, poussant à des grèves de la faim, et le boycott des tribunaux de l’occupation. Selon Wafa, quelque 500 détenus administratifs poursuivent actuellement leur boycott des tribunaux sionistes lancé depuis près de 100 jours consécutifs en protestation contre cette détention. La détention administrative est l’arrestation et la détention d’une personne, sans inculpation ni jugement, pour une durée indéterminée, renouvelable indéfiniment. (APS)