Deux importants procès sont inscrits au rôle du tribunal criminel de Dar El Beïda, à Alger. Prévu pour le 22 mai, le premier concerne Amari Saifi, surnommé Abderrazak El Para, un ancien parachutiste qui a rejoint les rangs des terroristes du GIA, puis ceux du Groupe salafiste pour la prédilection et le combat (GSPC), avec lequel il s’est illustré lors de l’enlèvement en 2003 des 32 touristes autrichiens et allemands, dans le sud du pays.
Le procès de l'attaque de Tiguentourine et celui de Abderrazak El Para, deux importantes affaires en attente depuis plus de dix ans pour la première et de 20 ans pour la seconde, sont enfin inscrits au rôle du tribunal criminel de Dar El Beïda, à Alger, respectivement les 22 et 27 mai.
La première affaire concerne Amari Saïfi, connu sous le nom de Abderrazak El Para, extradé de la Libye en octobre 2004, après avoir été livré par les rebelles tchadiens qui l’avaient arrêté avec plusieurs de ses compagnons d’armes sur leur territoire.
Auteur de nombreux actes terroristes commis au début des années 1990 sous l’égide du GIA, puis sous la coupe du dissident GSPC (alors dirigé par Hassan Hattab), El Para, ancien parachutiste qui a déserté les rangs de l’armée, s’est illustré au début des années 2000 par des opérations sanglantes, notamment à Batna, sa région natale où sévissait sa phalange sur un territoire qui s’étendait jusqu’à la frontière avec la Tunisie, où il a inauguré les enlèvements pour obtenir des rançons, avec le kidnapping, en 2001, de l’ancien sénateur Mohamed Bediar, dont la libération a été chèrement payée.
En janvier, il a mené le kidnapping de 32 touristes allemands, suisses et autrichiens, qui étaient en bivouac dans de nombreuses régions du Sud. Les unités de l’armée ont pu libérer un groupe de 17 touristes à Tamanrasset, alors que 14 autres, détenus ailleurs par un groupe, ont pu traverser la frontière, sous la pression de leurs pays respectifs, exercée sur les autorités algériennes, de peur qu’ils soient exécutés.
Ils ont été libérés après de longues négociations qui ont abouti au versement par le gouvernement allemand (qui n’a jamais confirmé officiellement) d’une somme de 5 millions d’euros (selon des témoignages de nombreux terroristes arrêtés ou repentis), dépensés dans l’acquisition d’importantes cargaisons d’armes de guerre.
Moins d’une année après, il s’est déplacé au Tchad où il s’est accroché avec les rebelles du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), qui l’ont désarmé et arrêté avec plus d’une dizaine de ses acolytes. L’Algérie a refusé de négocier avec le mouvement rebelle son extradition et ce sont les gouvernements libyen et allemand qui se sont disputés sa remise. Au bout de quatre mois, le MJDT a décidé de le livrer aux Libyens, lesquels l’ont extradé le 27 octobre 2004. Depuis, il est maintenu en détention.
Officines
Le 22 mai, il comparaîtra avec 26 autres accusés, dont trois en détention, un en liberté et 22 autres en fuite, dont Mokhtar Belmokhtar, pour plusieurs chefs d’accusation : «atteinte au pouvoir dans le but de le faire tomber, ou le changer», «incitation des citoyens à prendre les armes contre l’autorité de l'Etat ou les uns contre les autres», «atteinte à l’unité nationale», «organisation et commandement d’une bande armée pour porter atteinte à la sécurité de l’Etat dans le but de voler et se partager les biens publics, d’attaquer et de s’opposer aux forces publiques», «création et commandement d’une organisation terroriste armée pour semer la terreur au milieu de la population», «création d’un climat d’insécurité», «agression physique et morale contre les personnes», «détention, commerce, importation et exportation d’armes à feu et de munitions», «homicides volontaires avec préméditation dans le cadre d’une organisation criminelle transnationale».
Cela suppose qu’il ne s’agit qu’une des affaires pour lesquelles il sera poursuivi, étant donné que les accusations d’enlèvement n’ont pas été portées.
Parmi ses coaccusés, Kamel Djermane, qui avait été extradé avec lui, a été jugé à plusieurs reprises pour des affaires de terrorisme, y compris celle de l’enlèvement des touristes allemands. Il a été longtemps inscrit par l’Onu sur la liste des terroristes d’Al Qaïda pour avoir été, pendant des années, membre de la phalange Tarek Ibn Ziad, créée en 2002 par Al Para, et qui s’est alliée à l’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) par la suite. Il a été livré à l’Algérie, par la Libye, en juillet 2004.
Depuis, il a eu plusieurs procès à l’issue desquels il a été condamné à plusieurs peines de condamnation à mort, à perpétuité et à 18 ans de réclusion, alors que d’autres affaires sont toujours pendantes.
Les autres accusés sont Abdelmalek Meslem, Abdennour Ghrika, en détention, et Abdelhamid Fares, en liberté. Le second important procès est celui des auteurs de l’attaque menée le 13 janvier 2013 contre le complexe gazier de Tiguentourine, à In Amenas, en prenant en otage plus de 800 travailleurs, principalement des étrangers, dont la libération s’est soldée par la mort de 37 d’entre eux et 29 membres du commando de différentes nationalités.
En tout, ils étaient une trentaine de terroristes bien armés à avoir participé à cette opération organisée et préparée dans le nord du Mali et en Libye avec des moyens colossaux et l’aide de certaines officines appartenant à des Etats. Dans ce procès, quatre personnes seulement sont sur la liste des accusés appelés à comparaître pour plusieurs accusations liées aux actes terroristes.