Les pays anciennement colonisés, directement ou indirectement, en Afrique, en Asie et en Amérique latine, ne veulent plus servir de «chaires à canon» comme ce fut le cas lors des Première et Deuxième guerres mondiales, deux conflits qui concernaient les pays occidentaux entre eux et pour leurs propres intérêts. En somme, des guerres entre «Blancs et chrétiens», qui ont fait périr des millions d’hommes et de femmes de «couleurs» sous domination coloniale.
Même scénario en Ukraine, une guerre entre «Blanc et chrétiens (orthodoxes)» entre les USA et de la Russie par Ukraine interposée et où l’Occident veut impliquer tout le reste du monde sous peine de sanctions diverses qui risquent de plonger certains pays dans la famine, dans le guerre civile, voire dans le chaos !
Il n’y a pas de place pour la neutralité, clame l’Occident en cœur, «vous êtes avec nous ou contre nous, choisissez votre camp». Dans le cas contraire, vous aurez à subir la «question», qui se traduit par des paquets de sanctions qui vous ramèneront à la raison, car il s’agit pour l’Occident de défendre ses valeurs et ses principes puisés dans sa «civilisation». Quid de nos valeurs et de nos civilisations ?
Y a-t-il une civilisation supérieure et des autres inférieures, qui en fixe les critères et les instruments de mesure ? D’autant que le principe de «deux poids deux mesures» est de rigueur selon que l’on traite du dossier palestinien, de celui de la Syrie, de la Libye ou de tout autre dossier qui gangrènent les relations internationales depuis des années sans solutions durables ! Sortir des institutions de Bretton Woods (FMI, BIRD, GATT), de la dollarisation de l’économie mondiale et des alliances militaires (Otan) pour construire d’autres institutions (BRICS, non-alignement, Banque du Sud, une autre monnaie de paiement et de réserve…), pour mieux défendre les intérêts de nos peuples, est-il hérétique et contraire à la civilisation dominante ?
C’est dans ce contexte que le conflit ukrainien a révélé les véritables enjeux planétaires, masqués jusqu’à présent et qui se résument par l’hégémonisme unilatéral imposé par les USA, depuis les accords de Yalta puis de Malta et le multilatéralisme exigé par une très large partie du monde, depuis Bandung et la conférence des pays du tiers-monde initiée par feu H. Boumediène, en 1973.
Entre-temps, le monde a changé mais les pratiques de prédation sont restées intactes et creusent le gap de développement des pays «riches» et ceux «pauvres». La montée en puissance des pays émergents (Chine, Brésil, Afrique du Sud, Russie, pays du Golfe…) nécessite une révision structurelle des relations internationales, un rééquilibrage et un partage équitable des richesses planétaires, par la voie de la négociation et non de la confrontation, au risque de détruire le «vivre»-ensemble mondial.
Face aux grands bouleversements climatiques, qui interpellent en premier lieu les pays les plus pollueurs (la couche d’ozone, les incendies et intempéries…), le problème commun de l’eau et de la sécheresse, celui de la nutrition dans le monde, le multilatéralisme est, sans conteste, le chemin le plus vertueux à mettre en œuvre pour surmonter ensemble ces défis.
Toutes les autres démarches unilatérales n’auront pour conséquences que de radicaliser les conflits et accentuer les disparités régionales.