Le Crédit populaire algérien (CPA) vient d’allonger la très courte liste des grandes entreprises cotées à la Bourse d’Alger. L’introduction hier au marché boursier de la première banque étatique réussira-t-elle à dynamiser ce marché où figurent déjà, sur le marché principal, les quatre entreprises : le groupe Saidal (pharmaceutique), EGH El Aurassi (tourisme), Alliance assurances, Biopharm (pharmaceutique).
Il s’agit là d’un des objectifs majeurs assignés à cette transaction financière, dont le gouvernement en place attend beaucoup aussi bien en termes de transformation au niveau de la gouvernance des banques publiques que de leur modernisation.
En procédant de la sorte, le gouvernement Tebboune va-t-il réussir le pari de réengager le train des réformes économiques qui patinent depuis deux décennies ?
La question est centrale. Il s’agit là en fait de la pierre angulaire des réformes du secteur bancaire et financier, voire des réformes économiques en général, étant donné l’impact que cette introduction ne manquera pas d’avoir sur le processus de transition vers l’économie de marché, tel que les gouvernements successifs l’ont appelé de leur vœux depuis plus de 20 ans.
N’est-ce pas que la première grande tentative de privatisation des banques, en l’occurrence le CPA, remonte au début des années 2000, durant le premier mandat de Bouteflika, avant de l’abandonner, dans des circonstances jamais élucidées, au stade d’une évaluation économique à peine entamée par un cabinet étranger.
Il fut question alors de céder cette banque à un repreneur étranger. Aujourd’hui, le choix porté sur la privatisation via la Bourse du CPA et de la BDL (Banque de développement local) prochainement va-t-il atteindre l’objectif qui lui est assigné, à savoir l’amélioration de son management et le défi de transparence ?
Les observateurs de la scène économique méditent déjà sur le succès de la démarche et espèrent que cette opération pourra avoir un effet d’entraînement sur le reste des réformes.
Il y a lieu d’indiquer, dans cette optique, que le processus des réformes inscrit à l’actif du gouvernement actuel englobe aussi la privatisation des entreprises publiques économiques du secteur industriel. Ce dernier constitue en effet un casse-tête chinois aux dirigeants, qui constatent depuis longtemps son immobilisme, si ce n’est sa décadence.
Nombre d’EPE engloutissent des sommes colossales de l’argent public juste pour maintenir l’activité et donc des emplois. L’Exécutif, bien qu’il tergiverse, considère que céder ces entités au privé reste l’unique solution pour certaines d’entre elles. Mais force est de relever que toutes ces privatisations constituent une entrée d’argent pour le Trésor public.
Le gouvernement peut être intéressé ainsi par renflouer les caisses de l’Etat. Il en est ainsi pour le produit de vente des 30% du capital du CPA. Le Trésor public aura donc engrangé, au terme de cette opération, plus 112 milliards de dinars.
La question est de savoir ce que l’Exécutif compte faire de ces ressources, produit de la privatisation ? Va-t-il réinjecter une partie au sein de ces entreprises à l’effet de les renforcer ou plutôt en disposer pour faire face à ses dettes. Le ministre des Finances, Laaziz Faid, a reconnu en janvier dernier au forum d’El Moudjahid que la dette interne a augmenté.
La dette est de 15 500 milliards de dinars et est constituée, a-t-il indiqué, de presque totalement de la dette interne. «Aujourd’hui, le taux d’endettement du pays est de 47% du PIB», selon lui.
Les disponibilités du Fonds de régulation des recettes (FRR) étaient, selon le rapport de conjoncture de la Banque d’Algérie en février dernier, de 2268,3 milliards de dinars à fin septembre 2023. Elles sont destinées au financement du déficit budgétaire, a rappelé le ministre des Finances en novembre dernier.
La loi de finances pour 2024 prévoit un déficit budgétaire de -6170 milliards de dinars, soit -17,4% du PIB, contre -5526 milliards de dinars (-16,4% du PIB), en prévision de la clôture de l’année 2023.